Dragonflies

Partie II: Chapitre 6

Camila Cabello n'était pas une personne que l'on pouvait qualifier de sportive, les efforts physiques au point de se vider de toute énergie dans un but de plaisir n'était pas son truc. Elle, n'y voyait qu'une corvée, elle n'avait jamais éprouvé de plaisir dans n'importe quel sport.

Pourtant elle n'avait jamais couru aussi vite. Ça faisait des années qu'elle n'avait pas couru pourtant c'était comme si elle l'avait toujours fait.

En cette fin d'après-midi, le soleil tapait gentiment sur sa peau bronzée qui commençait à être recouverte d'une fine couche de sueur. Techniquement elle ne savait pas trop où elle allait, elle ne faisait que suivre les indications qu'Allyson lui avait donné au moment où elle avait compris le regard paniqué de la jeune cubaine.

Elle avait atterri dans une forêt, rien n'était rassurant là-dedans or cette pensée ne lui avait jamais traversé l'esprit, c'était à peine si elle réalisait qu'elle était au milieu d'arbres. Elle n'avait fait que courir droit devant elle et une fois arrivée à destination, à la fin de ce bois, la réalisation l'avait frappé. Elle reconnaissait cet endroit et ça l'avait fait subitement s'arrêter dans sa course. En partant de la pension elle avait ce sentiment d'oppression qui l'a menacé au-dessus de sa tête et maintenant le mécanisme de ce sentiment s'était activé. Sa respiration s'était coupé comme si elle venait de recevoir un coup dans la poitrine.

Elle était sur ce même pont où Lauren avait eu son accident.

Si elle elle se sentait aussi mal, elle n'osait pas imaginer ce que Lauren devait ressentir.

Camila se rappelait maintenant la première fois qu'elle avait vu ce pont ; c'était sur une photographie de Lauren et elle s'était demandé pourquoi une partie de ce pont semblait neuf alors que le pont en lui-même était vieux et usé.

Il avait été rénové. Comme si rien de tout cela n'avait eu lieu et que cette rénovation pouvait effacer cet accident, mais il restait tout de même sa marque. Elle-même avait remarqué qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas à cet endroit.

Elle voyait la scène sous ses yeux, la voiture couchée et une petite fille aux cheveux bruns et yeux verts, des cicatrices lui recouvraient le corps qui courrait vers elle afin d'échapper au feu. Elle l'a voyait passer à ses côtés sans pouvoir rien n'y faire. Elle ne pouvait rien faire pour Lauren. Parce qu'en fin de compte, Camila voyait en la photographe une partie de cette petite fille qui était toujours présente ; Lauren était la même petite fille effrayée, seule et qui se coupait du monde.

Camila ressentait toutes ces émotions en elle tandis que Lauren semblait paisible, au bord de ce pont, du côté rénové.

Se souvenant de la raison de sa présence, Camila s'était approchée et plus la silhouette de la châtain se rapprochait et plus son cœur se brisait, parce que son père était venu la chercher, parce que Lauren ne cessait de la repousser et parce qu'elle avait lu les dernières pages de ce carnet. Ce même carnet qu'elle tenait dans ses mains.

Les cheveux de Lauren virevoltaient dans le vent, elle était accoudée contre la barrière face à la rivière devant ses yeux. Son visage semblait... Paisible.

Camila s'était appuyée contre cette barrière en bois tout comme Lauren.

_Qu'est-ce que tu peux être têtue, se plaignit la brune.

La cubaine n'avait pas répondu, elle ne savait quoi dire, les mots étaient bloqués dans sa gorge.

Elle lui avait alors tendue le vieux carnet abimé.

_Je te remercie de me l'avoir partagé.

Lauren avait bien vu les deux pages qui dépassaient, elle avait compris, Camila savait tout et elle ne savait pas comment elle se sentait à ce propos. Légère ? Délivré ? Elle ne savait pas, mais elle ressentait bel et bien ce sentiment de soulagement et cette once de bonheur.