Chapitre 20

72K 5.6K 531
                                    

Installé, confortablement dans mon lit, feuilletant quelques magazines, j'attendais patiemment ce moment. J'ai envie de savoir, si les propos que m'a énoncé Paolo tantôt, sont la cause de sa crise. Cela faisait déjà une bonne heure que nous avions regagné nos chambres. Nous avions passé le reste de la soirée ensemble, à discuter près du feu.

Je n'en ai pas appris plus sur elle, à part que sa grand-mère maternelle est décédée d'un infarctus et que désormais, Elena n'a plus aucun membre de sa famille. Cela a dû et doit être encore rude pour elle. Je me suis contenté de l'écouter, silencieusement, ne voulant pas gâcher ses confidences. Étrangement je lui en ai aussi fait, en partageant quelques souvenirs de jeunesse avec mes frères et mes parents. Cela lui avait redonner le sourire et immédiatement j'avais suivi son geste.

Je me coupais net de mes pensées, quand j'entendis des petits coups résonner contre la porte. Tiens tiens...

— Entrez ! m'exclamai-je.

La porte s'ouvrit, tout doucement, laissant apparaître un petit visage et des cheveux violets. Je la fixais intensément, scrutant chacun de ses faits et gestes.

— Hum... Je n'arrive pas à dormir... dit-elle tout bas, dans un murmure presque inaudible.

— Et donc ?

Son visage se décomposa, mais elle se reprit rapidement afin que je n'aperçoive pas ce changement soudain.

— Rien, dit-t-elle avant de se retourner, sans me lancer un autre regard.

— Mon lit est assez grand, repris-je en tapotant le drap en soie. Et puis, disons que je suis bien habitué à ne plus dormir seul. Viens, Elena.

Elle se retourna une nouvelle fois, puis s'avança vers moi. Elle se mordait la lèvre inférieure et cela était à deux doigts de me faire perdre raison. Elle monta sur l'immense lit et en vitesse, je rabattis le drap sur elle. Je la fixais encore et elle faisait de même, ses jolies yeux hazels m'hypnotisant comme toujours.

— Pourquoi tu n'arrives pas à dormir seule ? demandai-je finalement, en ne la quittant plus du regard.

— Je ne sais pas. Ça fait déjà plus de cinq ans que je vis seule. Je n'ai jamais eu de réels amis et je n'ai plus de famille. Je vivais solitairement dans mon appartement. Et puis, maintenant je me retrouve entourée de personnes. Ça... ça me fait quelque chose.

— Ta crise a-t-elle été causée par moi ? Je veux dire, nous avons déjà passé deux nuits ensembles. Et puis, je t'ai laissé seul pour que nous reprenions respectivement dans nos chambres. Cela est-il de ma faute ?

Elle poussa un soupir, écartant quelques mèches de ses cheveux pour les placer derrière son oreille gauche.

— Ce n'est pas totalement de ta faute. Je me suis retrouvée du jour au lendemain entourée de nouvelles personnes. Ma bulle s'est fissurée, mais cela serait arrivé un moment où un autre. Et puis je n'aurai pas dû jouer à ce jeu dangereux avec toi.

— Quel jeu dangereux ?

Elle se passa une main dans ses cheveux, en soupirant une nouvelle fois, puis elle reprit la parole :

— L'histoire du fantôme. Je savais que tout cela était faux, après avoir écouté l'une de tes conversations. J'ai voulu me venger et ma vengeance était de te coller toute la journée et nuit comprise, afin que tu te lasses et me vires d'ici.

Enfin. Elle me l'avoue.

J'avais compris ce petit manège qu'elle avait soigneusement préparé. Cela m'avait néanmoins permis de me rapprocher d'elle. Et cela n'avait fait qu'accroître mon attirance envers ce petit chaton.

— Et puis mince, je suis trop honnête, souffla-t-elle. Je crois que je me suis attachée à toi et la nuit dernière j'avais peur... peur que tu me laisses.

Je n'essayais pas de le montrer, mais mon cœur venait d'oublier un battement. Il s'était ensuite accéléré. Jamais encore cette sensation n'avait été provoquée quant aux dires d'une femme. Et pourtant, Elena venait de déroger à cette règle.

— Aussi incroyable que cela puisse être, surtout pour moi, je me suis aussi attaché à toi Elena. Comment ne pas l'être ? Tu n'as pas cessé et tu ne cesses encore de te coller à moi, continuai-je, en lui octroyant un sourire.

Elle me frappa l'épaule, en pestant de son côté.

— Et puis merci pour ton honnêteté. Cette qualité est l'une des plus belles que tu as.

— Pourquoi mentirais-je ? Je me suis attachée à toi, puis c'est tout, pas la peine de le crier. Je ne pourrais le nier car en ce moment même, je te le prouve très bien en venant te joindre dans ton lit...

— En effet. Je ne pense pas une seule seconde que tu serais allée dormir dans la chambre de Paolo, ou de Tony....

Elena m'octroya encore un petit coup de poing amical sur l'épaule. Bien-sûr, je n'avais pas ressenti la moindre douleur. Elle leva les yeux au ciel, pendant que je m'emparais de sa main qui m'avait l'air si fragile. Elena me fixait, les sourcils légèrement froncés.

— Demain soir nous partirons pour un autre pays. Le travail va commencer, déclarai-je, avant d'embrasser sa main.

— Et ne t'en fait pas mio gattino, mon chaton, je serai avec toi, continuai-je, en déposant un nouveau baiser sur sa peau blanche.

Elle se mordit la lèvre inférieure ce qui me fit sourire.

— Bonne nuit, chérie, conclus-je contre elle.

Prince Demetrio Où les histoires vivent. Découvrez maintenant