Chapitre 40

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    Attablés depuis déjà une dizaine de minutes, mon regard ne voulait se décrocher du sien. Cette robe était déjà, tres jolie, mais avec Elena dedans... Le tout n'en était que sublimé.

   Une coupe à la main, elle buvait tranquillement son cocktail, en me regardant droit dans mes yeux. Taquin, je la provoquai en lui offrant un clin d'œil, qu'elle interpréta immédiatement par un étouffement avec sa boisson. Je laissai échapper un rire, en la voyant en vitesse s'essuyer la bouche.

— J'aurai pu mourir, s'indigna-t-elle, en me lançant un regard noir.

— Je t'aurai fait du bouche-à-bouche ne t'en fait pas.

   Plus tard, la porte menant aux cuisines s'ouvrit, et Tony apparut avec un chariot. Il me fit un sourire, que je le lui rendis aussitôt. Il déposa les plats, avant de s'approcher d'Elena et d'embrasser le dos de sa main.

— Tu es magnifique, Elena, lui souffla-t-il, alors qu'elle lui offrait l'un de ses plus beaux sourires.

Une petite jalousie vint m'envahir, même si je savais pertinemment que Tony n'oserait pas flirter avec Elena, étant donné qu'il avait déjà une femme. Tony lui murmura quelques paroles au creux de son oreille, avant de partir comme si de rien n'était de la pièce. La porte claquant, je reportai mon attention sur Elena.

— Que se passe-t-il ? demandai-je, les sourcils froncés.

— Tu es adorable.

— Adorable ? Je te prie de retirer cet adjectif qui me donne des sueurs froides.

Adorable ? Demetrio Chieso, le prince, serait "adorable" ? Et puis quoi encore. Je n'ai pas envie d'être la troisième guimauve rose de cette famille royale.

— Tony vient de me dire que tu avais spécialement préparé une chambre pour mon chiot, avec tous les accessoires, les paniers et j'en passe. Tu vois que tu l'aimes ce bébé !

   Hum. J'ai juste fait en sorte que son séjour se passe mieux ici. Après tout, il n'allait dormir dehors, tout seul. Une chambre lui conviendra parfaitement et au moins, je pourrai bénéficier d'un peu d'air.

Il est attachant.
Mais il est collant.

— Oui, c'est vrai. Je jugeais nécessaire de tout faire pour son bien-être. Après tout, il le mérite amplement...

— Ah, enfin tu le reconnais ! On progresse ! Si tu l'aimes tant, alors nous n'avons qu'à déplacer ses accessoires dans notre chambre et au moins, il dormira avec nous !

    Cette fois-ci, c'était moi qui m'étouffai avec mon verre de vin.

— Non c'est bon. Il sera mieux dans sa chambr...

Mais attendez. J'ai bien entendu ce que j'ai entendu ?

    Un immense sourire se dessina sur mes lèvres, tandis que je la fixais, ravi d'avoir pu entendre cela sortir de sa bouche. Et inconsciemment je pense.

— Quoi ? C'est quoi ce sourire étrange ? reprit-elle, en haussant un sourcil.

Notre chambre... soufflai-je, en la voyant d'un coup détourner son regard.

— Hum... enfin. Disons que ton lit est très confortable et que j'adore la couleur de ta parure...

– Je n'en doute pas. La bouillotte humaine et aussi très agréable, je trouve...

— Hum oui cela va de soit... dit-t-elle, en attrapant en vitesse un morceau de pain.

   Je l'observais, silencieux, avant de décider de parler de certaines choses que je voulais absolument mettre au point.

— Clarifions les choses, Elena, déclarai-je finalement, en reprenant tout mon sérieux.

   Elle remonta les yeux vers moi, en mâchant faiblement son bout de pain.

— J'ai rien fait.

— De quoi parles-tu ?

— Tout à l'heure j'ai trébuché et j'ai renversé un... vase, continua-t-elle tout bas, en jouant avec sa fourchette.

— Le vase... Le vase bleu avec les écritures noirs ?

— Le vase qui avait les écritures noirs... avoua-t-elle, en jouant désormais avec son couteau.

— Trois mille euros. C'était son prix, dis-je, en la voyant déjà pâlir.

— Oh merd...

— Comment as-tu fait pour le faire tomber ?

   Ce vase m'avait été offert par l'une de mes grandes tantes. Évidement, je n'avais aucune attache pour cet objet, que pour cette étrange femme. Je trouvais juste cela amusant de prendre cet aire contrarié et énervé.

— J'ai voulu rattraper Crispy qui courrait et mes pieds se sont emmêlés. Le vase est ensuite tombé.

— Je vois... dis-je tout bas, en commençant à manger par la suite.

— C'est tout ? Tu ne t'énerves pas ? répliqua-t-elle en vitesse, étonnée.

    Je continuais de manger, calmement et silencieux.

— Tu ne parles plus ?

    Je l'ignorais encore, et à mon plus grand bonheur, je savais que cela commençait à l'énerver.

— Mais allez, parle moi !

    Je l'entendis soupirer, avant qu'un bruit de chaise ne se fasse entendre. Des pas s'en suivirent, puis une petite main se posa sur ma joue. Je me reculai et déjà, Elena prit place sur mes genoux, en veillant bien à se positionner correctement avec sa robe. Elle entoura ma nuque de ses mains.

— Désolée pour le vase. Tu es content ? rouspéta-t-elle, alors que je me retenais de sourire.

   Je regardais droit devant moi, sans rien dire, et cela ne faisait que l'énerver plus. Soudainement, ses lèvres rencontrèrent les miennes et mon cœur explosa littéralement.

Quand elle veut, elle peut savoir ce que je veux...

— Tu es énervant, dit-t-elle après notre baiser, en posant sa tête contre mon épaule.

— Comme toi, ricanai-je, en laissant finalement apparaître mon sourire.

— Le vase t'apportait peu, c'est ça ? marmonna-t-elle.

— Exactement. J'ai profité de cela pour obtenir l'un de tes baisers. Et à ce que je vois, cela a bien marché...

— Énervant, l'entendis-je souffler.

— Je sais, répliquai-je, en embrassant sa joue.

— Mais c'est bien pour cela que tu m'aimes, conclus-je, content.

— Bingo, dit-t-elle, avant que je n'écrase passionnément mes lèvres sur les siennes.

Prince Demetrio Où les histoires vivent. Découvrez maintenant