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9 juin

J'ai difficilement ouvert les yeux, secs et brûlants. Quelques secondes se sont passées, et j'ai compris pourquoi : Papa était mort.

J'ai pressé mes mains sur mon visage. Bon sang, à peine réveillé et je pleurais déjà.

- Ça va ?

J'ai sursauté et ai dévisagé Diane. Elle a grimacé, a soufflé un « désolée » et m'a tendu une tasse, qu'elle tenait jusque là fermement entre ses mains.

- C'est du chocolat chaud. J'ai pensé que ça pouvait te remonter le moral.

J'ai regardé la tasse, sceptique. Mais pourquoi j'étais chez Diane, au juste ?

- Je sais que ce n'est pas vraiment ce dont tu as besoin, a marmonné Diane. Mais ça partait d'une bonne intention.

J'ai froncé les sourcils et suis revenu au visage de Diane. Elle a ramené la tasse vers elle et s'est apprêtée à sortir de la chambre.

- Non, Diane, attends !

Elle s'est arrêtée dans son élan et a refermé la porte, qu'elle avait eu le temps d'ouvrir. Je lui ai souri, du moins j'ai fait ce que j'ai pu, et me suis mieux installé sur le lit, assis en tailleur.

- Je... j'en veux bien, s'il te plait. J'étais juste en train de me demander ce que je faisais ici.

- Tu as un trou noir ? m'a-t-elle demandée en me donnant la tasse et en s'asseyant, ce qui démontrait une fois de plus son admirable souplesse.

- Ça me revient.

Et ça me revenait. Lorsque je me suis arrêté au beau milieu de l'éloge de mon père, parce que ma mère me hurlait d'arrêter, et qu'une force sortie de nul part m'a poussé à lancer ma main sur son visage. Les gens des pompes funèbres qui m'ont forcé à sortir de la salle alors que tout devenait flou, et mon oncle médecin qui m'a donné des cachets censés me calmer mais qui m'ont fait encore plus planer.

- Je... Je ne me souviens pas de ce que j'ai fait après être arrivé chez toi.

Elle a esquissé un sourire et a ramené ses jambes contre son buste, de manière à poser sa tête sur ses genoux.

- Tu étais effondré. Tu es allé dans la chambre et tu n'as rien voulu manger. On t'a gardé une assiette de pâtes, mais je pense que Paula l'a prise... Elle t'en veut un peu.

- Je comprends.

- Si tu veux, je peux t'en refaire, ça va vite à cuire et...

- Non merci Diane, je n'ai pas faim.

Elle a soupiré et s'est mordue les lèvres, un air inquiet sur le visage.

- Côme, il faut que tu manges. Ça te fera du bien, je t'assure.

J'ai secoué la tête.

- Comme tu veux, a-t-elle soufflé et elle a commencé à se relever.

- Attends, j'ai une question à te poser.

Elle a plongé ses deux océans dans mes yeux et j'ai presque dégluti. Mais je me suis ressaisi et ai posé ma question, qui tournait en boucle depuis que je savais ne plus me souvenir de rien :

- Je t'ai dit quelque chose, hier soir ?

- Quelque chose, c'est-à-dire ?

- J'en sais rien... Un truc important.

Elle a réfléchi quelques secondes, et a esquissé un sourire.

- En fait, tu n'as rien dit du tout. Tu es simplement resté là, et tu pleurais, et ne voulais pas que je parte.

DianeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant