- Dans les Saufs-Conduits ? s'émerveilla la fillette en écarquillant les yeux de surprise. Génial !
- Alors allons-y ! fit Lucia avec un sourire satisfait. Tu sais assez bien te défendre pour qu'on puisse se le permettre, mais au cas où : garde le poignard de ce matin sur toi. Et ne le lâche pas ! Reste avec moi et ne t'éloigne pas, d'accord ? Ce n'est pas parce qu'on va y aller ensemble que ce sera moins dangereux. »
Célia la regarda avec suspicion.
« Tu n'es pas trop fatiguée pour ça ? »
Lucia passa une main sur son ventre avec tendresse.
« Non, cela ira... Allons-y. »
La petite fille ne pouvait pas savoir que sa mère voulait sortir en partie parce qu'elle avait peur pour Matthew, et qu'en étant dans les Saufs-Conduits, elle pensait pouvoir intervenir si quelque chose arrivait.
Elle lui ordonna de revêtir une cape et la petite fille l'enfila. Elle était très grande, elle devrait faire attention de ne pas s'emmêler les pieds dedans. Elle glissa le poignard à sa ceinture et rabattit le capuchon de la cape sur sa tête.
Une fois prêtes, les deux filles sortirent de la maison, la fermèrent à clé et s'enfoncèrent dans les galeries du Vilan.
« Où se trouve la sortie ? chuchota Célia.
- Par là. Suis-moi et ne fait plus de bruit, d'accord ? repondit Lucia. »
Célia hocha la tête, ne percutant pas que sa mère ne pouvait la voir dans l'obscurité des galeries, et lui emboîta le pas. Elle enregistrait le trajet avec une grande précision, se repérant avec la carte qu'elle avait apprise par cœur, et elle n'eut aucun mal à cela. Où allait-elle ? Dans une grotte ? Elle hésita à poser la question, mais s'abstint quand sa mère l'attrapa par le bras pour lui ordonner de s'arrêter. Elle la guida lentement dans le noir au travers une faille rocheuse. Lorsqu'elle en ressorti pour déboucher dans un autre tunnel, Célia comprit l'évidence même : elles venaient d'entrer dans les Saufs-Conduits, les véritables.
Elle ouvrit de grands yeux, tentant d'apercevoir le décor, sans pouvoir observer grand-chose car les ténèbres étaient quasi-impénétrables, à peines éclairées par une torche accrochée au mur dans une galerie lointaine, très certainement.
Tout en marchant, elle laissa courir sa main sur la paroi de pierre froide. Les galeries n'étaient guères différentes de celle du Vilan. Elle marcha par mégarde dans une flaque et un « plouf » sonore retentit dans l'air. Célia faillit chuchoter un « Désolée ! » à l'attention du vide et secoua sa botte trempée.
Elle releva la tête d'un geste vif en apercevant une lueur émanant du bout de la galerie. Elle pressa le pas, curieuse, mais sa mère à côté d'elle lui intima de rester calme.
« Il y a quand même quelques torches pour éclairer les Saufs-Conduits. Prends garde à ce que ton capuchon ne retombe pas ! souffla-t-elle. »
Quelques mètres plus tard, elles passèrent sous le feu de la torche et Célia resserra sa cape autour d'elle. Qui sait qui pouvait les observer depuis les tréfonds des ténèbres ? Elle profita de la lumière pour observer la galerie avec rigueur, et en tira la conclusion suivante : les galeries du Vilan étaient exactement pareilles que celles des Saufs-Conduits.
Après plusieurs minutes de marche supplémentaire, Lucia l'entraîna dans un tunnel étroit. Au loin, un grondement se faisait entendre. Plus elles s'approchaient, et plus il s'amplifiait. A présent, il était si fort que Célia le sentait vibrer dans l'air.
« Ouch ! »
Elle venait trébucher sur sa mère qui s'était arrêtée brusquement.
« Nous sommes arrivée ! dit-elle par-dessus le bruit. Fait bien attention en me suivant, nous allons longer le vide ! »
Célia sentit un frisson d'adrénaline lui remonter la colonne vertébrale, et elle attrapa la main de sa mère. Elles sortirent du tunnel et prirent un sentier étroit.
Au-dessus d'elles, l'obscurité.
A côté d'elles, l'obscurité.
Sous elles, l'obscurité.
Célia ne voyait rien, elle sentait juste sa main gauche contre la paroi et sa main droite au creux de la main de sa mère. Lucia et elles progressèrent lentement, la piste était étroite et fine. Plusieurs fois, Célia trébucha et elle entendit des gravillons basculer dans le vide.
Elles arrivèrent alors sur un promontoire rocheux, enfin, Célia le déduisit. Autour d'elles, le grondement était assourdissant. Soudain, une petite lueur brilla dans le noir : une bougie.
« Regarde ! s'exclama Lucia. »
Et Célia se figea de surprise devant le spectacle qui s'offrait à elle.
Magnifique.
Epoustouflant.
Majestueux.
Imposant.
∞
Célia se tenait effectivement sur un promontoire rocheux, dépassant de la falaise qui se trouvait derrière elle.
A ceci près qu'elle était au milieu d'une cascade.
Elle sourit, un air béat sur le visage.
De part et d'autre du promontoire rocheux, chutait une eau vive et claire, provenant du sommet de la falaise qui s'enfonçait dans l'ombre. Elle se pencha au-dessus du promontoire et regarda longuement l'eau grondante plonger dans les ténèbres. Célia voyait des volutes de brume argentée flotter dans l'air et scintiller sous l'éclat de la bougie. Elle s'enroulait autour des roches en un doux nuage accueillant et majestueux.
L'eau tourbillonnait tout autour d'elle, projetant des gouttelettes d'eau sur ses joues et ses mains. Le sol, sous ses bottes était moite, humide et glissant. Les trombes d'eau qui se déversaient dans le vide avec un grondement assourdissant paraissait s'enflammer sous l'éclat de la bougie, chaque parcelle d'eau s'illuminant d'une lumière vive.
L'endroit était pour ainsi dire, gigantesque, et Célia se sentait minuscule. Debout sur un petit promontoire, entourée par une cascade qui chutait depuis une bonne cinquantaine de mètres de part et d'autre de la saillie rocheuse, le vide s'ouvrant devant elle, avec des volutes de brumes qui remontaient des ténèbres infinies. Et devant elle, le néant.
Cette « grotte » souterraine était splendide à l'extrême, un véritable petit coin de paradis, bien protégé au cœur des ombres.
Célia éclata d'un rire pur, cristallin, libre. Elle ouvrit les bras en grand et inspira l'air des profondeurs en fermant les yeux. Elle était chez elle. Au royaume des ombres.
∞
Et ce fut ce moment propice que le tueur choisit pour presser la détente.
La cible s'effondra.
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Bonjour tout le monde !^^
Je m'excuse de publier ce chapitre en deux parties, mais je me suis aperçue hier soir qu'il ne tenait pas entièrement dans une... J'ai donc dû reporter la publication au lendemain, désolé.^^
Peut-être que certains chapitres seront aussi en deux parties...
Je voulais aussi vous remercier pour toutes ces vues - plus de 100 en à peine une semaine !! - , ces votes mais aussi le classement ! 74ème sur les 1000 potentielles histoires classées dans la catégorie science-fiction ! C'est... Wouaw !!
Merci !! :)

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Hawk
Ciencia FicciónNous sommes en 2052. Le monde est ravagé par une maladie mortelle, qui transforme les personnes touchées en "zombies" : les Infectés. Toute le pays est ravagé. L'ordre militaire règne, et seules les villes les plus importantes de la patrie sont prés...