Là où tout a commencé (Lola)

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État de New York, Manhattan, 18h45 :

- Comment ça tu les as perdu ? Cent vingt-quatre échantillons de tissu en coton bio de cent vingt-quatre couleurs différentes ça ne se perd pas comme ça Steven ! Tu sais quoi ? Ce n'est même pas mon problème. Tu me retrouves ces maudits échantillons ou je risque de perdre mon sang-froid et crois moi tu ne veux pas qu'une telle chose arrive.

Je ne lui laisse pas le temps de répliquer et passe directement à l'appel suivant, je m'enfonce un peu plus dans ma baignoire dans une tentative ridicule de me relaxer. Je prends un instant pour admirer la magnifique vue que m'offre cette baie vitrée. Je crois que c'est seulement pour cette vue que j'ai acheté cet appartement, j'adore observer Manhattan.

- Oui ? 

- J'aimais bien quand on était toutes les trois...

Je me redresse d'un coup oubliant cette chose futile qu'est la relaxation. 

- Alison ? 

- Je ne sais pas trop... je dirais plus que je suis... un vieux bout de tissu. Une de tes créations que tu aurais rangé dans un coin et abandonné. 

Elle se met à pleurer bruyamment et ne s'arrête que pour renifler de façon très peu délicate. 

- Alison, tu vas te calmer et m'expliquer la situation. 

J'entends une bouteille s'ouvrir et quelques bruits de frottement m'indiquant qu'elle se déplace.

- Tu n'ouvres jamais un magazine Lola ? Je suis la risée des médias ! Cet... espèce de... enculé ! Et l'autre... salope. Voilà c'est ça. C'est une salope. Une salope à la pomme. 

Elle éclate de rire et mon froncement de sourcil s'accentue. Je décide de la mettre en haut parleur et d'effectuer une recherche Google sur son ex pendant qu'elle parle. 

- Il m'a trompé avec... l'autre salope à la pomme. Je sais qu'il m'a trompé sinon il ne se marierait pas déjà ! Ça fait seulement trois jours... et ça faisait quatre ans... merde on ne balaie pas quatre ans de relation en trois jours ! 

Je reste estomaquée devant les gros titres la concernant et la cruauté dont font preuve les médias. 

- Toute façon... je vais me suicider. Rien à foutre. Et il devra porter ma mort sur sa conscience. 

Je ne prends pas ses propos à la lettre étant donné qu'Alison a toujours été dans l'excès et complètement émotive. De plus son taux d'alcoolémie doit frôler les deux grammes. 

- Écoute Alison je vais devoir raccrocher. Essaie de te reposer en m'attendant, je prends le premier avion disponible. 

Je viens de promettre à une fille que je n'ai pas vu depuis au moins dix ans de prendre le premier avion pour venir la voir alors que je suis littéralement ensevelie sous le travail. 

Tout va bien. 

J'ignore l'aspect absurde de la situation, mets fin à notre appel sans attendre sa réponse et compose le numéro de ma potentielle alliée sur cette affaire. Celle-ci décroche à la première sonnerie :

- Quoi encore ? 

Je souris jusqu'aux oreilles, sa voix et son éternelle amabilité m'avaient énormément manqué.

- Et bien ! Quel accueil ! C'est comme ça que tu salues une vieille amie ?  




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