1|Nouveau départ

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Et puis il y a ce côté administratif que je déteste. Pourquoi ne comprennent-ils pas lorsque je leur dis que je n'ai pas envie de prendre de rendez-vous avec les assurances pour m'occuper de toute cette merde. Ma tante, avec qui je n'ai jamais eu aucun lien, s'est donc occupée de tout cela à ma place. Je pensais lui être reconnaissante jusqu'à ce que j'apprenne qu'elle en a profité pour bénéficier de la moitié de l'argent de mes parents mais aussi pour vendre la maison dans laquelle je vis. Elle a réussi à persuader les assurances et les autres gens qui s'occupent du dossier de notre famille que je suis trop jeune pour être propriétaire de tout cet argent. Son avarice me donne envie de vomir, comme si son travail d'avocate ne lui suffisait pas.

J'ai 17 ans. Et apparemment, je ne suis pas assez mature pour vivre seule dans un appartement. Donc je suis placée dans une famille d'accueil, le temps que je dépasse l'adolescence. Une décision complètement inutile qui a été jugée utile pour mon soi disant « bien être ». Je l'avoue, je suis incapable de m'en sortir seule en ce moment même. Mais je préfère largement me débrouiller avec mes propres moyens que de demander l'aide à des acteurs qui joueront le rôle de mes parents. Pourtant, mon avis n'a pas été sollicité et j'ai, malheureusement, été obligée de me rendre à l'adresse qui va devenir ma maison pour une longue année. Je dois tenir jusqu'au mois d'août. Après, je partirai à tout jamais de ce pays. Chacun de mes pas sur le goudron de cette ville où j'ai passé toute mon enfance me rappelle le fait que c'est de ma faute si aujourd'hui je suis perdue, seule et abandonnée.

On m'a donné un mois pour quitter la maison. J'ai réussi à les persuader de me donner un mois en plus. Non pas parce que je veux rester dans la maison, au contraire, des cauchemars me torturent chaque nuit lorsque je dors dans ma chambre, parce que je refuse de vendre la maison à des acheteurs qui ne sauront jamais pourquoi les propriétaires se débarrasse de leur demeure. Cette propriété abrite tous mes souvenirs d'enfants et tout ce qu'était ma famille. La quitter, c'est quitter ce qu'il me reste d'eux.

On arrive à la fin du deuxième mois qu'ils m'ont accordé et les coups de fils et les emails me demandant de quitter cette maison sont devenus quotidien. Mes deux valises, qui renferment toute ma vie, sont fermées et m'attendent à l'extérieur. Je sors une bonne fois pour toute de cette maison, ferme à clef et la laisse sous le paillasson. J'ai mis au courant la femme de l'agence immobilière de cette cachette, je n'ai aucune envie d'aller la retrouver pour lui donner la seule chose qui me reste de ma famille avec un faux sourire plaqué sur mon visage. Jouer la comédie ne m'a jamais plu. J'entre avec mes valises dans le taxi que j'ai appelé une heure plus tôt. Il démarre après que je lui ai donné l'adresse de la rue de ma famille d'accueil et je ne prend pas la peine de me retourner pour faire des adieux à mon ancien chez moi. A quoi bon ? Tout cela est terminé, le passé reste enfermé dans cette maison. Cela fait trois semaines que je me prépare mentalement à ce nouveau départ. Le passé ne doit pas m'empêcher à avancer. Je sais que je me mens à moi-même, mais j'ai besoin de réconfort. Je cherche en vain les paroles qu'il m'aurait dites pour me redonner le sourire et j'imagine ses bras autour de moi qui m'enlacent et qui me font me sentir en sécurité.

Worn heart ♡Où les histoires vivent. Découvrez maintenant