Chapitre 8

458 41 1
                                    

🎧

- Pourquoi es-tu retournée là-bas ? m'agressa Rachel.

A présent dans la voiture, Rob nous ramenait chez nous. Assise devant, mon amie était tournée vers moi, et me sermonnait depuis notre départ.

- Parce que Steve n'allait pas bien ! m'énervai-je.

- Tu n'avais pas à intervenir, tu aurais pu te blesser ! Ce sont des garçons, c'est normal qu'ils se battent !

- J'aurais pu me blesser ? Tu ne crois pas que tu dramatises un peu trop la situation ? m'esclaffai-je.

Les yeux exorbités, elle continuait à me dévisager.

Gênée, je préférai me pencher vers la vitre pour regarder les maisons défiler au rythme de notre avancée.

Le reste du trajet se fit dans le calme. Rachel ne m'adressait plus la parole, et Rob ne préféra pas combler ce silence. Je fus soulagée lorsqu'il me déposa, quelques minutes plus tard devant chez moi. Une superbe maison victorienne à trois étages (bien que le dernier ne comprenait que le grenier). Des poutres blanches, en bois de séquoia, recouvraient la majeure partie de la façade. La toiture noire, ainsi que la petite tour octogonale qui y était érigée, donnaient un aspect gothique à l'ensemble.

Avant de descendre du véhicule, Rob me fit la bise, tandis que Rachel se contenta d'un bref signe de la main. En ouvrant la grille de l'entrée, je me retournai une dernière fois pour lui sourire, mais la voiture était déjà partie. Tant pis, ça attendra lundi.

Je franchis la clôture, puis montai les trois marches du perron. Par la vitre, je remarquai que le salon était éclairé. Tante Katelyn devait m'attendre.

Pourtant, lorsque j'ouvris la porte, je la découvris assoupie sur le canapé. La bouche ouverte, elle respirait doucement. Je souris. Elle ressemblait à un bébé. J'attrapai un plaid sur le fauteuil, puis le déposa affectueusement sur elle pour qu'elle n'attrape pas froid. Je lui baisai le front, avant de monter les escaliers à pas feutrés.

Avant de retrouver mon lit, je passai devant la chambre de Lya. Je posai la main sur la poignée de la porte, avant de me raviser. J'avais oublié qu'elle passait la nuit chez Tatoo. Depuis toutes petites, nous allions dans le lit l'une de l'autre pour discuter, avant que l'une s'endorme et que l'autre finisse par rejoindre sa chambre. C'était étrange de réaliser que pour la première fois, cela ne se produirait pas ainsi. Je soupirai, puis me dirigeai vers ma chambre.

Le vent levé faisait voltiger les feuilles se décrochant des arbres. Emportant dans son élan tout ce qu'il croisait sur sa route. Des sacs en plastiques, des feuilles de papier, des canettes de soda... Pour une nuit de la saison estivale, le vent soufflait avec une intensité remarquable.

Étrange.

Ce phénomène n'était pas naturel.

Sur mes gardes, je m'approchai de la fenêtre pour contempler le spectacle. Une tornade noire s'abattait, et détruisait tout ce qu'il se trouvait en travers de son chemin. Les arbres se déracinaient pour tomber sur le sol avec fracas. Les lampadaires se décrochaient et tournoyaient dans les airs, s'entrechoquant dans un bruit assourdissant. Les maisons alentours, restaient quant à elles intactes. Le voisinage ne l'entendait pas.

Moi seule pouvais la voir.

La tornade m'était adressée.

Ce tourbillon noir, ce furieux orage, ce vent retentissant, ces éclairs qui crépitaient contre le bitume... c'était lui.

Éléments : Les Porteuses (Bientôt en corrections)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant