Chapitre 21

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-       Lya ! Lya ! appelai-je en me faufilant dans la foule.

De nombreux passants me dévisagèrent, choqués par mon allure : boitillante, mon jean troué dévoilait un genou ensanglanté et de la boue était collée dans mes cheveux.

Je continuais de cavaler en regardant de tous les côtés, à la recherche du manteau rouge de ma sœur. En l'appelant sans relâche. J'entendis enfin :

-       Keira ?  Ca ne va pas bien de crier ainsi ?

Installée sur un banc avec Gabriel et un autre couple de lycéens que je connaissais seulement de vue, elle me regardait avec sévérité. Je lui faisais honte. Et ils me dévisageaient tous, médusés. Si négligée et si étrange, je n'avais rien à voir avec la très sophistiquée Lya Raven.

Je les saluai brièvement puis tirai violemment ma sœur par le bras pour l'emmener dans un coin, à l'abri des oreilles indiscrètes.

-       Qu'est-ce que c'est que cet accoutrement ? Tu es en sang ! s'inquiéta-t-elle en m'indiquant du doigt mes vêtements sales et dépareillés.

-       Lya, il faut qu'on parte, articulai-je en tentant de reprendre mon souffle.

-       On doit rejoindre un ami de Gab avant mais ensuite, on y va, si tu veux.

-       Non, il faut qu'on s'en aille tout de suite, insistai-je.

-       Ca suffit, Keira ! Pourquoi es-tu si pressée ?

-       Je n'ai pas le temps de te raconter tout ça maintenant. Il faut que tu aies confiance en moi, s'il te plaît. Jumelles à vie ?

Je n'utilisais cette expression qu'en cas d'extrême urgence. Elle le savait. Elle me détailla avec inquiétude, réalisant enfin que mon allure négligée n'était pas volontaire.

Sa bouche trembla.

-       Mon Dieu, Keira, murmura-t-elle. Je... je vais dire au revoir et j'arrive.

Elle salua ses amis d'un geste de la main et je l'entrainai aussitôt par le bras au pas de course.

-       Comment comptes-tu rentrer à présent ? demanda ma sœur, légèrement moqueuse, lorsque nous atteignîmes la sortie du parc. Je suis venue avec Gabriel et toi, avec Ryan. Nous n'avons donc pas de voiture.

Mes idées se mélangeaient pour former un tourbillon. Il n'y avait pas de taxi aux alentours et le trajet à pieds était trop long. Je galopai entre les voitures stationnées sur le bas-côté.

-       Qu'est-ce que tu cherches ? interrogea Lya.

Je m'approchai des vélos qui étaient retenus à des socles métalliques puis tirai énergiquement sur chaque guidon. Les roues étaient malheureusement toutes retenues par des cadenas. Je soupirai.

-       T'es tombée sur la tête ? On ne va certainement pas voler des vélos ! Pourquoi ne pas demander à tante Katelyn de venir nous chercher ?

Keira Raven. La voix du détraqué me trottait dans la tête.

-       C'est trop dangereux pour elle aussi, m'impatientai-je. Tant pis, nous allons courir en direction de la maison, il y aura bien un taxi sur notre passage.

Sans broncher, elle me suivit. Au moment où nous allions traverser, une voiture s'arrêta à quelques centimètres de nous.

Je sursautai.

Le détraqué avait-il échappé à la police ? Etait-il à notre poursuite ?

-       C'est la voiture de tante Katelyn ! s'alarma Lya. Comment a-t-elle su que...

Éléments : Les Porteuses (Bientôt en corrections)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant