Depuis que je faisais ces rêves étranges qui contenaient des bribes de souvenirs de mon passé, j'avais pris l'habitude de noter tout ce dont ce je me souvenais. Cela avait pris une étrange routine chaque matin, ouvrir les rideaux, commencez à écrire puis se résoudre à avaler un peu de nourriture. Tout en espérant que là où elle était, Arma allait bien. Que sa dépendance partait peu à peu en fumée au fur et à mesure des jours.
Même après son départ, je continuai à mettre en pratique ses précieux conseils. Chaque jour, découvrir, recommencer à vivre. Essayer d'oublier que j'étais seule au monde, sans elle. Apprendre, recommencer, sans s'arrêter.
Sans regarder en arrière.
Pourtant je la voyais chaque jour. Devant ma fenêtre, en train de contempler la vue. Dans son fauteuil préféré, relisant une enième fois son recueil de Victor Hugo. Dans la salle de traitement, sa prise de sang dans la main. Sa présence autrefois rassurante quand elle était mon amie la plus chère m'effrayait à présent.
Quand je devais quitter ma chambre, je le faisais avec empressement, sans attendre. Alexander lui-même ne quittait plus la bibliothèque. La raison était simple. Il y a quelques mois, avant son départ, il avait eu l'autorisation d'y exposer ses croquis les plus aboutis. Parmi eux, un croquis plus que réussi de celle qui considérait comme sa sœur.
Arma.
Il restait seul en compagnie de ses chers fantômes. De son sombre passé ou du présent. Comme vous pouvez vous en rendre compte, nous étions tomber bien bas. Nous qui, autrefois, gambadions dans la cour pavée de l'hôpital, nous étions à présents des loques. Noyant sa peur et son chagrin sous la drogue, l'Art et le passé. J'avais bien honte de moi.
Intermède
J'étais plongée dans mes bien sombres pensées quand la porte s'ouvrit doucement. Je ne leva même pas les yeux, certaine de la présence d'un docteur ou d'une infirmière. Pourtant, je me sentais bien mieux qu'auparavant. Nous étions en hiver, pourtant je sentis une vague de chaleur m'effleurer avec la douceur d'une rose. Celle-ci s'approcha.
"- Tu as bien changé, ma petite rose."
Un homme. Un homme venait de pénétrer dans ma chambre. Cet homme tendit la main et me saisit le menton. Je plongea mon regard dans le sien.
Un puits de ténèbres métallique. Envoûtant. De longs cils couleur charbon de bois. Quel étrange effet me faisait ses yeux. Je détourna le regard mais il resserra sa prise.
" - Bien loin le temps où tu gambadais dans les prés d'Olympia avec suffisamment d'éclat pour éclipser nos Soleils."
Je pâlis brusquement. Qui était-il donc pour connaître ces détails de mon passé ? Comment pouvait-il savoir ? En voyant un air de détresse fuser dans me yeux, il me relâcha.
" - Dylaa disait donc vrai... ils ont donc réussi à te l'enlever... tu ne te souviens de rien, n'est-ce pas ?"
Je le fixai, d'un air inquiet, et il recula brusquement.
"- Tu ne sais pas qui je suis..."
Un air de douleur pure si profonde, si présente, s'installa dans ses prunelles si attirantes, qu'elle me brisa le cœur. Je tendis la main vers lui, ce si beau jeune homme. Alors que je pensais pouvoir le toucher, il recula dans l'embrasure.
"- Ne pars pas !
- ...
- Dis moi ton nom ! je criai à présent. Je sentais qu'il était important, la réponse à mes interrogations.
Il secoua tristement la tête.
- D'où viens-tu et qui es-tu ?
- De ton passé, murmura-t-il avant de disparaître dans l'ombre, me laissant plus désemparée que jamais face au vide que constituait ma mémoire.
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Le silence dans mon coeur [En Cours]
ParanormalElle était la plus ancienne de toutes. Plongée dans ce coma profond, elle attendait. Comme les autres. La poussière s'accumulait sur les objets du laboratoire. Pourtant elle brillait toujours autant que le premier jour. Comme les autres. Les paupièr...