Nous sommes dimanche. Je n'ai pas bougé de ma prison depuis jeudi, sauf qu'une deuxième rencontre avec les Trauten a eu lieu, et, bien malgré moi, je ne me suis pas évanouie. À vrai dire, plus j'y pense, plus l'idée de fuguer me paraît absurde. J'ai un sentiment de peur mêlé à de l'excitation. Depuis une heure, j'attends sur mon lit que Charlotte me signale sa présence. Je commençai à m'assoupir lorsque un bruit de verre brisé me réveille en sursaut : c'était un caillou qui avait brisé ma fenêtre.
- Oups, j'entends depuis le bas de ma fenêtre.
Je prends mon petit sac d'affaires et me glisse à travers la fenêtre. Le vent frais du matin me caresse le visage. Je me sens libre. En fait, dans mon esprit, un véritable combat s'est engagé. Tantôt la raison me crie de rester au château, tantôt la liberté m'assure de foncer à la gare avec Charlotte pour aller à Rosetant. Évidemment, je n'écoutais plus la raison. Nous courûmes dans le vent vers la gare, qui se présenta vite devant nos yeux.
- Ah c'est malin, pesta Charlotte. J'ai voulu partir tôt pour te récupérer et au final, Razter et les filles ne sont toujours pas là...
- Ah, les voilà !
- Bonjour les filles, excusez-moi du retard ! Dépêchons-nous, le train va partir. Oh, Émilie, tu t'es teint les cheveux ? Ça te va bien cette couleur brune ! Tu as des airs de la princesse Isabella !Je devins écarlate : nous avions oublié de me mettre l'habituelle perruque rousse... D'ici qu'on me reconnaisse... Nous nous hâtames vers le train qui s'apprêtait à fermer ses portes.
- Argh, plus une place !
Nous roulâmes donc debout vers Rosetant, le sourire aux lèvres. Je n'avais jamais pris le train... C'est plutôt agréable, de se laisser porter vers une autre ville par une énorme machine. Je regardai les gens autour de moi. Ils avaient l'air habitués. Certains lisaient, d'autres regardaient droit devant eux ou par la fenêtre. Je continuai mon inspection lorsque je me stoppais net devant un homme. Il me fixait. Depuis un certain temps d'ailleurs. Je soutint son regard, mais ça n'avait pas l'air de l'affecter. Il continuait à me fixer, l'air légèrement soupçonneux. Ça me gênait. Je fis signe que tout allait bien lorsque Razter nous demanda si on supportait le voyage, mais l'homme continuait de me fixe, et j'avais franchement envie de lui dire d'arrêter. Pour qui se prenait-il ? M'avait-il reconnu ? Un frisson me parcouru. À cette heure-ci, mes parents avaient sans doute déjà appelé la police, sauf s'ils continuaient de m'ignorer... Je décidai de ne plus y penser et je lâchai un grand sourire à Charlotte.
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Raison royale
AdventureQue faire lorsque l'on est la princesse héritière du petit pays qu'est la Belinia alors que l'on souhaite être une grande danseuse ? Et surtout lorsque l'on prend des cours de danse en cachette sous une autre identité à l'aide de sa meilleure amie...