Chapitre 7

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J-333

Encore une fête. Encore de la musique. Encore de l'alcool. Encore de la drogue.

Ce n'est pas Romain qui m'a invité cette fois-ci. J'étais sur mon canapé, mes parents étaient sortis comme tous les week-ends alors j'ai ouvert snapchat et j'ai vu qu'une fille du lycée que je connais vaguement organisait une fête. Je n'avais jamais fait ça avant aujourd'hui. Je ne m'étais jamais incrustée dans une fête où je ne connaissais personne. Mais la tentation était plus forte que la raison, alors j'ai pris mes affaires et je suis partie à cette fête. J'en avais tellement besoin. J'ai l'impression qu'il s'est écoulé des décennies entre la fête de Romain et celle-ci mais non. Seulement 22 jours. 22 longues et horribles journées.

Je crois que j'y suis. Je suis entrée dans le monde parallèle. Je suis allongée par terre dehors au milieu des arbres mais je ne sens pas le froid. La seule chose que je parviens à sentir c'est mon cœur. Les battements sourds et réguliers de mon cœur. C'est un son familier est apaisant et rassurant. J'ai l'impression qu'ici il ne peut rien m'arriver. Que je suis protégée par cette barrière qu'est le mélange drogue/alcool. Pourtant un bruit à ma gauche attire mon attention. Je tourne lentement la tête et j'aperçois d'abord une ombre qui se révèle en fait être celle d'un garçon je crois. Il s'approche de moi et s'allonge à ma gauche. Je n'ai pas peur car je reste convaincue que tant que je suis dans le monde parallèle rien ne peut m'arriver.

"- Salut. Lance mon mystérieux interlocuteur.

- Salut...

-Ça va ?

- Euh... Je crois oui... Et toi ?

- Je crois aussi. Qu'est ce que tu fais ici toute seule ?

- J'avais besoin et toi ?

- Aussi.

- Tu t'appelles comment ?

- Laisse tomber c'est important je crois.

- C'est vrai répond-t-il quelque peu déçu.

- Tu vas te lever un jour ? Reprend-t-il.

- Et toi tu vas arrêter de poser des questions ! Dis-je en riant.

- Peut-être...  Tu attends quoi ?

- Aucune idée. Peut-être un signe, quelqu'un, quelque chose... Et toi ?

- J'attends quelqu'un.

- Tu devrais peut-être y aller alors, je veux pas te retenir.

- Non c'est bon je l'ai trouvé.

- Elle est nulle ta technique...

- Quelle technique ?

- Celle dont tu viens de te servir pour me draguer.

- Ha... Désolé j'ai pas mieux."

Puis nous rions. Nous rions tous les deux. D'abord normalement puis comme deux fous. Ça faisait longtemps que je ne n'avais senti cette douleur au thorax et aux côtes due à un rire trop intense mais ça fait du bien de la retrouver. Puis sans que je sache pourquoi nos rires s'arrêtent nets. Soudain sa bouche chaude et humide se colle contre la mienne. Je n'ai pas peur. Je suis protégé. Rien ne peut m'arriver. Il ne peut pas revenir et me faire du mal. Ça n'est pas lui. Une immense sensation de pouvoir m'envahit.
Tu as voulu me faire du mal. Mais regarde. Regarde moi bien. Ça ne m'a touché puisque que je peux le faire. Je peux recommencer.

Je me relève quelque peut chancelante et rentre chez moi. Il n'essaie pas de me retenir. Il me laisse. Il m'abandonne. Il pourrait être là, surgir d'entre les arbres et me sauter dessus. Mais ce garçon ne sait rien. Il ne connaît ni mon nom, ni mon âge, ni mon histoire. Peut être a-t-il déjà oublié mon visage. Cette pensée me rend triste puis je m'aperçois que l'intense sensation de protection est partie. Et lui avec.

La mort en faceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant