Chapitre 4 :

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J'ai ouvert faiblement les yeux. Au début, la lumière m'a ébloui puis je m'y suis habitué. J'étais attachée à une plateforme légèrement inclinée, d'une part par des sangles qui me maintenaient, d'autre part par les nombreux fils et cables qui reliaient mes bras et mon ventre découvert à des machines. Mon T-shirt avait été déchiré en bas pour laisser voir l'endroit où se trouvait normalement ma cicatrice et mon dos était également visible aux yeux de tous. J'étais dans une sorte de laboratoire qui laissait montrer de nombreuses analyses sur mon corps. J'ai retenu une larme qui me demangeait. Je serais donc réduite à une rat de laboratoire, à une attraction à chercheurs.
Une bonne dizaine d'hommes habillés en blanc entrèrent en trombe. L'un deux s'est approché plus affectueusement que scientifiquement de moi. Il devait avoir 15 ou 20 ans de plus que moi mais il m'avait l'air familier. Il a demandé aux autres de sortir et qu'il s'occuperait bien de moi.

- Comment te sens-tu ?

- Comme un cobaye. Je ne veux pas rester dans un laboratoire et avoir des yeux curieux braqués sur moi en permanence.

- D'accord je vais te mettre ailleurs mais il va falloir t'y habituer. Tout le monde veut en savoir plus sur toi. Je prends l'entière responsabilité de ta santé et de te survie.

Il m'a détaché fil par fil, sangle par sangle et m'a laissé le suivre. J'ai donc déambulé dans les couloirs de ce bâtiment qui m'était inconu, le ventre et le dos découverts, le pantalon troué par endroits et les cheveux indisciplinés. Il m'a conduit dans une chambre assez luxueuse avec un lit qui m'avait l'air plus confortable que celui surlequel je dormais à l'hôpital tous les soirs, une grande penderie et une salle d'eau.

- Je dois aller parler avec des personnes importantes mais ne t'en fais pas, je vais tout faire pour te garder en sécurité et à l'abris des regards.

Dans le couloir, on pouvais entendre des personnes dire :

- Il faut prévenir le Gouverneur Johnson immédiatement !

- Ne fais pas attention, m'a dit l'homme. Repose-toi, je repasse plus tard. Au fait, je suis Robert Walters mais tu peux m'appeler Bob.

Il s'est dirigé vers la porte et m'a dit avant de sortir :

- Tu as tellement grandi.

Cet homme me connaissait ? C'est vrai qu'il ne m'était pas étranger mais je ne le connaissait pas du tout. Je me suis posée sur le lit et me suis endormie tout de suite.

~~~

Je devais avoir le même âge que la dernière fois. Je gambadais dans la "maison" dans laquelle j'étais. Elle était uniquement en matériaux naturels mais très accueillante.
J'ai atteint une sortie qui donnait à l'arrière du bâtiment que je connaissais par cœur. Une vue spectaculaire s'offrait à moi : la mer bleue, pure, translucide, les montagnes dominantes qu'offrait une grande et belle crique, la forêt haute et touffue derrière moi et mon village perché dans les arbres et camouflé dedans. Soudain, j'ai entendu des coups de feu et d'explosions alors je suis retournée sur mes pas en courant.

~~~

Je me suis réveillée et me suis dirigée vers la grande et haute fenêtre qui faisait découvrir des champs de batailles et des villes détruites mais aucune forêt, aucun arbre. Mais à l'horizon, je pouvais voir une mer salie et sombre. Mon cœur se fendit à la vue de ce triste paysage.

- J'ai vu que tu étais éveillée, a dit Robert en rentrant dans la chambre, inouvrable de l'intérieur sauf avec un badge que je n'avais pas mais qu'il portait dans une poche.

Je n'ai rien répondu. Je n'avais rien à répondre. Mais je voulais comprendre.

- Le Gouverneur est trop occupé pour le moment alors c'est son fils qui te recevra tout à l'heure. Il faut que tu changes d'habits, regardes toi. Je te laisse choisir ce que tu veux par contre tu verras que dans tous les cas, on dois voir ton dos.

Il a commencé à repartir mais je lui ai dit :

- Vous pouvez m'expliquer ?

- T'expliquer quoi ?

- Tout.

Il s'est assis sur le lit et je l'ai rejoint.

- Par où veux-tu que je commence ?

- La guerre.

- Très bien. Il y a plus de cent ans, il y a eu deux guerres mondiales. Après celles-ci, le monde s'est relevé difficilement mais il s'est relevé. Vers les années 2017, il devait y avoir un président qui devait être élu mais quand il y en a eu un qui a été choisi, la population n'a pas été d'accord et s'est séparé en la France du Nord et la France du Sud. Un gouverneur et un gérant ont pris le pouvoir de chacun de ces partis et une affreuse guerre a éclaté en incluant un bon nombre de pays du monde. Ça fait maintenant bientôt 50 ans que cette guerre dure sans fin.

- Je comprend mieux. Vous savez, je fais des rêves en ce moment. Ils ont l'air tellement vrais. On dirait presque des souvenirs et j'avais une grande cicatrice le long de mon ventre et depuis qu'elle a disparu, je fais des rêves plus variés. Vous avez une explication ?

- Depuis des milliers d'années, des peuples cachés partout sur la planète sont censés garder le bon équilibre de la paix. Ils ont eu de plus en plus de mal car ils ont été détruit par l'homme et ils ont échoué petit à petit. Pendant cette guerre, il ne restait plus qu'un seul peuple assez puissant caché sur une ile mais l'homme a eu peur qu'ils prennent le contrôle alors il a décidé de l'exterminer. Ils avaient le dos avec les mêmes marques que toi mais avec des particularités en plus et je pense que tu ne les a jamais exploité et je les recherche encore.

- Vous disiez me connaître, comment ?

- Marcus était un ami à moi et il a du attaquer ces personnes mais il t'a trouvée, vivante et il n'a pas pu te laisser là donc il t'a ramené en France et ta confié à moi dans l'espoir que... tu ne te souvienne pas de tes origines. Il m'a donné beaucoup d'argent pour que je remplace ta mémoire mais j'étais jeune et je l'ai raccroché à ta blessure qui a fini par disparaître car je voulais que tu te souvienne un jour pour arrêter cette guerre. Tu étais si jeune et si mignonne, je me suis attaché à toi et je voulais vraiment que tu fasses quelque chose c'est pour cela que je ne t'ai pas enlevé tous tes souvenirs et que tu rêvais encore de ce moment affreux. Marcus et moi, on pensais également que tu étais .... l'héritière de ce peuple et je pense que je peux découvrir toutes tes particularités. Je tiens à toi comme si tu étais ma fille et avant, tu me considérais comme ton frère et je ferais n'importe quoi pour éloigner tous ceux qui se mettent en travers de ton chemin. Si tu veux, je peux retirer tous les scientifiques de ton cas.

Je n'ai pas répondu. Ça faisait beaucoup d'un coup.

- Le fils du Gouverneur t'attend dans une ou deux heures. Si tu veux, je te laisse seule.

Il s'est levé et est parti une fois de plus mais je lui ai attrapé le bras et je lui ai dit :

- Je ferais ce pour quoi vous m'avez préservée. Je ferais tout pour arrêter cette guerre. Si vous m'aidez et que vous m'avez aidé, alors je vous aiderai aussi.

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