Chapitre 6

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Elle m'apprend que quand elle a eu 18 ans, ses parents sont morts dans un accident d'avion, que par la suite, la tristesse l'a gagné. Entre dépression et de multiples tentatives de suicides, elle a failli jouer avec la mort tellement que la vie lui a peu importé. N'ayant plus aucun repère cette dernière s'est vite retrouvée seule face à ses démons. Elle a vécu comme ça pendant cinq années jusqu'au moment où elle a rencontré le père de Lyn, qui, lui, l'a connu en tant qu'ami et l'a vu sombrer. En voyant sa détresse, il l'a prise sous son aile et l'a aidé à se relever et à faire le deuil de ses parents. La maman m'explique que cet homme lui a permis de reprendre goût à la vie et d'oublier ses idées noires lorsque qu'elle a mis au monde son premier enfant. Son histoire m'impressionne, sous cette bienveillance qu'elle laisse paraître se cache un récit assez triste de sa vie, mais qui au final est sa force. Je l'admire tellement pour son courage, je ne suis pas capable d'en faire de même, tellement que tout me rappelle mes parents à n'importe quel moment. Surtout, impossible de trouver un moyen de pouvoir me vider l'esprit, sauf quand je dessine, c'est le seul moment où j'arrive à faire le vide dans ma tête. Sinon, je n'y arrive pas, je suis trop faible au final, je crois que je n'arrive même pas à la cheville de cette femme courageuse. Je ne peux m'empêcher de me dire que c'est de ma faute si mes parents ne sont plus là aujourd'hui. Des millions de raisons me font penser que mon arrogance à l'époque a causé l'une de mes plus grandes pertes. Je ne peux m'en prendre qu'à moi de toute façon.

Pendant le dîner, j'apprends que le père de Lyn est en déplacement et qu'il est peu à la maison à cause du travail, mais qu'il prend constamment des nouvelles de sa famille. Cependant, ça lui arrive de rentrer de bonne heure pour profiter d'un bon repas en famille. Pour le dîner, j'ai appris que c'est la petite tête rouge qui cuisine les plats, ce qui me surprends. Je goûte ce qu'il fait et je dois avouer qu'il se débrouille super bien, il est même super doué. Je ne suis même pas fichu de me faire cuire un œuf, alors un plat, je n'en parle même pas. Mais je me suis régalé cela dit, je me suis senti bien devant cette bonne humeur qui s'est présenté à moi. Le sentiment de redécouvrir le bonheur une seconde fois me fait un bien fou. Seulement, je culpabilise encore, est-ce que je le mérite vraiment ? Pourtant, ils sont tous si gentil et me mettent à l'aise, ça m'a manqué autant d'affection de ce genre au point que j'en ai oublié ce que c'est. Par moment, je me suis dit que je rêve, que je vais me réveiller après, que ça n'a pas existé, mais c'est bel et bien réel.

Au moment d'aller dormir, je me déshabille jusqu'à me retrouver en boxer, alors que Lyn est déjà allongé sur son lit toute en lisant un manga. Je suis toujours aussi étonné de voir que c'est une personne atypique, dans son petit monde loin de se soucier des aléas de la vie. Il interrompt sa lecture avant de me regarder avec un sourire élargissant d'honnêteté, ce garçon dégage quelque chose d'assez spécial. Je reste totalement perturbé par sa personnalité, je l'admets, en même temps, qui ne l'est pas devant lui, il est spécial.

- Ôte-moi d'un doute, tu n'as pas peur de dormir avec moi tout de même, me demande-t-il à travers son calepin, alors que je sens mes joues lentement virer au rouge.

- Quoi ? Non, non, du tout, que vas-tu penser, voyons, je lui dis alors que je me sens totalement gêné, j'ai l'air très convaincant, ça fait peur à voir.

La petite tomate fait semblant de rire avant de se reprendre, il écarte quelques peluches pour me faire de la place sur le lit. Je m'avance, pas très assuré, sur le lit avant de m'allonger à côté de Lyn qui reprends aussitôt la lecture de son manga qui semble fortement l'intéresser. Son regard est extrêmement attentif, comme si le moindre indice doit être trouvé sur chacune de ces pages. Je jette un coup d'œil bref aux dessins, mais je n'arrive pas à suivre, ça me rebute, pas que les dessins soient mauvais, mais ce n'est pas mon truc, tout simplement. La fatigue me prends d'un coup, je m'endors petit à petit, la tête rouge, l'ayant remarqué, dépose son livre sur la table de chevet et éteint sa lampe également. Il sort son portable et semble écrire quelque chose qui m'est destiné.

Le rêveur (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant