Chapitre 4

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- Au fait, vous n'aviez pas quelque chose à nous dire ?

Ils se tournèrent tous en même temps vers Nassim.

- Vous savez les filles, vous parliez d'une nouvelle extraordinaire entendue ce matin.

- Ah oui c'est vrai ! Ça m'était sorti de la tête, dit Iman en se relevant péniblement. Avec toutes vos bêtises...

- Alors, c'est quoi cette nouvelle qu'on a ratée ? demanda Kagan.

- Mettons-nous à table d'abord. Je vous raconterai pendant le repas.

Chacun à leur tour, ils se défirent de l'entrelac de bras et de jambes qu'ils avaient formé. L'hilarité était un peu retombée, mais l'euphorie leur dévorait les entrailles. La faim aussi.

- Bonne idée ! s'exclama Maliya. Faire le ménage, ça creuse.

- C'est ton rôle de femme, tu vas devoir t'y habituer, rétorqua Nassim d'une voix grave.

- Mais quel macho !

- Je plaisante ma douce ! assura le garçon brun. Après notre mariage, on se partagera les corvées c'est promis.

Maliya détourna le regard.

- Il rêve ! se moqua-t-elle.

Pourtant, un sourire illumina son visage un bref instant.

Elle tira un tabouret et attaqua son repas. Les autres l'imitèrent, sauf Iman qui était déjà prête depuis longtemps. Leur assiette était garnie pour une fois : un peu de riz, une tranche de pain, un morceau de poulet et une noix. Ils ne mangeaient pas tout, il fallait économiser : on ne savait jamais, les garçons ne trouveraient peut-être rien le lendemain...

- Bon, Nassim, comme c'est un peu grâce à toi qu'on a toute cette nourriture, tu as l'autorisation de manger avec nous.

- En fait, il n'avait pas besoin de ton autorisation, il s'est invité tout seul, déduit Kagan.

- D'un côté, c'est assez pratique. La nouvelle vous concerne tous les deux en fait. Tu veux leur dire Maliya ?

L'intéressée secoua la tête. Iman prit donc la parole :

- Très bien. Ce midi, alors que nous travaillions dans l'atelier, deux amies revenant du bazar sont arrivées. Comme je vous l'ai si souvent dit, ces pipelettes sont toujours au courant de la moindre information. D'expertes commères.

Repenser à ses deux collègues de travail la fit glousser.

- Elles avaient l'air étrangement enthousiaste, reprit-elle, mystérieuse. Dès qu'elles se sont mises au travail, elles ont commencé à nous parler de la nouvelle que le crieur avait annoncée le matin même. Elles ont demandé si on savait. On a dit non, puisqu'on colorait, nouait et tissait depuis le début de la journée. Et ce n'est pas en allant chercher de l'eau à l'aube qu'on peut glaner des informations, à cette heure-là, on est tous endormi et de mauvais poil. De toute façon les nouvelles sont pas proclamées si tôt, le temps que les riches finissent leur grasse matinée, précisa-t-elle avec une pointe de sarcasme. Elles ont donc insisté pour nous la raconter. Le roi aurait décidé de « se bouger le postérieur » et il voudrait trouver un mari pour sa fille rapidement.

- Non de... ! étouffa Kagan en serrant les dents.

La mère aux courbes généreuses s'était arrêtée, désireuse de voir quel effet la nouvelle produisait sur les deux garçons.

The Captain's Secrets [En Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant