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08 avril

"Tu vas venir me voir tous les vendredis, c'est ça ?"

J'ai souri à Diane. Elle était si belle, même lorsqu'elle portait le t-shirt horrible du magasin de jouets.

En effet, cela faisait trois vendredis d'affilée que j'allais rendre visite à Diane. Et pour cause : le premier vendredi, Sara m'avait fait une scène parce que j'étais rentré tard, car le premier vendredi, j'étais resté manger du risotto avec les colocataires de Diane, puis elle et moi avions improvisé ce qu'elle aimait appelé "le dessert". En rentrant, j'avais retrouvé Sara en panique, alors j'avais sorti l'excuse du siècle : j'étais parti voir mon père. Et Sara était tellement heureuse pour moi qu'elle m'avait encouragé à y aller le vendredi suivant, puis celui-ci, et tous ceux qui suivraient.

J'avais donc le mensonge parfait pour voir Diane, et à chaque fois que je la voyais, j'étais de plus en plus subjugué par sa beauté, par sa manière de parler, par ses gestes, par sa voix. Ses yeux bleus et ses cheveux blonds. Elle aurait pu être banale, mais elle était Diane. Je ne trouvais plus les mots pour la décrire.

"Ça pose problème ?" lui ai-je demandé.

"Pas le moins du monde" m'a-t-elle répondu en souriant. "Mais je travaille, alors ne reste pas dans mes pattes parce que je vais me faire gronder par mon manager."

J'ai hoché la tête et entrepris d'errer dans le magasin, non loin de Diane pour autant. Lorsqu'elle m'apercevait, elle me souriait et faisait signe de m'en aller en agitant la main. Moi je riais, la perspective d'une séance de cache-cache improvisé dans un magasin de jouets se réalisant enfin.

Puis on a appelé Diane aux caisses, et j'ai atterri dans le rayon des super-héros. J'ai souri et ai sorti mon téléphone. Tant que j'étais là, autant prendre un petit truc pour Gabriel, le fils de mon frère.

"Oui ?" a fait la voix de mon frère.

"Salut Bastien, c'est Côme."

"Frérot, on en a déjà parlé : ton nom s'affiche sur mon écran, pas la peine de me le rappeler le peu de fois où tu m'appelles."

J'ai levé les yeux au ciel, puis me suis approché d'une figurine.

"Pourquoi tu m'appelles d'ailleurs ? J'espère que c'est urgent, parce que je travaille, moi."

"C'est bon, je te l'ai déjà dit que je cherchais un job, pas le peine de me faire la morale."

"Je ne te fais pas la morale."

"Pas encore."

Il a ri, puis m'a demandé à nouveau pourquoi je l'appelais.

"Je suis au magasin de jouets, et j'ai pensé que je pourrais faire un petit cadeau pour mon neveu préféré. Y a pas quelque chose qui lui ferait plaisir ?"

"Tu es au magasin..."

Il n'a pas fini sa phrase, a soupiré et m'a demandé :

"Qu'est-ce que tu fous au magasin de jouets ?"

Je suis une fille qui n'est pas Sara mais qui me fait tourner la tête, pourquoi cette question ?

Je détestais mentir à mon frère, mais je ne me voyais pas confier à plus de gens que je trompais Sara. Thomas et Alice étaient déjà au courant et c'était déjà risqué.

"Oh, rien. Je trainais dans le centre commercial et je suis entré."

"Toujours la tête ailleurs, toi..."

J'ai esquissé un sourire. S'en est suivi un long silence, et d'abord je pensais qu'il cherchait une idée de cadeau pour Gabriel, mais c'était trop long pour une simple recherche.

"Bastien, ça va ?"

"Ouais, excuse-moi" a-t-il dit et j'ai su qu'il sortait de ses pensées. "Écoute, mon patron arrive, je vais devoir raccrocher. Je t'envoie par message une idée pour Gabi, à plus frangin."

"À plus..."

Il a raccroché avant même que je ne lui demande si je pouvais passer chez lui.

DianeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant