Chapitre 1

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A peine sortis de la prison, la chaleur étouffait les deux évadés. Deux pas plus tard, le soleil était caché sous une épaisse couche de nuages noirs, mais la pluie ne tombait pas. Les pouvoirs de Lierre s'étaient à nouveau éveillés . Rapidement, plus un seul rayon de lumière ne filtrait à travers l'eau suspendue . Lierre se mit à pleurer tandis que sa Rose blanche s'illuminait à nouveau. Ce spectacle suffit alors à lui redonner une once d'espoir. Il resterait à ses côtés pour rattraper ses ténèbres et la guider dans ses propres limbes .

-Ne t'en fait pas. Demain je t'apprendrais à gérer tes pouvoirs. Pour le moment, ce n'est pas plus mal de cacher le soleil, il fait plus frais, nous avons plus de chances de survivre. Mais il nous faut nous éloigner d'ici, quand nous serons à une journée de marche, je te ferais commencer ton entraînement. En attendant, allons y !

Mais aller où ? Certes, elle irait n'importe où avec lui, elle le suivrait jusqu'au bout du monde, rien que pour le remercier de l'avoir sortie de cet enfer. Mais le monde, vingt ans après leur enfermement, n'était plus qu'une terre désolée et aride, du moins de ce qu'ils pouvaient voir. Aussi loin que leur yeux et la lumière produite par Rose leur permettaient de voir, la terre n'était rien d'autre qu'une large bande d'argile craquelée. Mais l'instinct de Lierre lui souffla deux mots. Tout droit. Il leur fallait toujours marcher tout droit.

Elle vit alors l'étoile humaine se baisser pour ramasser quelque chose. Une gourde de cuir, et un sac à dos en osier. Des vivres. De quoi survivre quelques jours.

Un pas, puis un autre, avancer et s'enfoncer toujours plus loin dans l'étendue de ce désert aride ..

-Stop ! Écoute.

Rose s'était subitement arrêté . Lierre tendait l'oreille, et au bout d'un long silence des plus complets, elle l'entendit . Un long râle d'agonie, créant en elle une peur irrationnelle .

-Tu peux stopper ta lumière ? On est repérables, enfin surtout toi, moi il ne me verra pas .

-C'est impossible, je peux l'atténuer au maximum, mais je ne peux pas éteindre mon flux magique, j'en mourrais .

Les pensées de la jeune femme se bousculaient et s'entrechoquaient . Puis vint l'idée .

-Passe moi le sac ! Tout de suite !

Rose s'executait rapidement, et heureusement, c'était une question de survie . Elle retourna le sac, qui ne se vidait pas . La nourriture tombait en flux continu. Une corne d'abondance. Mais elle ne trouvait pas ce qu'elle cherchait .

-Mais y a aucun putain de couteau là dedans !

-Attends, il y a une poche sur le devant .

Rose sorti une lame tranchante de la poche en question .

-Donne la moi ordonna-t-elle.

-Mais...

-Toi il te vois, moi, il ne s'attendras pas à ce que j'attaque, je n'existe pas à ses yeux !

Rose parut peser le pour et le contre , mais finit par obtempérer en entendant les gémissement se rapprocher dangereusement.

Un humanoïde finit par sortir de l'ombre . Oui, un humanoïde, un être à l'apparence globalement humaine, mais qui n'avait psychologiquement plus rien d'humain .

-Monsieur ? Monsieur ? Vous allez bien ?

La plante grimpante n'eut d'autre réponse qu'un grognement sourd et plaintif.

Alors elle empoigna mieux le couteau, s'avança lentement vers la source de bruit, et fit couler un sang noir, plus noir même que le charbon.

Au premier coup de couteau, le sang sauta sur les deux vivants , et des milliers de petites gouttelettes ruisselèrent sur les vêtements de l'ancienne prisonnière.

Le second fut moins violent, les gouttes ne furent expulsées qu'a une dizaine de centimètres du corps déjà en décomposition.

Le dernier, en plein cur, ne fit pas couler de sang, mais le corps disparu en fumée noire.

-Ça va Lierre ? Il ne t'as pas fait mal au moins ?

-Non, tout va bien, j'lai tué... Mais si tu pouvais baisser en luminosité, ça m'arrangerais ...

-Ben si tu pouvais dés-obscurcir un peu, on en serais pas là !

-Mais tu sais très bien que je ne sais pas me gérer ! C'est la première chose que je t'ai demandée de m'apprendre !!

-C'est vrai, pardonnes moi.. Tu viens de me sauver la vie en plus.. Je suis désolé. Continuons de marcher, demain , tu apprendras à gérer tes pouvoirs.

-MON pouvoir, je n'en ai qu'un seul.

-Oh non ma belle, tu te trompes royalement, je crois en plus que je vais devoir te faire découvrir le reste. On a du pain sur la planche, alors autant commencer maintenant.

La petite dispute des deux survivants n'avait en rien affecté la petite plante verte. Elle était assez forte pour supporter une petite tension de temps en temps. C'était tout a fait sain pour elle, comme pour leur relation. Ça remettait ses sentiments en place, les refrénais, les empêchaient de devenir trop forts, trop rapidement, quitte a se voir plus que détruits dans quelques mois.

-Tu crois qu'on est les seuls survivants ? Il y en avait peut être d'autres dans la prison..

-Ne te pose pas trop de questions belle plante, et mange, on a de la route a faire.

En effet, il y avait de la route à faire, et de la nourriture éparpillée sur une vaste étendue du sol.. Mais c'est un fruit acide et jaune qui attira l'attention de la jeune brume. Du citron. De l'extérieur , on ne pu voir qu'une ombre rapide se précipiter sur le fruit et le dévorer. L'homme de lumière lui écarquilla les yeux de surprise. La jeune femme de brumes lui paraissait pourtant si douce, que la voir se précipiter sur un fruit si acide le surpris.

L'ombre leva les yeux vers son éclaireur, et le vit ramasser tout les citrons qu'il pu trouver, pour les lui tendre. Son cur noir s'en vit reprendre des couleurs. Le rouge de la passion coulait à nouveau dans ses veines, toujours plus rapidement, toujours plus lumineux.

-Merci, mais tu n'étais pas obligé...

-Tu as l'air de tellement aimer ça ... Je voulais te faire plaisir. Bon, tu peux marcher en mangeant ? On doit vraiment avancer.

-Oui , je peux faire ça.

Le visage de Lierre s'illumina d'un grand sourire , et elle n'avait plus rien d'une ombre à présent.

Rose lui tendit la main, qu'elle saisit avec bonheur. Un courent presque électrique les traversèrent, et elle pu voir ses yeux. Des yeux bruns, envoyant une chaleur hors du commun dans ses veines. Ces yeux la réchauffaient, lui donnaient espoir .

De l'autre côté, les yeux bleus verts, aux reflets argent et dorés perturbaient le jeune homme. Ils lui insufflaient un sentiment d'urgence, le besoin de la protéger à tout prix, d'être proche d'elle, de tout savoir .

Il lâcha sa main, et s'éloigna. Il était hors de question de s'attacher maintenant, quand tout semblait si dangereux.

Et pourtant, il était trop tard.

-Lierre.. Je dois te dire que ...

-Oui ?

-Non .. Rien laisse tomber ..

Il était déjà enivré d'elle, et elle sentait qu'elle ne pourrais survivre sans lui.

PrisonnièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant