Chapitre 3

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Iman et Maliya étaient assises sur deux vieux tabourets de bois

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Iman et Maliya étaient assises sur deux vieux tabourets de bois. Elles étaient assises depuis des heures. Elles en avaient marre d'être assises là d'ailleurs. La fin de la journée sonnait et elles n'en pouvaient plus. Elles travaillaient ainsi chaque jour, mais jamais elles ne pourraient s'habituer à ce train de vie harassant.

Le matin dès l'aurore, pendant que les garçons allaient voler, elles faisaient d'interminables aller et retours pour ramener de l'eau au village. Ensuite, elles se rendaient à l'atelier, souvent avec la laine fraîchement tondue, qu'elles s'étaient procurées au bazar de la ville. Elles y confectionnaient des tapis persans médiocres, contre une minime somme d'argent, à peine suffisante pour acheter de quoi les vêtir et régler les taxes croissantes.

Tous les jours, elles fabriquaient des trames, des chaînes, tissaient et nouaient en farsbâf joffti la laine de piètre qualité – la tabachi – pour « gagner du temps », comme disait le maître tisseur – et accessoirement faire perdre de la valeur à la marchandise.

Mais elles ne faisaient pas toutes les deux les mêmes tâches : Iman travaillait surtout sur le métier vertical fixe tandis que Maliya teignait les écheveaux de laines et le coton avec les colorants qu'elle élaborait : elle écrasait les plantes, feuilles de vignes pour le jaune, feuilles d'indigo pour le bleu, racines de garance pour le rouge, effectuait quelques mélanges, bleu et jaune avec du sulfate de cuivre pour le vert et noix de galle ou poils de chameaux, voire de moutons, pour le noir. 

La plupart des produits provenaient des régions voisines, le commerce demeurant la seule activité qui permettait au peuple de survivre.

Mais finalement, peu importait qui faisait quoi, le résultat en fin de journée restait le même : leurs doigts étaient rougis, des ampoules leurs dévoraient les mains et leur dos et muscles courbaturés les faisaient souffrir. 

Elles n'avaient hélas pas le choix, il fallait bien vivre. Et ce malgré la mort du père de famille... La pauvre veuve n'avait pu trouver d'autres emplois que celui de confectionneuse de carpettes, dans cette boutique lamentable où œuvrait une quinzaine de femmes. Celles-ci n'avaient pas autant de choix de métier que les hommes, étant plutôt destinées à s'occuper du logis et des enfants.

On pouvait se demander pourquoi les deux garçons ne travaillaient pas. La raison était simple : Nassim était le fils de Daria et son mari subvenait à leurs besoins matériels et payait les impôts. La pauvre femme était certes pleine de confiance et d'autoritarisme, avec sa voix tonitruante et son charisme formidable, mais elle n'en restait pas moins boiteuse et fragile physiquement.

Kagan lui, se débrouillait pour trouver des vêtements et manger. En échange de l'hébergement, il amenait la nourriture. En suivant ce rythme, tous survivaient dans ce pays en crise. Difficilement c'est certain, mais la plupart des gens du peuple subissait ce calvaire alors, entre eux, ils se serraient les coudes. C'est pourquoi Kagan logeait chez Iman.

Vu leur âge, les deux garçons auraient dû quitter le nid familial, mais ils profitaient d'un sursis en quelque sorte. Les emplois manquaient dans la cité et les mendiants se multipliaient. Si les jeunes gens étaient partis pour faire leur vie, ils se seraient retrouvés à la rue et mourraient sûrement de faim.

The Captain's Secrets [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant