Chapitre 32

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Le soleil du printemps était vivifiant, Emma rejeta sa tête en arrière en apprécia chaque rayon qui pénétrait sur sa peau. Elle coupa les dernières roses et sortit des buissons pour les parcourir d'un pas lent. Voilà la seule sortie qu'elle s'autorisait depuis la surveillance accrue de sa grossesse. Qui aurait cru qu'un jour, elle serait dans un parc magnifique et verdoyant, enceinte, marchant vers sa nouvelle demeure, attendant le retour de son mari. Un retour qui tous les jours était tonitruant. Azzario Dantes était si inquiet qu'il ne cherchait même plus à le cacher. Quand il s'absentait, il revenait furibond pour l'assaillir de question sur sa santé, sur le nombre de coups de pied qu'il avait raté en son absence. Emma avait même envisagé de lui faire un carnet de santé de façon à ce qu'il puisse le lire chaque jour. Cette pensée la fit de nouveau de sourire. Elle rejoignit l'escalier qui menait au Palazzo une main sur le ventre.

Sa joie était si difficile à dissimuler qu'elle sourit encore et encore en revenant dans la demeure puis sursauta.

— Azzario ! Tu m'as fait peur !

Il était assis non loin de l'entrée sur une chaise au beau milieu du hall. Son regard était fermé et empli d'une étrange tristesse.

— Tu es rentrée tôt ? Je n'ai pas attendu la voiture.

Comme il ne répondit pas, Emma se rapprocha lentement. L'expression froide sur son visage la fit s'arrêter dans sa lancée.

— Tu comptais partir en douce ? Me le laisser rentrer et découvrir ton départ ?

Éberluée, incrédule, elle cligna des yeux.

— Qu'est-ce que tu dis ?

Il se leva furibond et traversa le dernier espace qui les séparé.

— Ne joue pas à ça avec moi ! Réponds s'il te plaît, quand avais-tu l'intention de partir ?

Sa voix parut faiblement se maîtriser, dans ses yeux recelait une colère sur le point d'éclater.

Perdue, dans l'incompréhension la plus totale, Emma explosa à son tour.

— Mais de quoi est-ce que tu parles ! Je ne vais pas partir ! Qu'est-ce qui te prend ! S'écria-t-elle en serrant son bouquet. Ai-je l'air d'une femme qui va partir ?

— Alors explique-moi ce que ta valise fait dans l'entrée.

La sècheresse dans sa voix, lui fit tourner la tête vers cette dernière au loin, posée près de l'escalier.

A ce moment-là Emma sentit une vague de colère monter en elle. Elle vrilla son regard dans le sien pour le foudroyer du regard. Après tous ses mois passés ensemble, il doutait encore de sa sincérité. Le cœur lourd, Emma décida de l'affronter, en ravalant ses larmes.

— As-tu au moins songé à l'ouvrir ? Demanda-t-elle sèchement.

— Ne me fais pas jouer aux devinettes Emme et réponds-moi ! Gronda-t-il en se rapprochant pour la dominer de toute sa hauteur.

Elle serra son poing le long de sa hanche et se recula pour pivoter les talons vers la valise, son sang bouillonnait de colère, de honte, et de désillusion. Elle la souleva sans effort, l'ouvrit et la jeta à ses pieds. Au lieu d'y jeter un œil, il continua de la regarder, sévèrement.

— Après de long mois d'hésitation, j'ai fini par la défaire entièrement ce matin, Commença-t-elle en affrontant ses yeux perçant. J'avais peur de la défaire entièrement, parce que je croyais que je n'avais pas ma place ici, mais ce matin j'ai décidé de mettre toutes mes affaires dans le dressing.

Elle déglutit, alors qu'une expression incrédule se peignit sur le visage de l'Italie.

— J'ai remarqué que quelques vêtements étaient tachés de lait pour le visage, mon flacon s'est renversé au fond, alors j'ai descendu la valise pour qu'Anita m'aide à la nettoyer, mais comme elle n'était pas encore de retour des course, je l'ai laissé dans le hall.

Les traits sévères de ce dernier disparurent, il baissa les yeux sur sa valise ouverte, à ses pieds puis releva le regard en déglutissant. Il tenta d'avancer mais Emma le stoppa d'une main ferme et jeta son bouquet de roses d'un mouvement rageur et monta les marches le plus doucement possible.

— Emma...

— Je pensais que tu avais confiance en moi, mais apparemment, je me suis lourdement trompée, laisse-moi tranquille maintenant ! Parvint-elle à dire fermement sans se retourner.

Azzario ne bougea pas, terriblement honteux d'avoir cru qu'elle allait partir. Il la regarda disparaître à travers les étages, un sentiment de culpabilité l'étreignit. Son passé venait de l'induire en erreur, conscient de le laisser jouer avec ses nerfs. Il se passa une main dans ses cheveux et se mit à se maudire tout en s'asseyant sur la chaise, les mains sur la tête. Une colère meurtrière avait pris possession de son corps dès l'instant où il avait aperçu la valise. Azzario décida de rester quelque temps assis au milieu du hall jusqu'à trouver le bon moment pour se faire pardonner, en espérant qu'il n'ait pas tout gâché.

Les mains moites, Emma toucha ses yeux brûlants à cause de ses larmes. Elle s'était endormie avec l'horrible image d'Azzario en train de l'accuser, en train de la comparer avec les fantômes de son passé. Elle inspira, et se redressa sur le lit, et elle n'avait pas eu le cœur à sursauter quand elle le vit assis au pied du lit, l'observant avec des remplis de remords.

— Je suis désolé Emma, je ne sais pas ce qu'il m'a pris, je regrette.

Le timbre de sa voix possédait du regret.

— Je croyais que nos vœux étaient pourtant clairs ? Je pensais que tu me faisais confiance, en réalité, tu es toujours dans le passé et tu te méfies de moi.

— Je suis tombé fou quand j'ai vu la valise, j'avais l'impression que quelque chose était en train de m'échapper, en l'occurrence toi.

Son cœur aurait pu palpiter de bonheur, si Emma n'était pas terrifiée à l'idée qu'elle ne puisse jamais réussir à lui faire dire " Je t'aime ".

— Tu m'as énormément blessée.

Il se leva pour faire le tour du lit et vain se placer à côté d'elle. Un vertige la saisit quand sa main prit la sienne. Son visage était si triste qu'elle haïssait plus que tous, les femmes de son passé qui lui avait laissé un homme soupçonneux et méfiant. Même envers elle.

— Je te prie de m'excuser cara, plus jamais je t'accuserai de la sorte, j'ai eu tort, j'aurai dû réfléchir, et ne pas laisser mon passé me guider dans la mauvaise direction.

L'un de ses bébés avait choisi ce moment pour frapper fort. Etait-ce un signe ? Emma releva enfin les yeux pour le regarder et guida sa main sur son ventre.

— Je ne pourrais pas t'aider si tu continues comme ça Azzario, Déclara-t-elle fermement. Les sourcils crispés, empli d'une grande tristesse, l'homme fier et connu pour être impitoyable était affaibli par ses démons intérieurs. Il se pencha pour lui offrir un baiser d'excuse, il ne chercha pas à l'approfondir trop coupable pour l'instant.

Emma posa sa main sur la sienne, et se rallongea pour qu'il puisse ressentir tous les coups de pied qu'elle recevait de part et d'autre dans son ventre.


L'Héritier secret D'azzario Dantes Tome 1 ( Saga des frères Dantes )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant