Chapitre 2

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La marche était épuisante. Au moins n'avaient-ils pas recroisé d'humanoïde. Lierre se sentait de plus en plus épuisée. Mais elle n'avait aucun droit de se plaindre. Toujours continuer, marcher , toujours plus loin.

-A l'heure qu'il est, le soleil aurait déjà dû être couché . Bien évidement, on ne voit aucune différence, puisque le ciel a été noir toute la journée, mais on peux enfin se reposer.

Lierre ne se laissa pas prier. Elle s'affala enfin sur le sol, et s'endormit presque aussitôt . Elle se sentit observée, mais cela ne la dérangeait pas .

Pas plus que de se réveiller le lendemain dans les bras de Rose, qui durant son sommeil l'avait prise dans ses bras, de manière très protectrice. Elle fit semblant de dormir encore un peu, le temps qu'il se réveille et se rende compte de ce qu'il faisait . Elle s'y sentait bien, si bien qu'elle fut totalement déçue quand, dix minutes plus tard, il se détacha brusquement d'elle en se réveillant . Elle continua de faire semblant de dormir, si bien qu'il dû la réveiller en lui caressant son épaule nue , le tissus de sa robe étant retombé plus bas sur son bras.

-Lierre .. Réveille toi, le soleil est déjà haut !

En effet, le soleil brillait depuis déjà quelques heures, et Lierre elle n'avait pas encore interféré avec la luminosité, car elle n'avait pas encore ouvert les yeux . A peine le fit-elle , que le soleil et la lumière disparurent sous une épaisse couche de nuages.

-Tu vois pourquoi je ne voulais pas me réveiller ? Murmura-t-elle . Bon, y a de ça, mais aussi que j'étais vraiment bien dans tes bras.

Un rire franc sorti de la poitrine de Rose, cet homme de lumière. Il était néanmoins gêné. La lumière qu'il diffusait était de plus en plus forte , et aveuglait la plante de brume .

-Excuse moi, je voulais vraiment pas me coller à toi comme ça... Je ne l'ai pas fait exprès...

-T'as pas à t'excuser... Par contre si tu pouvais baisser la luminosité .. C'est pas que j'aime l'obscurité mais... Je SUIS l'obscurité.

-C'est vrai. Mais ça va changer ! Premier entraînement, je baisse ma luminosité, mais tu écartes tes nuages !

-Mais... Je fais ça comment moi ?!

-Du calme la rassurait-il. Pour commencer calme toi. Et imagine que les nuages rentrent à nouveau dans tes yeux, c'est la source de ton pouvoir .

Elle se calmait alors, fermait les yeux, et imaginais.

Ce n'est qu'au bout de quelques heures qu'elle y parvint, au prix de grands efforts. Épuisée, elle tremblait, les bras entourant ses jambes. Rose, inquiet, la pris dans ses bras.

-C'est magnifique ce que tu viens d'accomplir, tu le sais ? Tu apprends bien plus vite que moi... Reposes toi. Un citron ?

Rien que la pensée de cette personne lui disant ces mots, et lui offrant son fruit préféré suffit à rassurer Lierre. Rose était la personne qu'elle espérait depuis déjà plus de trente ans.

-Tu as quel âge au fait ? Moi Je fête mes 400 ans demain, si je me souviens bien. J'en suis pas sûr, j'ai eu du mal à compter enfermé dans ma pièce ..

-Trois cent quatre vingt quinze demain. Moi j'ai compté. J'ai compté chaque fichu jour de cette existance , chaque jour où j'étais sûre de ne faire de mal à personne. On est encore jeunes, pour des non humains. On a encore plein de choses à faire, à accomplir. Mais je ne voulais faire de mal à personne. Je me souviens d'un jour où ..

Lierre plongeais dans ses souvenirs, les souvenirs d'avant son enfermement. Des souvenirs de quand elle vivait parmi les humains, se cachant derrière les fourrées, un morceau de tissus sur les yeux pour éviter d'éteindre le soleil. Elle repensait au nombre de villages qu'elle avait plongés dans une obscurité totale et éternelle. 500. Elle avait plongé 500 villages dans les ténèbres avant de se laisser attraper. Ça datait de quand elle ne voulait plus porter de tissus sur les yeux. Ça datait du jour où elle avait voulu voir son frère, pour la première fois de sa vie. Le jour où son frère était mort. Parce qu'elle l'avait touché.

Non, elle ne lui dirait pas. Pas aujourd'hui. Elle ne le connaissait pas encore assez. Et hors de question de le faire fuir .

-Lierre ? Tout va bien ?

-Oui .. Je ... Rien, laisse tomber..

-Si tu veux.. Mais je compte bien sur le fait qu'un jour tu me fasses assez confiance pour me le dire.

Cela mis un coup au cœur de la jeune fille. Ce n'était pas l'intention de Rose, mais le mal était fait. Elle lui faisait confiance. Atrocement confiance, c'était la première personne à avoir pu la toucher sans périr. C'était pour ça qu'elle lui faisait bien plus que confiance.

-Je te fais confiance , mais je ne veux pas te faire fuir. D'ailleurs, tu caches bien des choses toi aussi ! Pourquoi tu ne veux pas que je t'appelles par ton prénom, Rose ?

-Je n'en parlerais pas, mas tu peux m'appeler comme tu veux, et utiliser ce prénom... Tant que personne n'est vivant par ici. Tu seras la seule à connaître ce secret. Mais jamais, non, n'utilise jamais le nom d'un arbre pour m'appeler. Jamais.

Lierre n'insista pas, et croqua dans un morceau de citron. Son cerveau tournait à plein régime. Pourquoi cacher son véritable nom ? Sûrement pour les mêmes raisons qu'elle avait de cacher son passé.

-Bon, on reprends. 

PrisonnièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant