Insomnie

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     Un rayon lunaire. C'était de ces manifestations naturelles qui séduisaient les plus rêveurs — c'était de ces choses que l'on ratait en dormant.

     Cette nuit, pourtant, j'observais sur ma main froide les reflets nocturnes. Indiscrets, les rayons se faufilaient par la fenêtre, venaient caresser ma peau, venaient chatouiller mes yeux. Ils s'amusaient des contrastes d'ombre et de lumière. Ils se lovaient entre mes doigts, semblaient s'y cacher, éteignant jalousement leur lueur le temps d'un repos.

     Leur sommeil m'échappait, tout comme leur éclat que mon étreinte humaine ne pouvait saisir.

     Les rayons lunaires. Oui, c'était de ces choses harmonieuses de la vie — mais quelle place pouvait avoir la poésie face à la fatigue ? La Lune est belle ; et sa beauté est laide dans le cœur d'un fatigué qui la perçoit.

     Je ne voulais pas de la tendre clarté lunaire. Je voulais l'obscurité du sommeil, les couleurs du rêve, le calme de la nuit. L'insomnie ravivait les braises que la journée soufflait. J'étais seul, face à un moi-même plus ardent, implacable, qui ne se souciait de ma quiétude, qui m'exposait un regard sévère, omnipotent, intangible. Si, dans ce combat contre moi-même, j'étais bourreau, ma victoire n'existait que par ma défaite : la condamnation représentait l'issue inévitable du duel. Il n'existait de pire accusateur que ce « moi » nocturne, connaissant travers et sentence, n'hésitant nullement face à la pourriture qu'il était.

     La Lune brille, le Tribunal tient séance.

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