Chapitre 17 : You can't fix this...

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Liam, by @Grey

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Liam, by @Grey

Je sens la pièce se charger d'une tension que j'ai rarement ressentie. Chacun d'entre nous se regarde, et pendant que certains arrivent à rester calmes, d'autres s'agitent. Dans un premier temps, je pense que seuls Liam, Luna et moi avons réellement compris de quoi il s'agit. Mais plus les minutes défilent, et plus les autres Natblidas font aussi le rapprochement. Je me plante face à cette porte, dont j'attends avec impatience le moindre mouvement. Droite, et inspirant à fond, je peux sentir l'air circuler à travers mon corps, emplir mes poumons alors que mes côtes se soulèvent, et ensuite descendre jusque dans mon sacrum. Je suis calme, les mains jointes, posées sur mon ceinturon, que j'ai à peine eu le temps de mettre avant de quitter ma chambre. Machinalement, je fais glisser mes doigts autour de ma taille pour y trouver le poignard de mon père que je ne quitte jamais. Mais il n'y est pas. A cette pensée, ma concentration et mon calme intérieur en sont bouleversés. Sans lui, il me manque quelque chose, et pourtant, je sais pertinemment que si le Conclave doit commencer, il ne me sera d'aucune utilité.

Nous ne savons pas le déroulement exact du Conclave, mais uniquement que seul l'un de nous en ressortira vivant. Et celui qui sera choisi aura la lourde responsabilité de protéger tout l'héritage d'Heda. Chaque personne dans cette pièce est digne de l'être, et nous avons tous reçu le même enseignement. Je jette un regard à Liam, qui a à présent lâché sa sœur. Il est concentré, mais pensif. Je peux voir cette ardeur que je leur connais si bien, mais derrière elle, subsiste une pointe de tristesse. Je ne suis pourtant pas capable de comprendre à quoi il pense, mais il y a une dualité en lui, perceptible comme jamais à cet instant précis. C'est dans un hochement de tête qu'il arrive à m'adresser un léger sourire. Costia... Cette façon de sourire me ramène à elle, et je ne peux m'empêcher d'avoir la gorge qui se serre, alors que je déglutis difficilement. Je sens soudain la douceur d'une main frôler mon bras, et j'aurai tout donné pour l'apercevoir elle, en détournant la tête. Mais au lieu de cela, je trouve Luna, qui me murmure dans le coin de l'oreille « Elle est là. ». Je lui souris, et reprends quasiment instantanément contenance. Nous sommes là, où nous devons être. Et nous sommes ce que nous sommes.

D'un coup, les portes s'ouvrent. D'un seul et même mouvement, nous redressons tous la tête pour voir apparaître Titus, le visage fermé et triste, les mains liées devant son abdomen. Sur son front est dessinée une trace de doigts, partant de son nez jusque sur son crâne, déjà orné de ses différents tatouages. Il inspire profondément, et nous scrute du regard, un à un. Il s'arrête sur moi, et nous confirme d'une voix forte et franche, ce que quelque part nous redoutions tous.

- « Heda est tombée cette nuit, lâchement assassinée. Demain à l'aube commencera le Conclave, après le rituel de purification. Natblidas, à présent l'héritage de Heda est entre vos mains. Soyez en digne ! » dit-il avant de marquer une courte pause, témoignant de son appréhension. « Venez ! »

Les gardes créent alors un passage, dans lequel nous nous engouffrons à la suite de notre mentor. Ensemble, nous nous rendons dans la salle du Trône, en empruntant tous les couloirs qui sont à présent, et exceptionnellement, éclairés de torches rouges. Le rouge est la couleur du sang, celle qui symbolise dans notre culture la chute d'un règne et l'avènement d'un nouveau. Titus a donc fait allumer d'une couleur rouge les feux qui relient les différents territoires entre eux, pour diffuser le message : la mort de Heda est ainsi annoncée à tous les clans. Ils auront à partir d'aujourd'hui trois jours pour se rendre à Polis, avant la cérémonie au cours de laquelle leur sera présenté leur nouveau Heda. Voilà l'une des utilisations de ces buchers que l'on embrase qu'en cas de force majeure, ce qui nous permet de gagner beaucoup de temps en communication, et je réalise que ce son de cor que je ne connaissais pas cette nuit, était donc le fameux signal annonçant le début de la transmission de la nouvelle à travers toutes nos terres. Les gardes ouvrent les portes de la salle, et Titus nous invite à marquer un court arrêt avant d'y pénétrer. En silence, il s'approche d'un corps drapé d'un tissu rouge, et présenté sur une table juste devant le Trône de PramHeda. Respectueusement, il incline la tête, et et murmure des paroles que je ne comprends pas à cause de la distance. La pièce est plongée dans la pénombre, seules quelques torches l'éclairent, ainsi que quelques bougies aux quatre coins de la table sur laquelle est déposé le corps de Sannah. J'accorde un rapide regard à Luna, qui serre les lèvres, et retient une larme. Son regard brille, et ce qu'elle est en train de voir ne la laisse pas indifférente. D'un signe de tête, Titus nous fait à présent signe de nous approcher. Nous savons comment honorer Heda, et nous avons jusqu'à la tombée de la nuit pour nous recueillir et entrer en communion une dernière fois avec son esprit, avant le choix décisif et les épreuves auxquelles nous serons soumis le lendemain. Durant cette journée, personne ne doit nous déranger, et nous mangerons à la tombée de la nuit, pas avant. Nous purifions nos esprits et nos corps, c'est la tradition. Nous considérons que nos esprits doivent être vides pour être plus clairvoyants. Titus passe cette journée avec nous, et c'est sous bonne garde que les portes se referment, à présent closes jusqu'à la tombée de la nuit prochaine.

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