20 avril
Ma tête tournait et j'avais extrêmement faim. Sara était allongée à côté de moi dans le lit, la tête posée sur l'épaule d'Alice. Je les ai regardées en fronçant les sourcils. Mais que foutait Alice dans notre lit ?
Et instantanément je me suis rappelé ma fête surprise d'anniversaire, et j'ai souri. Ça avait été une bonne soirée. Très alcoolisée pour ma part, mais une bonne soirée.
Je me suis rendu dans la cuisine en passant devant le salon, où j'entendais quelques ronflements. Des amis étaient dans la cuisine en train de discuter et de boire du café. Ils m'ont salué en souriant.
"Eh, c'était une super soirée" m'a lancé Emile.
"Tu en as bien profité, ça fait plaisir" a renchéri Julie.
Les deux étaient des amis de la fac, avec qui j'étais allé au Electro Fest en mars. Ils n'avaient beau être en couple que depuis cette soirée, ils étaient incollables, je me souvenais encore de ma surprise le lendemain en apprenant qu'ils étaient ensemble. Je n'avais pas eu le plaisir de les voir se bécoter pendant la dite soirée, j'avais été trop occupée par ma recherche d'Alice et par Diane, par conséquent.
Diane.
"Les gars, il est quelle heure ?" ai-je demandé de but en blanc.
Emilie a sorti son téléphone de la poche de son pantalon.
"Midi et demi, en même temps, on s'est couché vers cinq heures, six heures du mat'..."
Mon cœur s'est mis à battre à tout rompre. Diane. Le musée.
Je me suis précipité dans le couloir, ai enfilé une paire de baskets et suis sorti de l'appartement en claquant la porte. J'ai descendu la rue à toute vitesse, me suis engouffré dans la première rame de métro quitte à rester coincé entre les deux portes, et ai attendu le plus patiemment que je pouvais durant les sept stations qui séparait celle de la rue de mon immeuble à celui du musée.
Jamais le trajet ne m'avait paru aussi long.
En arrivant, je suis sorti en courant du métro, ai monté les marches quatre à quatre pour sortir de sous-terre et ai piqué un sprint vers le musée. Il faisait bon et beau, ça aurait pu être une journée agréable, mais force de croire que la seule raison qui me poussait à courir était l'adrénaline, que je n'avais pas encore tout a fait débourré, que je manquais cruellement de sommeil, que je portais les mêmes vêtements que la veille et qu'il émanait de moi un mélange d'odeur de bière, de transpiration et de tabac, je n'étais pas sûr de pouvoir faire face à Diane. Surtout que je n'avais même pas pensé à prendre mon téléphone, donc je n'avais aucun moyen de la retrouver, si ce n'était la chance de tomber sur elle par hasard.
Je me suis assis sur les marches du musée, et ai essayé de calmer mon pouls et ma tête qui n'avait pas cessé de tourner. Les gens devaient me prendre pour un sans-abris, quasiment allongé comme ça par terre.
Je suis longtemps resté assis là. Je ne m'attendais même plus à voir Diane, j'essayais juste de retrouver mon état normal. Mais sans ma tasse de café quotidienne, j'étais impuissant. Le soleil tapait sur mon crâne et me procurait un mal de tête horrible - ou alors c'était la gueule de bois. Je ravalais presque mes envies de vomir et j'étais incapable de me lever pour pouvoir rentrer chez moi.
Quelqu'un s'est assis à côté de moi. Je ne tournais même pas la tête pour savoir qui c'était ; au fond de moi je le savais très bien.
Nous sommes restés ainsi, en silence, pendant un temps indéfinissable et interminable. Tous mes repères avaient disparu, et la seule chose qui me paraissait familière était son parfum, une douce odeur de vanille et de cannelle, qui parvenait jusqu'à mes narines au-delà de mon odeur quasiment pestilentielle.
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Diane
RomanceDès que Côme, un jeune homme fraichement entré dans la vie adulte, a croisé le regard de Diane, il en est tombé sous le charme. Et pour cause : Diane est une personne tout particulièrement extraordinaire et incroyablement exceptionnelle, autant sur...