Une nouvelle inattendue

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Comment une princesse commence sa journée ? Des oiseaux qui vous réveille en chantant ? Et bien, détrompez-vous, ma journée commence par un petit déjeuner ! Jusque là, rien d'anormal. Ensuite, Stella, ma fille de suite, me coiffe et m'habille. Je dois toujours être habillée élégamment, ce qui ne me plaît pas forcément... Et puis en fonction des journées, j'assiste aux audiences publiques qui permettent au peuple de demander leur requête, j'assiste aux audiences privées des ministres avec le roi, j'assiste à la parade, j'assiste aux visites du pays, j'assiste, j'assiste... Jamais je ne fais...

Aujourd'hui, nous avons une visite d'un comte et de son fils. Stella m'habille d'une élégante robe beige, m'orne de bijoux, et me maquille pendant un temps fou.

- Oh, un sapin de noël, marmonnai-je en contemplant mon reflet dans le miroir.
- La reine tient à ce que vous soyez somptueuse pour accueillir le comte Trauten, se vexa Stella.

Il me restait un peu de temps libre avant de descendre dans le grand salon. Pour tuer le temps, mon habitude a toujours été de danser dans ma chambre, à l'abris des propos colériques de mes parents sur la danse. Et voilà que pendant un temps incertain, je commence à danser, à m'évader dans mon monde, mon univers, ma vie... Je m'arrêtai net en entendant des coups à ma porte : c'était Stella qui m'appelait pour descendre accueillir le comte. Je me regardai dans la glace : de minuscules gouttes de sueurs perlaient à mon front. Peu importe l'avis du comte là-dessus, j'étais fière de moi : cela signifiait que je m'était surpassée. Il faut toujours avoir cette impression après un cours de danse. Bref, j'empruntai le grand escalier qui menait au grand salon. Je fus accueillie par des grands sourires sur les visages de mes parents.

- Isa, si le comte et son fils nous rendent visite, c'est pour te les présenter, me dit ma mère, la reine Gabriella.
- On espère de toi que tu honorera notre famille, ajoute mon père, le roi Arthus, d'un ton solennel. Sois polie, parle quand on t'y invite. Oh et, le comte Trauten est allemand. S'il ne prend pas la peine de te parler français, tu pourras lui parler allemand.

Au bout de cinq minutes, on annonça l'entrée du comte et son fils. Bien malgré moi, je gardais un sourire crispé tout au long de leur entrée. Le comte était petit, et avait l'air fatigué. Son fils était au contraire grand et maigre, avec un nez crochu. Qu'il est laid...

- Bonchour, Machestés, s'exclama le comte avec un horrible accent allemand.
- Comte Trauten, s'inclina ma mère.
- Che zui enchanté de fous rencontrer !
- Nous de même, assura mon père. Je vous présente notre fille, Isabella.

J'ai du faire une révérence trop "danse classique", car ma mère me regarda avec réprobation.

- Enchanté, me dit le comte.
- Enchanté, répéta le fils, avec un accent tout aussi désagréable. Che zui Franz.
- Euh oui, bonjour.

Ma mère les invita à nous suivre dans le petit salon afin de prendre une tasse de thé. Nous discutâmes une bonne heure (ou plutôt mes parents). Je m'ennuyais. Vraiment... Enfin, se fut l'heure pour eux de partir. Nous les raccompagnâmes dans le grand salon.

- Allez-y, Franz, dit mon père.

À vrai dire, je ne comprenais pas.

- Oui, Machesté. Isabella, me dit-il. Nous ne sommes pas venus pour rien. En fait, ch'afais une demande particulière à fous faire.

Je commençai à saisir, mais j'espérai de tout cœur que je pensais à la mauvaise chose.

- Che fous demande fotre main.

Il y eut un énorme silence. J'étais devenue écarlate. Comment pourrais-je supporter un mari comme lui, et surtout avais-je envie de me marier ? Pas du tout. Mon père rompit le silence le premier :

- Bien sûr, Isabella accepte de bon cœur, lança-t-il en m'adressant un regard noir.

À cet instant, j'aurais voulu hurler que jamais je n'épouserais cet homme si laid, et que jamais je n'épouserais personne. Mais aucun son ne sortit de ma gorge et, impuissante, je m'écroulai au sol, inconsciente...

Raison royaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant