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Je passais la nuit dans mon hamac, ne parvenant pas à dormir. Mes pensées se bousculaient dans ma tête ; Newt, Thomas et ses idées suicidaires, les Griffeurs, les portes qui ne se fermaient pas, Gally qui pensait me faire peur... J'étais sûre que le trou que nous avions trouvé avec Minho et Thomas était la sortie, notre billet de retour chez nous. Je pensais à ma famille, à mon Kilian, s'ils étaient toujours en vie. S'ils me reconnaissaient. Je pensais à WCKD, ceux qui nous avaient envoyés ici. Leur nom était écrit partout, sur les seringues qu'ils nous avaient envoyés, sur les murs, sur tout. 

- Eh, Leena ! Tu dors ? chuchota une petite voix. 

C'était Chuck. 

- Non. Qu'est-ce qu'il y a, Chuckie ? 

- Je peux venir avec toi ? 

Il s'assit sur mon hamac et je me redressai, à l'écoute.

- On va vraiment sortir de là ? 

- Mais oui, bonhomme. Thomas, Minho et moi, on pense savoir par où sortir. Je te promets qu'on va sortir.

- Il m'a promis ça, Thomas, lui aussi. Mais... et si on y arrivait pas ? Si les Griffeurs revenaient, cette nuit, ou demain dans la journée ? demanda le garçon, inquiet.

- Dès que Thomas est réveillé, on se tire. Juré, craché. Les Griffeurs ne reviendront pas, et si c'était le cas, je ferais tout pour te protéger. 

- Tu penses que j'ai une famille, quelque part ? 

- On a tous une famille. Tu sais, gamin, grâce à toi, je me rappelle de mon petit frère. Je suis sûre que toi aussi, tu as une sœur ou un frère, qui attend avec tes parents que tu reviennes. Je t'accompagnerai les voir, quand on sortira. On les retrouvera tous les deux. 

- C'est drôle. Tu parles comme Thomas, pouffa Chuck. 

- Vos gueules ! cria quelqu'un.

- Va te coucher, Chuckie. On en reparle demain. 

Je l'étreignis quelques secondes et lui offris un sourire rassurant. J'allais le sortir de là. Et Thomas allait m'aider. 

...

- Debout, glandeuse ! 

Un main s'abattit sur ma joue et je réveillai en sursaut. Le visage de Gally, qui avait toujours le nez enflé et bleu, se tenait au-dessus de moi.

- Je rêve ou tu viens de me gifler ? commençai-je, tentant de retenir mes pulsions meurtrières. 

- Règle numéro 1 : Tout le monde fait son boulot ! Tu bouge ton cul et tu vas dans le Labyrinthe. Et fais-moi plaisir, si tu rencontres un Griffeur, demande-lui de te bouffer pour moi. 

- Très drôle, guignol ! 

- Parle-moi autrement ! C'est moi le chef, maintenant ! ragea-t-il.

- Depuis quand ? 

- Depuis aujourd'hui ! Alors soit tu m'obéis, soit je te donne en pâture aux Griffeurs ! 

- Sale pourri, marmonnai-je. 

Je me levai tout de même et lui balançai mon genou dans les parties.

- C'est fragile, la joue d'une fille ! Taré, va ! En parlant de fille, elle est où Teresa ? 

- Dans la Fosse avec la Tâche ! Maintenant dehors, ou je te jure que tu vas le regretter, pauvre conne. 

Je sortis et courus vers Minho pour me dégourdir les jambes. 

- En forme, Leena ? 

- Pète le feu. Je viens de me faire réveiller par un tocard qui se prend pour le plus fort, crachai-je. Il est quelle heure ? 

- En temps normal, les portes s'ouvriraient dans deux heures. Et comme elles s'ouvraient à six heures, il est...

- Quatre heures du matin ! Mais il est fou, le Gally ! 

- Un peu ouais... Raconte-moi, avec Newt.

Je sentis mes joues chauffer. 

- Rien de spécial...

- Tu ne fais même pas confiance à ton frère ? s'exclama-t-il, faussement indigné. 

- Ben... hésitai-je pour le taquiner. Bon, si. 

- Vous êtes ensemble ? 

- On peut dire ça comme ça... 

Tuez-moi ! Gally ! Ramène ton cul et sauve-moi ! Ce ne fut pas Gally, mais Newt qui arriva, encore ensommeillé.

- Ça vous dérangerai de laisser les autres dormir ? marmonna-t-il.

- Dis ça à Gally ! pestai-je. Il vient de me réveiller en me giflant. 

Newt bailla et Minho lui sauta dessus.

- Newt... Alors ? Il s'est passé quoi, hier ? Lee n'a rien voulu me dire ! Elle est cruelle ! 

- Eh bien... On s'est embrassés. 

- Et ? insista Minho.

- C'est tout, le coupai-je. Allons voir si cette Tâche suicidaire est réveillée. 

- Attendez-moi ! cria Chuck dans notre dos. 

- Mais fermez-la, bande de tocards ! cria Gally depuis l'intérieur de la ferme. 

Nous nous dirigeâmes vers la Fosse, impatient de voir si le tocard psychopathe pouvait nous apprendre quelque chose de nouveau concernant la sortie. Mais lorsque nous arrivâmes, il dormait toujours, la tête sur les genoux de Teresa, appuyés contre le mur d'en face, somnolant elle aussi. 

- Raté... chuchotai-je pour ne pas les réveiller. Tant pis, on reviendra. 

- Attends, attends, Teresa se réveille, me retint Chuckie. 

En effet, la fille s'étirai doucement pour ne pas tirer de son "sommeil" Thomas. Je ne savais pas bien s'il arriverait vraiment à dormir. 

- Bien dormi, la Belle aux bois dormant ? demandai-je. 

- Bof... Il n'a fait que parler dans son sommeil. Il disait "WICKED est bon".

Je sursautai. C'était à peu près la phrase que j'entendais en boucle dans mes rêves. Soudain, tout s'assembla dans ma tête. WCKD signifiait WICKED, une association sûrement, dont Thomas faisait partie, ainsi que la fameuse Théa, qui n'était autre que Teresa ! Tout prenait sens ! Ils venaient de WICKED ! Au moment où je parvenais à cette conclusion, Thomas remua doucement. Il ouvrit doucement les yeux. 

- Eh, murmura Teresa. Comment tu vas ? 

- non mais franchement, à quoi tu pensais en faisant ça ? le rabrouai-je.

Teresa se tourna vers moi et m'observa d'un air "vas-y quand même doucement". Thomas se releva et regarda autour de lui.

- On est prisonniers ? demanda-t-il.

- Gally a pris le pouvoir. Hier soir, il nous a laissé le choix : soit on rejoint sa troupe, soit on est bannis avec toi à la tombée de la nuit, expliqua Newt. 

- Les Blocards n'ont rien dit ? 

- Gally a réussi à les convaincre que tu étais la cause de cette boucherie, lui dit Teresa.

J'avais l'impression d'avoir manqué un épisode. 

- C'était quand tu te planquais dans la forêt, me chuchota Newt.

Je hochai la tête. Ça expliquait le comportement de Gally ce matin. 

- Oui, il a pas complètement tort, murmura doucement Thomas. 

J'en étais sûre. Il ne restait plus qu'à vérifier mes intuitions. 

- Attends, de quoi tu parles ? interrogea Minho, perdu.

- Le Labyrinthe. C'est pas du tout ce que vous croyez. 

Allons bon... C'était encore autre chose... Je commençais à me demander si nous pouvions réellement sortir de ce cauchemar.


Le Labyrinthe, mon cauchemar [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant