Un Labyrinthe, des prisonniers

1.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux, ce qu'elle rencontra fut l'obscurité. Et du métal. De partout. Comme si elle était dans une cage. Elle se mit à quatre pattes pour se lever mais mais la "cage" trembla, la faisant tomber à la renverse. On aurait dit qu'elle montait. Que se passe-t-il ? La jeune femme se mit à croupis en essayant de garder son équilibre avant de se mettre debout sur des jambes tremblantes et de se mettre à taper sur le plafond en acier de la cage en criant silencieusement à l'aide. Où était-elle ? Tout ce dont elle se souvenait, c'était... Elle fronça les sourcils et se concentra. Mais aucun souvenirs ne lui revint. Elle chercha au fin fond de sa mémoire, mais rien. Etait-elle devenue amnésique ? En fait, elle ne savait pas si elle l'était déjà de base ou non.

Soudain, la cage s'immobilisa brutalement faisant, encore une fois, tomber à la renverse la jeune femme. Elle attendit pendant une durée indéterminée, dans le noir et pour seul son le bruit de sa respiration. Puis, au-dessus d'elle, deux portes s'ouvrirent. La jeune femme ferma ses yeux bleus par réflexe à cause de la luminosité. Après s'être habituée à la lumière, elle leva les yeux et aperçut plusieurs têtes. Un garçon blond, assez musclé, avec le nez raplati descendit dans la cage. Il l'examina de la tête aux pieds avant de déclarer :

- Les gars, c'est une fille!

Les autres poussèrent des exclamations de surprise. Le garçon la prit dans ses bras et la porta en dehors de la cage. Arrivés en haut, il la lâcha, la faisant s'étaler de tout son long au milieu d'une bonne cinquantaine de garçons. Pas une fille. Super. Les garçons rigolèrent, ce qui la mit en colère. En guise de vengeance, elle fit un croche-pied au garçon qui l'avait sortie et à son tour, il s'écrasa de tout son long parterre. Les autres rigolèrent à nouveau. Bien fait !

- Espèce de sale... tu vas me le payer ! grogna-t-il.

La jeune femme se leva vivement et recula avant de rentrer dans un garçon blond, à la mâchoire carrée et aux yeux noisettes. Ce dernier la devisagea de la tête aux pieds. La jeune femme l'ignora et s'éloigna de quelques pas de lui avant de tourner sur elle-même pour observer où elle était. Les garçons la dévisageaient comme si elle était une bête sauvage. Celui qu'elle avait fais tomber se releva et lui lança un regard inspirant tout sauf de la sympathie. Soudainement, elle eut l'idée de relever son majeur, comme si c'était un signe de défi. Elle ne savait pas ce que cela signifiait... ou plutôt, elle ne s'en souvenait pas. Le garçon serra les poings tandis que sa mâchoire se contractait, faisant prendre conscience à la jeune femme que ce signe allait certainement lui causer des problèmes. Le jeune homme s'avança d'un pas décidé. La jeune femme esquissa un sourire crispé avant de se retourner en bousculant les garçons qui étaient devant elle et de partir en courant.

Au fur et à mesure qu'elle avançait, une tour en bois se dressait à l'orée d'une forêt. Ne voulant pas monter au sommet, la jeune femme se cacha dessous et s'asseya le long d'un pilier en bois. Elle attendit que le garçon vienne la chercher, mais rien. Au bout d'un certain temps, elle entendit des pas. Elle tourna la tête vivement et son regard rencontra celui d'un jeune homme noir. Il devait avoir à peu près dix-huit ans et paraissait aimable. Il s'accroupit à côté d'elle, souriant.

- Excuse Gally pour t'avoir fait tomber. Il n'aurait pas dût le faire. Soit dit en passant, tu t'es bien défendue, dit-il. Je m'appelle Alby. Est-ce que tu te souviens de ton nom ?

Elle allait ouvrir la bouche pour acquiescer quand elle se rendit compte que non seulement, elle n'avait pas de voix mais que en plus elle ne se souvenait pas de son nom. Elle chercha au plus profond de sa mémoire en vain. Etait-ce normal ? Elle chercha encore et encore, fronçant les sourcils, yeux fermés jusqu'à avoir un violent mal de tête. Dans son obscurité à elle, la jeune femme pu distinguer faiblement des formes floues. Puis ces formes se révélèrent être des lettres. Cinq lettres qu'elle distinguait avec peine.

Elle ouvrit les yeux et fixa le garçon avant d'écrire ces lettres dans la terre.

- Jenny ? Bon, j'vais te faire visiter vite-fait l'endroit parce que tu es arrivée un peu tard et ce soir on fait une petite fête.

Elle acquiesça encore une fois silencieusement. Ce qui la troubla encore plus que sa voix manquante. Pourquoi ne lui avait-elle pas répondu de vive voix ? Savait-elle parler ? Oui, elle en était sûre. Elle le ressentait. Mais pourtant, les mots restaient bloqué dans sa gorge. Serait-ce de la peur ? Mais au juste, c'est quoi la peur ?

Alby se leva et elle fit de même. Ils montèrent au sommet de la tour qui se trouvait avoir un nom : l'Observatoire. Au sommet, Jenny remarqua que l'endroit était entouré de quatre grands murs en pierre. Tandis qu'elle se questionnait mentalement sur ces murs, Alby lui présentait les différentes parties de l'espace où ils se trouvaient. Le Bloc. Mais Jenny n'écoutait le garçon que d'une oreille. Elle capta tout de même le nom de la cage: la Boîte.

- Pour tenir l'équilibre, on a trois règles. Trois règles que tu dois impérativement respecter. La première, tu fais ton boulot. Tu as peut être remarqué que tu es la seule fille, mais ce n'est pas pour autant que tu dois te la couler douce. La deuxième, ne frappes jamais un autre Blocard. Notre communauté est basée sur la confiance, pour tout à l'heure avec Gally c'était exceptionnel mais que ça ne se reproduise plus. Et la troisième, tu ne franchis jamais, jamais les murs.

Les murs ? Ces immenses choses qui l'attiraient. Jenny montra du doigt les murs et lança un regard interrogateur au chef. Après tout, il faisait la visite et semblait commander... Il était le chef, Jenny en était sûre.

- Là-bas, c'est le Labyrinthe mais sous aucun prétexte tu ne dois aller là-bas. Est-ce que c'est clair ?

Elle acquieça. Pourquoi ne devait-elle pas franchir les murs ? Qui avait-il de l'autre côté ? Mais au moment où elle voulut ouvrir la bouche, encore une fois, les mots restèrent bloqués.

- Bien. Jenny, bienvenue au Bloc.

Alby descendit, laissant seule la jeune femme au bout milieu d'un flot de pensées.