Chapitre 17

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« Maman... Maman... Non... »

Des ruisseaux de larmes coulaient sur les joues de Célia, ruisseaux et sanglots qu'elle n'avait pas le pouvoir refouler.

Elle le sentait, le sol, se fendiller, se fissurer, et brusquement, se dérober sous elle. Puis elle tombait, elle tombait. Célia était seule, seule, terriblement seule. Abandonnée.

Les flots de larmes cristallines coulaient le long de ses joues, se déversaient sur la peau de son cou et venaient imbiber le haut de son tee-shirt. Dans sa main, elle tenait toujours celle de Lucia, dont la chaleur s'évanouissait peu à peu.

« Non... Non... »

Ce n'était pas possible. Ce n'était qu'un affreux cauchemar qui allait prendre fin. Voilà ; c'était tout. Rien de plus. Elle allait se réveiller comme tous les matins, et lorsqu'elle entrerait dans le salon, elle se verrait accueillie par les bras chauds et doux de sa mère qui lui dirait bonjour.

Elle regarda le corps effondré de Lucia, et la réalité s'imposa de nouveau à elle.

« Maman... »

Un violent sanglot la secoua et elle se prit la tête entre les mains, n'arrivant pas à chasser sa peine ni sa douleur.

Il y avait tellement de choses qu'elle aurait voulu éclaircir, de questions qu'elle aurait voulu poser, d'occasions ratées où elle aurait voulu lui dire « je t'aime »...

Le visage baigné de larmes, elle releva les yeux et se redressa en tremblant. Sa main frémissante se tendit vers le visage de sa mère. Ses petits doigts vifs rencontrèrent les paupières déjà tièdes voire froides de Lucia. Avec un geste tremblant mais néanmoins rempli de douceur, Célia ferma les paupières de sa mère sur ses yeux regardant la Mort.

Les muscles de la fillette se relâchèrent d'un coup, sans que les larmes ne cessent de rouler sur ses joues. C'était réellement fini. Elle ne pouvait plus nier la réalité.

Soudain, un bras se glissa autour de ses épaules et la jeune fille éplorée sursauta.

Liam. Elle avait totalement oublié sa présence, pour s'enfermer dans une bulle où ne s'était trouvé plus qu'elle. Et le corps inerte de sa mère.

« Arrête de pleurer... Je n'aime pas te voir comme ça, murmura-t-il d'une voix tremblante. »

Mais à ses yeux larmoyants, Célia vit bien qu'il essayait de se retenir et elle attira un peu plus son frère contre elle.

« Viens-là, souffla-t-elle. »

Elle passa une main dans les cheveux de son frère, et de l'autre, essuya ses propres larmes.

« Ça va aller, dit-elle, autant pour convaincre Liam qu'elle-même. »

Célia l'entendit renifler d'une manière qui se voulait discrète, et elle l'étreignit un peu plus. Au fond, elle n'était pas sûre de savoir qui avait le plus besoin de cette étreinte.

Après quelques longues minutes de câlins et de larmes silencieuses, Célia se décolla, le cœur ravagé.

« Je... Je vais chercher le linceul. »

Elle se leva en vacillant, sécha une énième fois ses larmes, prit sa cape et disparut dans les galeries ténébreuses du Vilan. Alors que l'obscurité lui avait toujours parue comme une amie, douce et silencieuse, elle lui paraissait aujourd'hui comme lourde, grouillante, et maléfique.

C'était comme si le destin l'épiait dans l'ombre en ricanant, se demandant quel serait le prochain mauvais tour qu'il lui ferait subir.

La fillette frissonna et accéléra le pas.

HawkOù les histoires vivent. Découvrez maintenant