Chapitre 14 :

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- VEUILLEZ TOUS VOUS DIRIGER VERS L'EXTÉRIEUR DANS LE CALME. CECI N'EST PAS UN EXERCICE. VEUILLEZ VOUS DIRIGER VERS LA SORTIE DANS LE CALME, répétait en boucle une voix dans tous les couloirs où la panique et le chaos régnait.

Nous sommes tous sortis de la salle et rendus dans le couloir. Le personnel courait dans tous les sens sans que - je pense - ils ne soient vraiment en direction de la sortie. Je pouvais sentir mon cœur s'accélérer dans la poitrine. La population que j'avais convaincue était entrain de se diriger vers nous pour nous tuer alors qu'elle ne savait même pas que j'étais là.

- Suivez-moi ! Nous a crié Kyle par dessus la foule.

Il s'est mis à remonter le flux à l'envers. Robert et moi nous sommes regardés un peu inconfiants mais nous l'avons suivie quand même. Dans la foule, il nous était difficile de le suivre mais nous avons fait de notre mieux pour ne pas le perdre de vue. Je ne savais pas trop où il nous menait mais curieusement, je lui faisais confiance. Nous sommes arrivés devant une porte que je n'avais remarquée. Derrière se trouvait un escalier très sombre. Pas très confiante, j'ai suivi les deux hommes. Une fois en haut, Kyle a posé sa main sur un détecteur et une seconde porte devant nous s'est ouverte. Une lumière en parvenait... la lumière... du jour ?

- On est sur le toit ?! Me suis-je exclamée en passant la porte.

Des secousses se faisaient sentir sous nos pieds. Ils essayaient de forcer les portes. N'entendant aucun autre bruit que celui de la foule qui tentait de pénétrer les portes, je craignais que le personnel n'ait pas pu sortir par quelque sortie qui soit. Kyle regardait le ciel à la recherche de quelque chose tandis que Robert se dirigeait vers le nord qui était très loin vu la superficie de ce bâtiment.

- Il devrait arriver ! S'est énervé Kyle.

- J'espère bien parce qu'ils ne devraient pas tarder à débloquer la porte.

- Mais de quoi vous parlez ?!

- Notre départ a été avancé.

- Comment ça ?

- L'avion qu'on aurait du prendre demain arrive aujourd'hui pour... petit problème technique.

- Mais... Et tous ces gens ?

- ...

- Non ! Ne me dis pas que...

- ...

- Et ton père ?!

- ...

- Écoute Kyle, je lui ai crié. J'aimerais bien que tu me répondes !

- Il n'y a rien à répondre !

- Mais tu vas tous les laisser mourrir ici ?

- Je ne peux plus rien pour eux !

- Et ton père ?!

- Je ne sais pas où il est, peut-être qu'il est dans cet avion, peut-être pas.

Un grand bruit a retenti et le sol a tremblé légèrement. Ils avaient réussi à passer.

- On a plus beaucoup de temps ! S'affola Robert.

- Ils vont arriver, dit Kyle comme pour se rassurer lui-même.

Un bruit encore plus grand et sans fin s'est fait entendre. Ils étaient enfin là. Je ne savais même pas qui était ce "ils". Mais il fallait que j'ai confiance en eux. J'ai regardé vers le ciel. Un immense avion volait au dessus de nos têtes. La tête d'un assez vieil homme de peau un peu mate a dépassé de la porte de l'engin et a dit dans un micro qui diffusait sa voix partout aux alentours :

- On ne peux pas se poser sur le toit. Il va falloir trouver une autre solution.

- Et assez vite, ils ne vont pas tarder à démarrer ! J'ai crié à Kyle et Robert.

- Va falloir sauter, a dit Kyle pour lui-même.

- Quoi ?! Je me suis étonnée comme si je n'avais rien entendu.

- Il va falloir sauter !!

- Mais comment tu veux faire ?!

- Est-ce que vous pouvez nous lancer des cordes ? A-t-il hurlé au vaisseau.

En effet, trois cordes sont arrivées à notre niveau.

- Attachez-vous ça autour de la taille, a dit Kyle.

- C'est quoi ton plan foireux ? Lui ai-je crié pour couvrir les bruits de l'avion et des gens qui tappaient dans la porte qui peut permettrait de nous atteindre.

- Gordon, a-t-il hurlé comme réponse. Tu peux te mettre au bord ?

- Ça marche !

L'avion s'est déplacé jusqu'à ce que la porte qui était à l'arrière ne soit plus qu'à quelques mètres du bord du tout.

- Et si on tombe ? Je lui ai demandé en paniquant.

- On ne tombera pas.

Il avait l'air sur de lui et pourtant... j'avais très peur. Sa jeter dans le vide pour retomber dans un avion et si on rate, se retrouver pendu dans le vide.
Tous les trois, nous nous sommes mis à reculer le plus loin possible pour prendre de l'élan. Une fois au bout, Robert est partit le premier. Il a courru jusqu'au bord plus vite que jamais. Son saut m'a eu l'air de durer des minutes entières. Comme si tout allait au ralenti. Comme si chacun de ses précieux mouvements étaient vitaux. Et c'était le cas. Tout le long, j'ai retenu mon souffle. Quand j ai vu qu'il était arrivé à bon port, j'ai pu expirer de soulagement.
La porte qui nous permettait de rester à "l'abri" commençait sérieusement à bouger et était en mauvais état.

- Vas-y, m'a dit Kyle.

Je n'étais vraiment pas confiante. Il m'aurait fallu plus de temps. Alors Kyle a sauté à son tour mais avec plus de facilité que Robert.
La porte a cédé. La population s'est précipitée dans ma direction. Ils ne m'avaient pas reconnue je suppose. J'étais complètement paniquée. Alors je me suis mise à courir aussi vite que je le pouvais. Certains étaient très rapides et n'étaient qu'à quelques mètres de moi. Pour ne pas les laisser rentrer, l'avion a démarré dans la direction opposée. Est-ce que je pouvais vraiment sauter cette longueur ? Aucune idée. Mais pas moyen de faire demi-tour. Alors j'ai sauté. Et d'autres m'ont suivi. Les bras tendus autant que je pouvais, j'ai vu le sol sous l'ouverture de la porte me passer sous les doigts. Alors que j'avais déjà perdu tout espoir, j'ai senti une main attraper la mienne. Je me suis retrouvée pendue dans le vide. Cette main était à Kyle. Il était penché par dessus bord et m'a tendu une seconde main que j'ai attrapé tout de suite et il m'a remonté. On a pu voir les civils enragés derrière et certains tomber en sautant dans ma direction comme des sauvages.

Je me suis allongée au sol. Ma tête me faisait mal. Je voyais des têtes se pencher au dessus de moi. Quelque chose faisait comme une bulle autour de ma tête. Je ne les entendais pas. Je ne m'entendais pas parler. Je ne m'entendais pas crier les noms des seules personnes qui m'étaient familières. La panique m'a envahit peu à peu. Je ne savais plus quoi faire avec tous ces étrangers. Et ne pas voir ceux que j'appelais en vain et dont j'avais tant besoin me faisait encore plus peur. Il y a eu comme un grand bruit que je n'ai pas perçu mais que j'ai senti dans ma poitrine et une grande secousse. Tout le monde a été retourné. Moi y compris. Ma tête qui me faisait déjà souffrir a heurté quelque chose pendant ma chute alors que je ne pouvais plus bouger. Et alors tout s'est arrêté. Plus rien.

La MarqueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant