Le temps qu'il faut

Chapitre 6: Le bal

PDV Olivier

Aujourd'hui ça fait officiellement deux semaines que j'essaie par tous les moyens de convaincre mes parents d'annuler le bal. Malheureusement ça n'a pas marché et je dois maintenant me fier sur le plan concocté avec mes sœurs pour ne pas finir la soirée, fiancé à une parfaite inconnue. Je ne suis pas idiot et je sais très bien que tout ce que j'arriverai à faire avec cette idée c'est de repousser la date où mon père va finalement me marier, mais je me dis que ça vaut au moins la peine d'essayer de le résonner un peu plus. Je ne peux toujours pas me résoudre à un mariage forcé à 22 ans.

D'ailleurs, je ne comprends pas pourquoi mon père s'entête à vouloir m'arranger un mariage considérant qu'il a lui-même souffert de celui de ses parents.

Pour moi, me marier par amour en tant que prince est très important, je crois fermement que je ne pourrais pas bien faire mon devoir de roi si je suis forcé d'apprendre à vivre avec quelqu'un que je ne connais pas en même temps.

Je prends ma douche en laissant couler l'eau chaude sur mon dos bien plus longtemps que nécessaire. Je m'habille rapidement dans mon costume trois pièces confectionnés pour l'occasion.

Je passe le temps qu'il me reste à errer dans les couloirs du palais, l'esprit perdu dans mes pensées. Je ne sors de ma rêverie que lorsque je commence à entendre des voix et des cris au loin. Je passe une dernière fois m'assurer que tout est en place dans la petite pièce secrète et y reste quelque temps pour observer les personnes qui entre dans la salle de bal. Je commence à les compter, mais me tanne vite en considérant qu'elles n'arrêtent pas d'entrer. Je comprends ce que mon père voulait dire en parlant du nombre d'invités.

J'attends dans mon perchoir que le bal soit bien commencé avant de me décider à descendre rejoindre la foule. Je m'assure une dernière fois avec mes sœurs que tout est en place et entre dans la pièce de tous mes malheurs.

Rapidement, je repère mon meilleur ami Zak au bras d'une jeune fille. Il ne semble pas trop se plaindre de sa soirée celui-là. Il me voit à son tour et quitte sa compagne pour venir me rejoindre.

-Tu sais te faire attendre toi, il me dit en riant.

-C'est pour faire durer le plaisir, je lui réponds riant moi aussi.

S'il y a bien une raison pour que cette soirée soit moins pénible, c'est la présence de Zak pour me remonter le moral. Je parle avec lui encore quelques minutes avant de voir mon père apparaitre à mes côtés, m'annonçant qu'il doit me présenter quelqu'un. Il me conduit à l'autre bout de la pièce, où une jolie brune aux yeux gris se tient patiemment. À en juger par sa posture, elle doit être l'une des princesses de pays voisins dont mon paternel m'a parlé.

-Voici la princesse Camille, du royaume voisin, dit mon père.

Je la salue d'un sourire et l'invite à danser en voyant le regard de mon père sur moi. Elle hoche la tête, acceptant ma proposition et nous partons en direction de la piste. Tout en dansant, je lui pose quelques questions, pour la forme, et c'est comme ça que j'apprends qu'elle est deuxième d'une famille de quatre, trois garçons et une fille et qu'elle a 20 ans. Elle se retrouve donc seconde au trône de son pays.

La musique prend fin et je quitte Camille pour aller observer la salle d'un meilleur point de vue. Je grimpe sur l'estrade et inspecte les personnes en bas. La plupart de fille que je vois doivent être des jeunes femmes de notre pays, alors que seulement quelques-unes d'entre elles semblent faire partie de la royauté.

Parfaitement conscient que mon père s'attend à ce que je discute avec le plus de princesse possible, je choisi de ne pas me la mettre à dos encore plus et de me mettre à danser avec celle qui me paraissent le plus comme du matériel de princesse.

Je danse et je danse jusqu'à en avoir mal aux pieds tout en entrecoupant mes valses de petites pauses nourriture.

Je suis au cœur de l'attention et j'observe de temps en temps quelques personnes chuchoter lorsque je passe à côté.

Lors d'un de mes nombreux arrêts au buffet, je repère une fille vêtue d'une longue robe rouge qui se jette sans aucune grâce dans une chaise non loin, probablement déjà épuisé de sa soirée qui ne vient que de commencer. Je décide de l'approcher, curieux de voir sa réaction lorsqu'elle me verra.

Elle sursaute légèrement en me voyant me poster devant lorsqu'elle relève les yeux.

-Quelle idée de me faire peur comme ça, elle dit.

-Eh bien, je ris, ravi de savoir que je fais peur.

Son visage devient rouge et elle rit nerveusement à son tour.

-Euh, désolé je n'avais pas remarqué qui c'était, je veux dire que c'était vous, dois-je te vouvoyer? Je veux dire, tu as pratiquement mon âge, ou vous avez pratiquement mon âge. Désolé, je dis n'importe quoi. Alors ça va, vous? Euh non, ce n'est pas ça. Mais voyons il faut vraiment que je me taise, t'es où Éli quand j'ai besoin de toi bon sang, j'aurais vraiment besoin de ta capacité au sarcasme en ce moment. Haha. C'est ça, je dois trouver Éli.

Elle finit de déblatérer et je ris légèrement devant son air anxieux.

-Désolé, elle ajoute piteusement.

-Oh, ne t'excuse pas, je lui réponds, une petite distraction, de quelque nature qu'elle soit, est toujours la bienvenue. Et tu peux me tutoyer, après tout, on a pratiquement le même âge.

Elle souffle un bon coup et me sourit faiblement

-Encore désolé, je ne suis pas toujours comme ça pour information, elle m'annonce. J'étais vraiment plus sûr pour l'histoire de vouvoyer, tantôt j'ai croisé une princesse, je crois et elle n'a pas vraiment aimé mon air amical, je dirais.

-Ce n'est pas mon cas, je la rassure. En attendant de retrouver Éli, je crois, m'accorderais-tu une danse?

-Ah oui Éli, je me demande bien ce qu'elle fait, elle ne voulait pas vraiment venir ce soir, en fait je l'y ai un peu forcé, mais je ne pense pas qu'elle soit partie sans moi, quand même.

Elle finit par me donner sa main, acceptant de danser avec moi et je l'entraine sur la piste pour la prochaine musique. Une fois les instruments muets, je prends conscience que je ne peux pas passer le reste de ma soirée avec elle et décide de la confier entre les mains de Zakary jusqu'à ce qu'elle retrouve son amie.

Je retourne à mon occupation principale du soir, mon esprit vagabondant entre la salle et la rêverie. Je vois, un peu sur ma gauche, un visage qui me parait familier, probablement la fille d'un comte du coin et j'essaie de me souvenir de son nom tout en me rapprochant d'elle. Ashley, je crois, une petite rousse aux yeux bruns. Je danse avec elle également, tout faisant un effort pour m'intéresser un peu à elle, mais j'ai la tête ailleurs. Au moins, j'ai réussi à me souvenir de son nom et je n'attends pas la fin de la danse avec ferveur pour me débarrasser d'elle.

Je jette un coup d'œil à l'horloge au-dessus de ma tête et remarque que l'heure prévu pour le coup bien mouillé de moi et mes sœurs s'approche à grand pas. Comme j'y pense, je les vois toutes les deux rentrer des jardins, suivi de près par un visage que je ne reconnais pas le moindrement. Elle croise mon regard et je fronce les sourcils en même temps qu'un énorme sourire prends place sur son visage.

Elle continue de suivre mes sœurs, même lorsqu'elles sortent de la salle et je songe un instant à faire pareil, avant de me raviser, ça vendrait la mèche si je sortais maintenant.

Je n'ai pas à attendre beaucoup plus longtemps avant de commencer à voir pleuvoir sur les invités des centaines de ballon d'eau. Je ris à gorge déployée en voyant le monde se mettre à courir dans tous les sens et je me joins à la foule sans me soucier de ce que mes sœurs ont bien pu faire de cette fille. Les ballons d'eau, c'est officiellement un succès.