XIII

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               J'arrive devant la maison du portugais chez lequel Junior va passer la nuit.

Junior : Tu es sûr que tu veux venir ? Je veux dire...

Moi : Oui, Junior. Ca va aller.

               Je descends de voiture et accompagnes Junior. Quand il toque, c'est Pepe qui vient ouvrir. On échange un regard avant de se serrer la main. Ce n'est pas le moment de laisser la rancoeur prendre le dessus. Déjà, parce que Junior est là, et, en plus, parce qu'on a tous les deux perdus beaucoup quand Cris est mort.

Pepe : Tu veux entrer une minute ?

Moi : Non, je... Ca va aller.

Pepe : Tu sais que tu peux compter sur ceux du Real, pas vrai ?

Moi : Ouais. Raphaël et Lucas en ont parlé et Messi en a entendu parlé. Je l'ai croisé aujourd'hui.

Pepe : Je ne savais pas qu'il venait toujours.

Moi : La preuve que si.

Pepe : Ca veut dire que tu y es allé.

               Je hoche la tête.

Pepe : Ca n'a pas été trop dur ?

Moi : Un peu mais ça va.

Pepe : N'hésite pas à venir. Quand tu veux.

Moi : Pareil pour toi. Je sais que c'était ton meilleur ami alors...

               Il hoche la tête. Je remonte en voiture mais je n'ai pas envie de rentrer chez Cris. Je prends alors une autre route.

                J'arrive chez Fernando. Je souris, descendant de la voiture. J'ai toujours adoré ce type. C'est un bon gars. Je vais jusqu'à la porte et toque. C'est lui qui m'ouvre. Il me checke et me laisse entrer, m'entraînant vers le salon où il installe une partie de console.

Fernando : Je ne savais pas que tu étais rentré !

Moi : Si, je suis rentré ce matin. J'en avais besoin.

Fernando : Tu es sûr que tout va bien ? T'as pas l'air dans ton assiette ! Ca allait mieux, pourtant, à une époque.

Moi : J'y suis allé.

               Il comprend et me tend une manette que j'attrape.

Fernando : C'est normal que ça soit difficile, tu sais ? En plus, il laisse un fils derrière lui. Un fils qui s'est attaché à toi et qui t'adore. Tu sais... c'est normal que ça te fasse mal d'y aller mais tu verras, avec le temps, ça te fera de moins en moins mla. D'ailleurs, Diego dit que tu peux revenir t'entraîner. Pas aussi intensément qu'au début mais tu peux revenir. Petit à petit, ton niveau reviendra.

Moi : Sérieusement ? Je peux reprendre quand ?

Fernando : Au plus vite, de préférence. Tu es sûr que tu m'as tout dit ?

Moi : Junior ne va pas aussi bien que je le pensais.

Fernando : C'est à dire ?

Moi : Il cache ses sentiments. Au cimetière, il a parlé à la tombe, sans pleurer. Mais quand on est rentré, il est monté faire un sac pour dormir chez Pepe. Je le trouvais long alors je suis monté.

Fernando : Et alors ?

Moi : Il parlait à une photo de son père et je te jure, ce qu'il a dit m'a détruit. Je ne sais pas comment il fait, mais il arrive à savoir comment je me sens.

Fernando : Il doit le sentir, tout simplement.

Moi : Ouais. Probablement.

Fernando : Je croyais que tu ne rentrais que la semaine prochaine ?

               Il sait que ce sujet est encore sensible alors il en change. Ce mec est vraiment génial. Ses enfants arrivent et me saluent. Ils sont vraiment géniaux aussi. Pas autant que Junior mais je ne pense pas pouvoir être objectif sur ce sujet là. La partie commence et je m'acharne sur la manette, battant Fernando 6-1. Je souris alors qu'il fait celui qui boude. Je lui pousse l'épaule et il remet une partie.

               Jene sais pas combien de parties on a fait, mais ça m'a fait du bien d'en faire autant. Franchement, ça m'a détendu et je me sens mieux. Les seules fois où j'étais aussi détendu, c'est quand je passais la soirée en famille avec Cristiano. Son souvenir me replonge dans ma motonomie.

My heart will go on (Antoine Griezmann) [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant