Chapitre 9 *Corrigé*

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« J'ai parlé avec ta mère...

   J'étais sur le point de mettre ma ceinture mais je me figeai. J'attendis la suite de sa déclaration avec appréhension.

- Et pas seulement de Brooklyn.

    Je me doutais d'une hypothétique conversation entre ma mère et Victoria, et je la craignais. Que maman lui ai parlé de Brooklyn je pouvais l'accepter, mais qu'elle parle d'autre chose, de cette autre chose... Non. Je ne pouvais l'accepter, et puis non elle ne le ferait jamais pas vrai ?

- Elle as parlé de ton accident, tu sais celui qui remonte à un peu plus de cinq mois.

    Un soupir venant du cœur passa la barrière de mes lèvres alors que je fermai les yeux. J'étais lasse de tout cela. Ils ne cessaient de remuer le couteau dans la plaie. N'étais-je pas assez tourmentée seule ? Nan il fallait qu'il me le rappelle encore et toujours, après tout mes démons n'étaient pas assez nombreux.

- Tu n'en as peut-être pas envie mais j'aimerais que l'on en parle, parce que l'on voit que cet accident t'as changé. Certes, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas, mais toi tu as changé si brusquement, on s'inquiète tous pour toi. Tu ne manges pratiquement plus, tu as d'immenses cernes, et tu es bien plus pensive et refermée. Alors s'il te plaît parle, ne te referme pas trop sur toi, tu ne réussira qu'à te détruire Amy.

   Je comprenais mieux son silence, elle attendait juste que l'on soit seules. Voilà pourquoi​ elle avait tenu à ce que l'on dépose Romeo avant de repartir chez moi.  Elle avait attendu le bon moment. C'était sûr qu'ici dans ma voiture, garé sur le parking de leur hôtel cinq étoiles personne ne nous dérangerait et que je ne pourrais m'enfuir.

    C'était bien pensé, mais je refusais d'en parler. Hier, j'en avais parlé avec ma mère et cela avait  relevé du miracle. Je ne peux pas le faire deux jours d'affilés. Impossible. J'avais tenu cinq mois sans dire un mot à qui que ça soit, je pourrais bien tenir encore un peu avant d'en parler à une autre personne.

- Amy, ce n'est pas parce que tu reste silencieuse que j'abandonne pour autant. S'il te plaît, parle je suis là et je t'écouterai. Tu n'es pas seule, on se battra tous avec toi.

    Je glissai la clé de contact, tout en regardant Victoria. Elle cherchait à me faire craquer, elle me poussait à bout. Maman, elle n'avait pas eut besoin de ça, hier ma langue s'était déliée sans que je ne trouve la force de l'arrêter. J'avais laissé éclater une partie de mes sentiments, des sentiments refoulés depuis des mois. Mais ces sentiments je les avais de nouveaux enfermés et je ne voulais plus leur faire face.

- Amy s'il te plaît, parle moi de ton accident. Tu étais bien là-bas le 13 novembre, pas vrai, tu étais bien au Bataclan, n'est-ce pas ?

     Tous mes membres se crispèrent, et je fermai les yeux. Elle était déterminée à parler de cette nuit de cauchemar. Je ne veux pas !

- Victoria je ne veux pas en parler. Elle continua ignorant mon refus. 

- Tu étais là ce soir-là, c'est pour ça que tu étais blessée, tu as tenté de nous faire croire que c'est parce que t'étais sur une des terrasses attaqué mais tu étais au Bataclan. 

- Victoria​...

- Tu es une des victimes du Bataclan.

- Arrête ! Ne dis plus un mot ! Demandai-je en reniflant.

- Tu as vu le massacre qu'il y a eu, tu as aussi sauvé des gens là-bas, pas vrai ? Alors pourquoi ton silence ?

- Quel aurait été l'intérêt ? Pourquoi parler quand je n'en ai plus la force ?

- Tu as la force de parler, mais tu refuse de le faire. J'aimerais que cela soit vrai, j'aimerais vraiment que cela soit aussi simple.

- Le problème n'est pas là.... 

    Je m'arrêtai et me crispai, une vive douleur c'était rallumé dans ma tête. Je posai ma tête sur le volant, j'avais l'impression que l'on frappait l'intérieur de ma tête avec force. Victoria déposa sa main sur mon épaule, et dit d'un ton doux :

- Ce n'est pas difficile Amy, vide ton sac, il faut que cela sorte, tu ne peux pas cumuler tant de choses.

      Je respirai profondément pour tenter de garder un contrôle de moi-même, je finis malheureusement par fondre en larmes. Aucun d'eux ne savaient à quel point c'était dur. Cette nuit me revenait sans cesse en tête, par moment rien qu'en fermant les yeux je revoyais tout : les cris, les détonation des armes meurtrière, les gens tombaient les uns après les autres, de même pour le sang couler, et le pire de tous, les corps sans vie au sol alors que leurs visages étaient figés dans la terreur et leurs yeux totalement morts. Et le désespoir et le mépris des vivants et tant d'horribles détails.

    Je supportais difficilement de revoir inlassablement ces scènes, et j'étais incapable de les revivre, en parler s'était les revivre.

- S'il te plaît Amy, ne reste pas murée dans le silence.

Je n'y arrivai pas, ce n'était pas possible.

- Je suis tellement désolée​, je peux pas, je peux pas... Pardon... J'y arrive pas... Pardon...

   Victoria​ me prit dans ses bras, alors que je mes larmes se faisaient plus nombreuses encore. Elle se tut resserra son étreinte. J'aimerais arrêter de faire des cauchemars et tourner la page, mais je n'y parvenais pas.

- On t'aidera à y arriver, je te le jure, tu y arriveras, tu parviendras à tourner la page. N'en doute pas une seule seconde. Et on sera là avec toi jusqu'au bout.

     Elle semblait tellement certaine, que l'espoir que j'avais autrefois perdu, se rallumait doucement.

Dernière Chance [Brooklyn Beckham]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant