Sophia jeune dakaroise annonce à son copain qu'elle attend son enfant. Mais ce dernier ne le croit pas et le chasse de la vie avant de quitter le pays. A l'annonce de sa grossesse sa famille la jette dehors. Seule, trahie, abandonnée par les gens q...
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Sophia se tordait les mains, se tenait le visage ; se balançait la tête et puis poussa un long soupir. Quelques instants plus tard elle reprenait le même schéma. Elle était un peu perdue. Ce rêve qu'elle avait fait d'une telle intensité l'avait déstabilisée plus qu'elle ne voulait l'admettre.
Mouhamed débarquait dans sa vie après dix ans. Dix longues années depuis qu'il l'avait abandonné, trahie et pourtant malgré toute sa colère, rancœur et rage elle avait rêvé de lui. Dans ce rêve tout était tellement merveilleux et délicieux mais le réveil avait été amère de se rendre compte qu'elle était toujours seule et lui quelque part et une autre dans ses bras.
Sophia avait beau se débattre, nier mais depuis ce câlin dans la cuisine quelque avait changé. C'est comme si on avait lavé son visage pour qu'elle puisse enfin voir la réalité. Qu'il aimait son fils, que la mort de cette petite être qu'elle n'osait même pas prononçait son nom comptait pour lui et que la culpabilité qu'elle avait lu dans ses yeux étaient réelle mais le pire c'est qu'il avait réveillé son corps endormi. Et maintenant ce sale traite voulait retrouvé cette source de réconfort, de tendresse et d'amour. Il voulait être caresser, toucher, effleurer; embrasser , être lécher et plus que tout être aimer.
Sa haine envers Mouhamed était son paravent et maintenant qu'elle ne l'avait plus, elle était un perdu. Parce que dix ans de solitude pesait dans son corps et âme et ce désir qu'elle avait allait tout simplement la rendre folle. Elle avait tellement faim d'amour.
-Maman?
Sophia sursauta, une main posait sur sa poitrine.
-Ahmed? Tu m'as fait peur! Mais dis moi qu'est ce que tu fais ici?
-Papa va bientôt arriver et je voulais me laver.
Elle regardait plus attentivement son fils et remarqua à quel point il était sale. De la poussière partout et le pire c'est qu'il était habillé en blanc. Un blanc que l'on ne voyait presque plus.
-Ahmed tu as joué avec les ânes ou quoi? Comment cela se fait il que tu sois aussi sale nom de Dieu?
Il le regarda contrit avant de répondre doucement :
-J'étais au cimetière pour nettoyer les tombes et parler un peu avec Khady alors...
Pour une fois ni amertume ni rage ne la remplit juste une douce tristesse et une folle envie de pleurer. Elle n'ajoutait rien car elle savait que tous les deux ressentaient et pas besoin d'y rajouter quoi que se soit . Se leva elle lui dit d'un ton taquin:
-Allez viens ta mamounet chérie va te donner ton donner.
-Hors de question s'écria-il avec effroi . Je suis plus un bébé!
-Peut-être bien mais tu reste mon petit garçon préféré.
