Vaincre

13 3 0
                                    

La voir ainsi, dans cet état, me briser littéralement le cœur. Elle qui auparavant était ma joie de vivre, mon joyau, ma source de lumière, brillait à présent autant que les sacs poubelles dans lesquels elle dissimulait les cendres. J'avais de plus en plus envie de révéler aux infirmières son précieux secret, dans l'espoir qu'elle recommence à vivre. Mais mon amour pour elle, qui m'avait fait remonter le pente, m'empêchait de prononcer ces quelques mots qui scellerait son destin. Les infirmières la mettrait en désintoxication, dans un centre pas loin d'ici, et elle serait forcée de se souvenir. 

Avec cette putain d'addiction, les souvenirs qui lui revenaient en masse refluaient dans les méandres de son cerveau embrumé. Moi j'aurai bien voulu qu'elle me les confie, pour comprendre et l'aider. La coupure de journal n'était qu'une piste, j'en voulait plus. Alexander se contentait de dire qu'elle me dirait tout lors ce qu'elle serait prête, mais j'avais peur que ce moment n'arrive jamais.

Au fil des jours, des semaines et des mois, je la voyais sombrer. En plus des cigarettes, elle fumait de plus en plus fort, sans doute car ses cigarettes ne suffisait plus à la faire oublier.

Un matin, alors qu'elle n'était pas venue au petit déjeuner commun, je partis à sa recherche. Elle n'était pas dans la cave de l'hôpital, ni dans ma chambre, comme je l'avais espéré.

Cachée au fond de la chambre froide, elle fouillait parmi les poches de sang, une aiguille grosse comme mon doigt plantée dans ses veines. Pâle comme un linge, le visage suant, elle retira l'aiguille dans son poignet et la tendit à une silhouette dans l'ombre. Celui ci s'avança. C'était un grand gaillard aux cheveux noirs et aux yeux envoûtants. Comparé à Arma, il n'avait pas l'air dépendant.

" - 75cl comme promis, Darkel. Ma dose de méthoxétamine maintenant.

- Toujours aussi pressée, Arma. Serais-tu en manque ? A quand remonte ta dernière prise ?

- Deux jours, gronda ma douce amie, que je voyais à présent comme une droguée. Tu sais très bien que j'en ai besoin.

- Tu es bien plus dépendante que ta propre sœur à présent. Elle n'en prenait que toutes les semaines. Et elle était bien plus raisonnable que toi."

Arma grogna et arracha la poche en plastique remplie de poudre blanche et en sniffa le quart sur le champ.

"- Vas-t-en maintenant Darkel, tu as mon sang et j'ai ma dose. Que veux-tu de plus ?

- Tu en prends beaucoup trop Arma. Fais attention, tu vas finir par faire une overdose."

Le dénommé Darkel avait sincèrement l'air inquiet. Il la regardait et je savais qu'en lui se démêlait deux sentiments. Le dégoût devant cette droguée totale et l'exaltement devant le poche de sang rouge de mon amie.

Un vrai vampire, soupirai-je dans ma tête. Quelle horreur... je recula dans l'ombre et partit en courant en retenant mes larmes. Derrière moi, Darkel venait de me voir partir, et Arma sniffait sans interruption.


Je me rappellerai toujours de ce mot : "overdose". Il hantait mes pensées. J'avais fait quelques recherches et j'avais compris que mon ex amie était à deux doigts d'en faire une. Qui sait si elle n'en avait pas déjà eu ? Je me mentais à moi même en disant que je ne m'en souciais plus. J'étais si inquiète, mais je ne savais pas qu'elle n'était plus au bord du gouffre mais bien au fond et ne cessait de descendre dans des profondeurs que je pensais inaccessibles.

 Ah si j'avais su à quel point il avait raison... je n'aurai jamais laissé les choses dégénérés à ce point....

Le silence dans mon coeur [En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant