Chapitre 18

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— Elle a refusé la robe alors que tant de femmes avant elle, l'auraient accepté, dis-je, un sourire en coin.

— Elle a dû caractère et cela te plaît, je le vois bien, poursuit-il, en coupant les dernières feuilles mortes du buisson.

— Tu sais autant que moi, Paolo, que je n'ai jamais aimé fréquenter les femmes. J'en ai croisées à quelques réunions, bals, certes, mais elles m'ennuyaient au plus haut point. Pourtant... Elena ne m'ennuie pas, au contraire.

— Elle a l'air très intéressante et j'ai hâte de la voir au travail avec toi, continua-t-il, souriant.

— En effet. Cela sera beaucoup plus intéressant, qu'avant.

— Tu l'emmènes avec toi, pour ton voyage ?

Quelle question...

— Évidemment. C'est ma nouvelle secrétaire ; elle doit donc me suivre.

— Oui, c'était prévisible... marmonna-t-il, en m'octroyant un clin d'œil.

    Nous échangions sur d'autres sujets, mais quelques minutes plus tard, je lui faisais part de mes inquiétudes :

— Elena a fait une crise de panique hier soir et ça m'inquiète...

   Il se stoppa dans ses mouvements, puis me regarda l'air très sérieux.

— Ma femme en avait déjà fait, avant. Que s'est-il passé hier soir ? Il y a dû certainement avoir une chose pour que cela se déclenche, Demetrio.

— Je ne sais pas... Tout se passait bien ; nous avions passé la soirée ensemble, dans un restaurant. Nous nous étions ensuite baladé et je l'avais ramené jusqu'à sa chambre, étant donné qu'elle s'était écroulée de fatigue. J'étais ensuite parti, puis quelques minutes plus tard, un bruit de vase s'était fait entendre.

— J'ai entendu dire que vous aviez dormi plusieurs nuits ensemble, continua-t-il. Également, on m'a dit qu'elle ne cessait de rester avec toi, même pendant cette réunion importante qui s'était déroulée il y a peu. Elle te cherchait toujours de partout dans les couloirs...

— Tout cela est vrai. Mais pourquoi me racontes-tu...

— Elle s'est attachée à toi, Demetrio. Plus que ce que tu ne le crois. Avant elle vivait seule, sans aucune attache. Ni familiale, ni amicale. Elle s'est beaucoup rapprochée de toi et a même été la première fille à partager ton lit. Je pense que sa crise est totalement en lien avec toi. Hier tu es parti de la chambre, elle a dû se sentir abandonner, ou quelque chose comme ça.

    Je restais là, sans bouger, comme hypnotisé par ses paroles qu'il venait d'énoncer ; ma respiration s'était légèrement accélérée.

— On dirait bien que la petite demoiselle, derrière son grand caractère, est quelqu'un de très sensible. Fais attention, Demetrio, ne la blesse pas, reprit-t-il, en posant une main sur mon épaule.

— Je ne vais pas la blesser. Je ne suis pas comme ça.

    Je le remerciais rapidement pour cette discussion, puis partis aussitôt à la recherche d'Elena.

**

    Nous avions partagé le petit déjeuner ensemble ce matin, mais pas le dîner de ce midi. Ça faisait donc déjà plus de trois heures que je ne l'ai lavais revu. Et étrangement, cela me manquait. Je commençais à la chercher, en demandant à un de mes gardes où pouvait-elle se trouver. Finalement, des cheveux violets passaient sous mon nez, pendant que des cris résonnaient dans tout le couloir. Une seconde silhouette passa sous mon nez, et j'identifiai immédiatement celle-ci comme appartenant à mon cuisiner.

— Tony ! m'exclamai-je, ce qui le fit s'arrêter.

    Il se retourna, puis s'avança jusqu'à moi.

— Que faisais-tu ? Pourquoi courrais-tu après Elena ?

— Elle a mangé mon gâteau ! J'avais préparé un magnifique gâteau, à la framboise, et cette femme à presque tout avalé ! s'exclama-t-il immédiatement, les yeux humides.

— Je l'avais préparé pour toi... et... et...sanglota-t-il, en posant sa tête sur mon torse.

   Un rire s'échappa de mes lèvres, pendant que je tapais amicalement sa tête. Même s'il a plus de cinquante ans, cet homme sera toujours un grand enfant. Mais il représente tellement pour moi, qu'il m'est impossible de m'énerver contre lui.

— Tu pourras en refaire d'autre, Tony, la rassurai-je.

   Il se recula, puis se frotta les yeux, encore rougis. Il acquiesça ensuite de la tête, en reniflant.

— Je vais aller la voir, repris-je.

    À l'odeur de framboise qui régnait dans l'air, Elena ne devait pas être trop loin. Après avoir marché près de cinq minutes, je la trouvai enfin. Assise sur un banc en pierre, elle avait dans ses mains une petite assiette en carton, contenant une part de gâteau. Que j'identifiais aussitôt comme étant celui de Tony, évidement. Je m'avançais, puis m'arrêtai pile devant elle. Elena releva lentement la tête, en s'essuyant la bouche avec sa manche. J'essayais de retenir mon sourire, puis lui sortis un mouchoir de ma poche. Elle me murmura un petit merci, avant de s'essuyer.

— Tu es donc une voleuse de nourriture, commençai-je, en la fixant.

— Pas du tout.

Cette femme...

— Ta bouille est remplie de crème, ainsi que de framboise.

— Je ne pouvais pas résister ! abdiqua-t-elle finalement. Il m'avait dit d'attendre jusqu'à quatre heures mais c'était trop long !

— Rappelle-moi ton âge, s'il te plaît, dis-je, un sourire en coin.

— Vingt-trois ans, et toi ? me répondit-elle, curieuse.

    Fort amusé par sa curiosité, je laissais échapper un petit rire.

— Cela ne se fait pas de demander l'âge aux personnes, continuai-je, en me rapprochant d'elle.

   Elena fronça les sourcils, en me fixant.

— C'est toi qui a commencé, dit-elle en pestant.

— Je t'ai juste demandé de me rappeler quel âge tu avais. Tu n'étais pas obligé de me le donner.

    Elena se leva, en posant un doigt sur mon torse.

— N'essaye pas de m'embrouiller ! Tu l'as fait exprès !

— Effectivement, avouai-je, en me penchant vers son visage.

   Elle arrêta de faire tous mouvements. Je m'approchais dangereusement de ses lèvres, puis au coin de celle-ci, je passai délicatement ma langue.

— Excellent, murmurai-je, en me reculant.



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( Merci pour tous les vus sur mes livres, vos votes et commentaires ! 😁 Ça me fait tellement plaisir!)

Prince Demetrio Où les histoires vivent. Découvrez maintenant