Chapitre 21

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Luke

- Il m'a foutu en rogne. J'ai cru que j'allais l'étriper. Crie Matt en balançant ses affaires dans la chambre de l'hôtel. 

J'inspecte l'endroit du regard, un lit deux personnes et un lit une place. Une chambre familiale qui coûte un peu cher, mais je crois que je peux me le permettre au fond.

- En fait, on va devoir dormir ici combien de temps? Demande Leïla a Matt, comme si il était le mieux placé pour lui répondre.

Il hausse les épaules avant de m'interroger du regard.

- Quelques jours, peut-être quelques semaines.

- Luke, on a pas les mo...

- J'ai les moyens.

Flashback.

L'aéroport de Tachkent est plutôt grand et lumineux, malgré la couleur grisâtre qui ne rend absolument pas le lieu accueillant. Je me sens mal à l'aise ici, pas à ma place. Comme si j'étais un enfant lâché au milieu de nul part. 

Les gens se bousculent, des hommes et des femmes que je ne verrais qu'une seule fois dans ma vie.

Ils semblent tous pressés par le temps, certains ont le sourire, probablement parce qu'ils voyagent, tandis que d'autres semblent bouleversés.

J'aperçois, assis sur un des fauteuils bleus qui occupent tout l'espace, attendant que le temps défile, des couples déchirés à l'idée de se séparer. Des femmes qui pleurent, des hommes qui les consolent, et moi qui les regarde, envieux.

Pas envieux parce qu'ils se séparent, non. Envieux parce qu'ils ont quelqu'un à retenir.

Qui m'aurait retenu moi? Personne ne m'a empêché de partir.

Je n'ai plus aucun contact avec ma famille depuis un bon moment, et mes amis m'ont laissé filé, comme si au fond je n'étais qu'un homme de passage.

De passage dans leurs vies qui, probablement, se feront sans moi.

Ouais, au fond on est tous destinés a faire sa vie avec quelqu'un et laisser de coté certaines personnes, qui sont là pour une semaine, un mois ou dix ans. Qui est capable de prévoir ça, au fond? On ne sait jamais quand on parle à quelqu'un pour la dernière fois.

Je fixe l'heure affichée sur une vieille horloge accroché au mur, faisant tâche dans cet endroit. Les moyens de se payer un endroit moderne, mais pas les moyens d'acheter l'heure.

Enfin... Acheter l'heure. C'est comme si je disais acheter la vie. On serait tous plus heureux si on pouvait acheter la vie de son choix, ouais, malheureusement on vit pas dans le monde des bisounours.

J'attrape mon sac à dos qui ne contient absolument rien d'autre que quelques vêtements de rechange, et me dirige avec la même précipitation que la foule vers la sortie de l'aéroport.

J'attrape mon téléphone portable, fixant les gens autour de moi. Non, personne ne se risquerait a me voler mes affaires ici.

Je fixe l'écran tactile avec de la difficulté dû au soleil qui m'aveugle.

L'Ouzbékistan, qui aurait cru que je mettrais un pied ici un jour.

L'endroit est plutôt reculé du centre de la ville. Mais je crois que j'ai tout mon temps maintenant.

**

Après être entré dans ce lieu qui, pour n'importe qui, semblerait terrifiant, j'ai réussi à choper l'entraîneur, qui a du lui aussi y laisser sa peau plus d'une fois. Il n'y a rien qu'à voir sa gueule, défiguré.

- Donc toi, tu veux te joindre à nous? Demande-t-il sur un ton ironique, me détaillant de haut en bas.

Je secoue la tête brièvement, déstabilisé par ce regard plus que sévère.

- T'es conscient que, des mecs comme toi, bien habillé, bien coiffé, avec peu de cicatrices, on en voit tout les jours? T'es conscient qu'il faut être bien plus que...

Il me pointe du doigt, l'air écœuré.

- Qu'un petit prétentieux qui ne sait même pas à quoi s'attendre.

- Je suis loin d'être ce genre de mecs.

Un sourire en coin apparaît sur son visage, déformant un peu plus son visage marqué par le temps.

- Je te laisse une semaine. Si tu es aussi motivé que tu veux me le faire croire, tu feras parti des nôtres.

- C'est tout? Juste une semaine?

Il allume un cigare qu'il porte à sa bouche, enfumant entièrement la minuscule pièce en désordre qui a l'air de lui servir de bureau.

- Tu seras confronté à l'un des géants du ring. Il te fracassera la gueule à coup sur, ton visage est bien trop lisse pour que tu sois présentable ici. Il te fracassera, et tu te relèveras. C'est la condition pour entrer ici.

Je retiens ma respiration. L'un des plus forts. Me relever, est-ce que j'arriverais à me relever?

Bien sûr que j'y arriverais. Mais je ne peux m'empêcher de penser à ceux qui viennent ici pour se faire un peu d'argent, et qui se font littéralement massacrer.

- La seconde condition, c'est que tu ne dois parler de ça a personne. Tes amis, ta famille, ta petite-amie, ton boss, les inconnus ou médecins qui t'interrogeront pour savoir comment tu t'es blessé. Personne ne doit savoir.

- Sinon quoi?

Il hausse les épaules en esquissant un autre de ses sourires plus que flippant.

- Combien je peux me faire, niveau thunes?

Fin du flashback.

The Boy 2 [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant