The Captain's Secrets [En Réécriture]

Chapitre 9 (2)

Si le paradis existait sur terre, les jardins du palais le représentaient à merveille. Partout, la nature colorait l'espace. De part et d'autre de l'allée conduisant à la porte de la demeure royale, des arbres exotiques ombrageaient la terre recouverte d'herbe verdoyante. Des fleurs jalonnaient de petits chemins de promenade, agrémentés de statues d'animaux. Les arbustes étaient joliment taillés, des fontaines de marbre siégeaient entre les divans garnis de coussins ourlés de couleurs. Les chants mélodieux des oiseaux apaisaient les esprits, le bruit de l'eau rafraîchissait l'atmosphère.

Plus loin, des musiciennes vêtues de soie distrayaient un groupe de personnes, émerveillé par les sons harmonieux de l'oud, de la cithare et des flûtes. Une jeune femme chantait au centre des musiciennes, ravissant ses admirateurs.

Kagan s'imprégnait frénétiquement de ce qu'il voyait, tentait de graver l'image de ce bonheur tranquille dans sa mémoire. Tout en ce lieu inspirait la quiétude et le jeune homme se laissa enivrer par ce doux sentiment.

Les yeux grands ouverts, il marchait vers le palais, suivant le prétendant qui le précédait. Il n'en revenait pas. Lui qui n'avait pas vu d'arbres depuis des années, les hommes ayant abattus les arbres morts après l'installation de la sécheresse... Si seulement Nassim pouvait voir ça regretta-t-il. L'espoir battait à nouveau dans le corps de Kagan. Le goût du bonheur lui montait à la bouche. Si je deviens roi, voilà à quoi ressemblera ma vie, s'émerveilla-t-il. Cette vie était à sa portée. Il pourrait reprendre en main le royaume, anoblir sa famille adoptive, mettre fin aux guerres civiles, ouvrir les portes du palais pour que la plupart du peuple puisse profiter brièvement de cet Éden terrestre tandis que lui en jouirait constamment. Il avait tant de projets à concrétiser... Et il avait un avantage : la princesse le connaissait. Plus de doutes, elle se souviendrait de lui quand elle le verrait. En trois ans, il n'avait pas énormément changé, à un détail près : maintenant, il était un homme. Bientôt, il atteindrait ses dix-neuf ans et s'il devenait roi, il partirait secrètement voyager dans le monde pour enrichir ses connaissances. Avec Nassim si possible. A moins que ce couard n'ai trop peur ne quitter sa petite famille. Je le convaincrai, songea Kagan. C'était son meilleur ami tout de même !

Il s'arrêta brusquement, sortit de ses rêves ambitieux. Des gardes le toisèrent et l'un d'eux s'approcha.

- Tu es un prétendant ?

Celui-ci ne me vouvoie pas, remarqua Kagan, Ils ne sont pas tous polis ici.

- Oui.

- Suis-moi.

Silencieusement, Kagan marcha à la suite du garde baraqué qui lui avait adressé la parole. En chemin, il ne put s'empêcher de contempler ce qui l'entourait : l'iwan, puis les mosaïques et les sculptures. Ce n'était décidément pas le même monde.

Ils traversèrent nombre de couloirs pour enfin aboutir à une impasse. Les murs étaient percés d'ouvertures d'où venaient des éclats de voix. Sûrement les autres prétendants se dit-il. Le garde tourna dans l'une des ouvertures et conduisit le garçon dans une petite pièce. Les meubles, certes précieux, se résumaient à deux sofas, face à face.

- Assis-toi là, indiqua un autres garde à l'air conciliant, tandis que ses collègues repartaient en sens inverse.

Kagan prit place sur le sofa, en face de celui où ledit garde venait de s'asseoir. L'homme à l'air conciliant soupira de lassitude et commença.

- Voici la première épreuve. Je vais te poser quelques questions. Tes réponses définiront si tu pourras être qualifié pour la seconde épreuve ou non.

Dubitatif, le jeune homme ne put se retenir de demander :

- Mais, c'est tout ?

Son interlocuteur, las, fronça les sourcils.