Hawk

Chapter 7

Son cœur martelait sa poitrine.

Célia avançait entre les ombres en une marche silencieuse, esquivant les flaques d'eau qui gisaient sur le sol. Le silence était total, si on exceptait le son de l'eau suintant le long des parois, et le bruit infime de son souffle.

Finalement sa mère avait cédé. Elle l'avait autorisée à passer dans les Saufs-Conduits.

Célia se retint de rire en se rappelant le regard anxieux de Lucia, qui lui avait formellement interdit de s'approcher de quelque humain que ce soit. Cependant, son interdiction n'avait même pas tenu une semaine. Il fallait dire que le ventre de Lucia s'était drôlement arrondi, et que rester debout la fatiguait.

Hors de question pour elle, donc, d'aller vendre ses poisons.

C'était là que Célia s'était mise à entrer furtivement dans certaines petites boutiques sombres et crasseuses pour y dérober une maigre pitance. Sa mère l'avait grondée la première fois, mais la fillette lui avait vertement répliqué que c'était le seul moyen qu'elles avaient de ne pas mourir de faim.

Entendre la vérité de la bouche de sa fille avait calmé Lucia sur-le-champ.

Du haut de ses 5 ans et 2 mois très précisément, Célia aurait aimé dire qu'elle n'avait plus peur. Or, c'était absolument faux.

A chaque pas, elle sentait que ses jambes tremblaient, et elle sursautait au moindre bruit. Elle risquait sa vie.

Elle progressait dans un silence le plus complet possible, plaquée contre la roche. Cela devait être par là. Sa main palpa la pierre, et finit par trouver un creux, après quelques secondes d'hésitations.

D'un mouvement furtif, Célia se glissa dans la discrète faille de la galerie. Si elle se fiait à ses précédentes expéditions, ici devait se trouver un magasin de céréales.

Bah, quand on vous disait qu'on pouvait trouver de tout dans les Saufs-Conduits...

La fillette longea le mur quelques instants et se figea. L'obscurité était totale, mais il n'y avait jamais de lumière, ou presque, dans ces souterrains.

Un sifflement ténu lui parvint du fond de la pièce.

Vieux. Une soixantaine d'année. Rongé par une probable maladie. Le dos courbé.

C'était impressionnant tout ce qu'on pouvait tirer comme information à partir d'un unique souffle. Célia s'avança de quelques pas au centre de la pièce, pivota à droite, effectua deux grandes enjambées et s'arrêta à nouveau. Elle recula d'un pas et tendis la main.

Celle-ci ne rencontra que le vide.

La petite fille pesta intérieurement et l'agita de droite à gauche. Les sacs étaient censés se trouver là... Soudain, sa main frôla un sachet de tissu et Célia se crispa telle une statue.

Elle avait fait du bruit, beaucoup trop de bruit. Même... Si c'était un simple frottement.

Des bruits de pas résonnèrent derrière elle.

Oh non...

Et pour ne rien arranger, ces pas se rapprochaient... Cela ne s'annonçait pas bien, pas bien du tout !

L'adrénaline se mit à couler à flots dans les veines de Célia : elle n'avait plus le temps, et devait agir immédiatement. D'un geste vif elle attrapa le paquet de tissu et bondis vers la sortie, abandonnant toute discrétion.

« Bordel !! hurla une voix grasse. »

Célia courut vers la sortie et bouscula le vieil homme dans sa précipitation.