The Captain's Secrets [En Réécriture]

Chapitre 2

Le marché. Un lieu riche et vivant, rempli de senteurs. Bruyant aussi. Très bruyant : l'un vantait ses produits d'une voix criarde, d'autres fustigeaient d'éventuels perturbateurs, des familles se pressaient, les enfants piaillaient, les anciens ébruitaient les secrets. Tout ce beau petit monde faisait de cet endroit une place idéale pour les petits – voir les gros – chapardeurs. Et il y en avait dans tous les recoins.

Un vendeur de fruits frais et de légumes apostrophait les passants. Ceux-ci s'arrêtaient de temps en temps, achetaient puis repartaient dans la foule dense. Tout voleur sait qu'un marchand occupé avec un client potentiel est une proie facile.

Ce fut ce moment de négligence que choisirent quatre petites mains pour se glisser parmi l'étalage garni. Vingt petits doigts s'emparèrent incognito de quatre oranges bien mûres. Quatre petits pieds prirent leurs jambes à leur cou. Deux petites têtes d'enfants émergèrent du flot continuel des allées et venues. Deux sourires leur répondirent.

- Tenez les gars ! annoncèrent les deux enfants. Votre petit-déjeuner !

- Notre petit déjeuner vous voulez dire, répondit Kagan en leur faisant un clin d'œil.

Le groupe de quatre s'installa à l'abri des regards et commença à manger.

- Délicieuses, s'émerveilla Nassim.

Ils finirent goulûment leurs fruits et filèrent se promener dans les rues. Ils discutèrent joyeusement puis se séparèrent.

- A demain ! s'exclamèrent les deux amis.

Une fois les enfants partis, ils continuèrent leur marche matinale.

- Ils sont courageux, admira Nassim. Quand on sait comment ils ont souffert...

- Oui, ça c'est sûr. Comment ça ?

- Tu savais pas ? Ils sont orphelins, la mère morte en couche. Le père les a abandonnés juste après. Ils ont pu survivre uniquement car une vieille couturière les a recueillis. Elle a quitté ce monde voilà quatre ans. Tu te rends compte ? Neuf ans et déjà aussi doués que nous !

- Les pauvres... Et dire que c'est de plus en plus courant ce genre d'histoire dans le royaume...

- Ouais, c'est clair. En même temps, il faut pas s'attendre à grand-chose de la part d'un vieux roi sans héritier... Je suis certain qu'il voit même pas son royaume dépérir.

- Et surtout le peuple. Nous en somme.

Ils se regardèrent d'un air entendu et soupirèrent en cœur, ce qui leur arracha un maigre sourire.

Riant tristement, ils se posèrent dans une venelle aux murs éclairés d'une douce lumière. Assis par terre, ils se perdirent dans les nuages cotonneux. Mais le rêveur, c'était plutôt Kagan. A quoi ou plutôt à qui il pensait, nous pouvions facilement le deviner.