Chap.7: Filature et indiscrétion

21 2 0
                                    

Hey!

Aujourd'hui, pour ce chapitre 7, un nouveau loup entre dans la danse! Ou plutôt une nouvelle louve, Pratigya! (photo en multimédia)

Bonne lecture! Et n'hésitez pas à me donner votre avis en commentaire, et à voter ;)

~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Ses petites pattes sombres foulaient le tapis d'humus aussi vite que possible. Son petit museau levé, ses moustaches frémissaient d'enthousiasme. Elle suivait une piste. Une piste qui devait la mener à l'humaine.

Ah, l'humaine... Comme toute la meute, la petite louve avait assisté au discours des Alphas à son sujet, avait entendu les conseils de discrétion, avait été mise en garde contre le risque qu'ils courraient si elle les voyait. Et tout cela avait titillé sa curiosité. En un rien de temps, son humeur était passé de l'ennui à l'intérêt, puis de l'intérêt à l'insatiable curiosité. Elle voulait voir celle qui menaçait les siens. Ce n'était qu'une humaine après tout, elle ne pouvait pas être si terrible ni représenter un tel danger pour eux ! Puis elle s'était souvenu des histoires qu'on lui avait raconté sur l'Avant, sur ce qui arrivait aux siens lorsqu'un humain leur mettait la main dessus, et cela lui avait donné des sueurs froides. Alors elle avait voulu la voir pour estimer le danger, pour savoir à quoi elle aurait à faire face, plus tard, lorsqu'elle serait en âge de tenir son rôle de protectrice de la Nature. Contre quoi elle devrait se battre, de quoi elle devrait se cacher. Mais, pour l'instant, elle était trop jeune. Un fait qui lui était constamment rappelé par la silhouette qui se tenait près d'elle alors qu'elle écoutait les Alphas. Manjala, la belle louve dont le pelage gris n'était pas sans rappeler la pierre de la montagne et les yeux émeraudes sans rappeler le verre des feuilles nouvelles. Au grand dam de Pratigya, Manjala était sa chaperonne. Celle qui l'éduquait, l'entraînait, la surveillait. Et qui n'avait de cesse de lui répéter que sa vie était trop précieuse pour qu'on la laisse gambader à droite et à gauche alors qu'elle savait à peine se défendre. Généralement, à ces mots, Pratigya prenait un air sérieux et compréhensif, alors qu'intérieurement elle levait les yeux au ciel et gémissait en signe de protestation. Elle savait se battre ! Elle pouvait faire face à n'importe quel loup de la meute, même l'énorme Niro ! Même les jumeaux, Marzo et Nash ! Faire face, peut-être, mais ne pas finir face contre terre... Rien n'était moins sûr. Fichue petite voix ironique, ronchonna Pratigya mentalement tout en accélérant d'avantage.

Il ne fallait pas qu'elle se laisse distancer par Marzo, c'était déjà un miracle qu'elle ait su où il allait, qu'elle ait réussi à tromper la vigilance de Manjala et à suivre le mâle jusqu'ici, il aurait été stupide d le perdre à deux griffes de leur destination. Enfin, à deux griffes... Pratigya espérait que l'humaine était aussi proche, mais rien ne le laissait penser. Bon, eh bien, elle prendrait son mal en patience. Même si c'était fichtrement long, elle n'abandonnerait pas si près du but. Et puis... Elle ne voulait pas rentrer maintenant, ni même rentrer tout court d'ailleurs. Elle osait à peine imaginer l'angoisse de Manjala, et le savon qu'on lui passerait quand elle montrerait le bout de sa truffe. Elle était déjà sortie du camp seule, une fois, et se souvenait encore de l'inquiétude et de la colère de sa gardienne. Elle n'avait pas compris sa réaction, elle était plus jeune encore qu'aujourd'hui, et, à ses yeux, son seul tort était d'avoir voulu suivre et attraper le vent. Oui oui, le vent. Elle avait entendu Cony dire que le vent venait de l'ouest ce jour-là, et lui avait demandé où était l'ouest. La vieille louve lui avait gentiment désigné la direction du museau, la loupiotte l'avait remerciée et avait bondi, toute joyeuse. Mais elle n'avait pas réussi à mettre la patte sur le vent, s'était perdue et s'était finalement endormie au pied d'un arbre. Sylver l'avait trouvée là, et l'avait réveillée pour la ramener au camp. Où non seulement elle s'était faite gronder, mais où elle avait en plus récolté une ruche pleine de moqueries de la part de ses aînés.

- Pfff, je pouvais pas savoir aussi moi, que...

PAF !!

- Mais... Prati' ? Qu'est-ce que tu fabriques ici, si loin du camp ?

Marzo fixait ses yeux dorés, interloqué, sur la frêle silhouette qui venait de le percuter de plein fouet. Elle n'avait pas pu le suivre, quand même ! Si ? Zut, il était si concentré sur l'odeur de la rousse, si inquiet et pressé de retrouver sa trace pour s'assurer qu'elle aille bien qu'il n'avait même pas senti ni même entendu la petite qui le filait en douce. Et puis d'abord, comment diable avait-elle réussi à quitter le camp, et pourquoi ? Savait-elle où il allait ?

Pratigya était pétrifiée. Toute perdue qu'elle était dans ses pensées, elle ne s'était pas aperçu que le mâle s'était arrêté en plein milieu du chemin, juste devant elle, et avait foncé droit dans son postérieur. Et maintenant... Eh bien, maintenant, elle attendait qu'il la gronde et la renvoie au camp sur le champ. Elle n'osait remuer une oreille ni émettre un son.

- Prati', qu'est-ce que tu fais là ? Manjala est dans le coin ?

Oups... Manjala... Pratigya baissa les yeux, penaude. Marzo comprit que la réponse à sa seconde question était non, et soupira. Il était à la fois soulagé qu'aucun autre membre de la meute n'accompagne la loupiotte, et inquiet à l'idée de l'effervescence qui devait régner au camp. La dernière fois que Prati' avait pris la poudre d'escampette, ça avait été le branle-bas de combat au camp. C'était à partir de ce moment-là que Manjala avait été assignée à sa protection et à son éducation. La louve avait été ravie de la mission, et s'était occupée de la petite comme si elle avait été son propre louveteau, elle qui n'avait pourtant jamais été mère. Marzo battit des paupières, il lui fallait se concentrer sur la situation. D'abord, savoir pourquoi Pratigya l'avait suivi. Ensuite, la ramener au camp et revenir ici le plus vite possible, puisqu'il venait de repérer la jeune humaine à une trentaine de mètres d'eux lorsqu'il s'était arrêté. Il répéta donc sa question :

- Qu'est-ce que tu fais là, Pratigya ?

Le ton, de surpris, était devenu dur. Marzo ne voulait pas que son secret soit compromis, autant pour lui-même que pour la sécurité de l'humaine ainsi que pour Sylver, qui l'avait couvert dans cette histoire. Pratigya, quant à elle, gardait les yeux baissés, toute penaude. Il reprit la parole :

- Pratigya, tu vas avoir des ennuis, surtout si tu ne me réponds pas. Je vais devoir te ramener au camps, et je ne sais pas qui va le plus te gronder, de Manjala ou de Niro et Chimuhk.

Décidément, pensa Marzo, on n'avait pas fini de le surprendre près de l'humaine. Une semaine plus tôt, c'était Sylver, et maintenant, voilà que c'était le bébé de la meute qui l'avait pris en filature.

Pratigya, que le menace ne laissait pas de marbre, bondit sur ses pattes de louveteau de 5 mois, et jappa, sans que Marzo puisse l'en empêcher.

- C'est toi qu'on va gronder, je sais ce que tu fais là, je t'ai entendu le dire à Sylver, mais...

Marzo plaqua une patte contre la gueule de la loupiote, beaucoup trop bruyante, mais il était trop tard. Un cri de surprise lui parvint, alors qu'il se tournait dans la direction où il avait aperçu l'humaine.

La Guilde du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant