Chapitre 2 - Part 4 "Elles sont là"

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Après la bagarre avec Sokhna, l'ambiance était tendue. Sarah qui n'appréciait pas spécialement Yaye Cogna et Sokhna était d'accord avec moi. Momo ne savait pas très bien quel parti prendre et Cogna bien sur était en colère contre moi et m'avait traité de tous les noms d'oiseaux.

Mais ça m'était égal, façon j'étais déjà mariée à ce gars.. ce qu'il avait fait avant ce n'étais pas problème. Et ce que moi aussi j'avais fais, ça ne le regardait pas. En tous cas, je ne le connaissait même pas et j'avais déjà un dossier sur lui.. ça commençait bien mal. De toute façon ça commençait mal puisse que c'était un mariage arrangé.

Mais j'étais résignée, j'avais en quelque sorte accepté, on ne sait jamais. Il faut écouter ses parents des fois... ils ont souvent raison. Même si j'étais un peu septique. Enfin bon..

Sokhna avait bougé dans la chambre de sa mère, on se croisait dans la maison on se lançait des regards noirs et on ne s'adressait pas la parole. Ça m'allait très bien comme ça.

****

Un après-midi, Sarah m'emmena chez le tailleur pour faire un premier essayage, le mariage arrivait à grand pas. Et même si les circonstances n'étaient pas les meilleures j'étais de plus en plus excitée, pressée de le voir, de rencontrer ce Bakary.

Je voulais attendre Fatma, Khady et Flora pour essayer ma robe mais Sarah me dit que de toute façon il faudrait que je revienne essayer plusieurs fois avant que ce soit prêt. Elles arrivaient le lendemain, j'étais tellement pressée de retrouver mes amies, ma famille. De pouvoir rigoler, raconter des bêtises, elles étaient vraiment contre mais elles venaient me soutenir et respectaient ma décision.. enfin Flora pas tellement mais elle finirait pas accepter.

On arriva chez le tailleur, c'était un bazar pas possible, il y avait au moins 5 tailleurs avec des tissus partout, des chutes à droite à gauche, des femmes qui attendaient, d'autres qui rouspétaient sur une couture qui n'allait pas. C'était le Sénégal que je ne connaissais pas, les petites rues, les quartiers populaires, je me sentaient bien ici.

J'avais toujours vécu en France, bon on va dire que j'avais eu un aperçu avec Château-rouge, mais là j'y était vraiment et finalement j'adorais ça. Je me demandais comment allait se passer ma vie ici. C'était tout nouveau vraiment, mais personne ne faisait attention à moi c'était bien, enfin ça c'était avant que j'ouvre la bouche, je vous ai dit que mon wolof n'était pas tout à fait leer .. Une fois au marché j'avais essayé de wakhalé (marchander) Sarah avait tellement rit ! Alors que elle qui était métisse, les vendeurs la prenait pour une toubab, mais des qu'elle parlait on aurait dit une vendeuse de Soumbédioune. Elle parlait bien ! Mais bon pas de honte, j'allais vite apprendre.

La robe était un petit peu trop grande, et pas coupée exactement comme je voulais, on allait faire le mariage à la mairie donc je n'étais pas obligée de mettre une tenue traditionnelle, c'est pas que je n'aimais pas les tenues traditionnelles mais bon j'avais toujours rêvé de LA robe de mariage ... J'avais choisit une robe en soie sauvage, blanc cassé, avec de la dentelle en haut, on était pas encore d'accord sur le haut, bustier ou dos nu, Sarah pensait qu'il ne fallait pas en faire trop non plus, déjà que tout le monde me traitait de toubib. Ndeyssane, elle aussi elle connaissait bien ça, mais ça ne l'empêchait pas d'être très heureuse avec mon frère. C'était un modèle pour moi.

On reprit mes mesures, et on dit au tailleur qu'on reviendrait le lendemain

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On reprit mes mesures, et on dit au tailleur qu'on reviendrait le lendemain. Mes copines arrivaient ce soir, on allait aller les chercher à l'aéroport avec Momo.

***

A 20H50 j'étais prête ! Momo était sur la terrasse avec Sarah, entrain de rigoler tous les deux, il n'étais même pas habillé. Je l'accélérais un peu pour qu'il aille s'habiller, il se dépêcha et on on était sur la route, ils habitaient en ville, donc on passa par la corniche, les almadies, les gens étaient de sortie, c'était la première fois que je voyais le Dakar by night depuis que j'étais arrivée.

On arriva à l'aeroport, bien sur le vol avait du retard, mais ça nous permit de discuter un peu. C'était mon grand frère mais je n'avais pas grandit avec lui donc finalement on se connaissait pas tant que ça. Il me raconta des anecdote de la famille, de papa, m'expliqua tout ce qu'il avait fait pour la famille, pour les enfants. Il me parla aussi de maman, je ne me rappelais presque pas d'elle. C'est quelque chose qui m'avait fait beaucoup de peine. Mais ma tante m'en parlait tout le temps, elle me racontait aussi tout le temps plein de chose... et ça me conforta dans l'idée qu'il fallait que j'honore ma famille. Ce mariage n'était pas la meilleure chose qui me soit arrivé, mais j'avais déjà eu beaucoup de chance dans ma vie. Je n'étais pas à plaindre. Et j'allais apprendre à tous les connaitre un peu mieux...

Mon téléphone sonna, c'était Flora

Flora : Malaado ?! On est là t'es ou ?
Moi: ça y est ! bah sortez je serais là ! vous avez vos bagages
Flora: Oui c'était un peu compliqué, il nous manque une valise mais on arrive

J'étais tellement contente, je sorti de la voiture en hâte et je les retrouvais à la sortie de l'aéroport. Elles avaient encore leurs doudounes et tout. Flora était toute rouge, elle avait du s'énerver avec les gens à l'intérieur, tu m'étonne, cet aéroport, comme sandaga.

On se serra dans les bras comme si on ne s'était pas vu depuis des années alors que ça ne faisait que 3semaines que j'étais partie. Fatma était toute émue, moi aussi ..

Et ça y est on s'était retrouvée, tout était comme d'habitude. Enfin presque, on discuta pendant tout le chemin de retour, Momo n'en pouvait plus de nos piaillement. On avait une manière de parler tellement rapide et codée qu'il n'y comprenait rien.

Puis à la maison pareil, on passa finalement la nuit à manger des dibi et à discuter de tout et de rien. Khady était certaine d'avoir trouvé Bakary sur Facebook, le gars était tellement moche je priais pour que ce ne soit pas lui. Elle nous avoua à toute que son copain l'avait enfin demandée en mariage, mais qu'elle ne voulait pas en parler. Fatma écoutait toute nos bêtises. C'était une soirée formidable, j'avais presque oublié pourquoi elles étaient là, mais finalement j'acceptais de plus en plus la situation. Et j'en étais la première étonnée ..

Comme quoi.

En m'endormant cette nuit là je repensais à ce passage «  Dieu n'impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité »

Bonne nuit

Le journal de Malaado [TERMINE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant