Le Labyrinthe, mon cauchemar [EN PAUSE]

4

Le cri de Ben me tira de mon sommeil brutalement. Une sueur froide me parcourut le dos.

- Newt... murmurai-je.

Je me traînai jusqu'à son hamac, tremblante. Il ne dormait pas non plus.

- Tu as entendu ? demanda-t-il.

- Je ne pouvais pas passer à côté.

- Ça va ?

- Pas vraiment, avouai-je.

- Viens là.

Il tendit le bras et me serra contre lui. Un hurlement de Griffeur me paralysa.

- Repose en paix, Ben.

Je m'endormis contre le torse de Newt tandis qu'il enroulait son bras autour de moi.

...

Je me réveillai dans les bras de Newt. Il me regardait dormir en souriant.

- Qu'est-ce que tu as à sourire bêtement ?

- Rien, dit-il en riant.

- Bon, je vais aller bosser moi. Tu sais qui vas remplacer Ben ?

- Alby ou moi, je pense.

- Ça fait longtemps que tu n'es plus sorti avec nous, constatai-je.

- Et pour cause ! Allez, on y va.

Il me tira par le bras. On rejoignit Siggy, qui nous donna de quoi manger avant de rejoindre Minho devant les portes du Labyrinthe. Elles s'ouvrirent et sans nous concerter, nous entrâmes dedans en courant. 

- On se sépare. Leena, toi et Newt vous allez vous charger des secteurs 5 et 2, je m'occupe du 7. 

Nous courûmes vers le secteur 2, en le fouillant de toutes parts. Il devait déjà être la moitié de l'après-midi quand nous revînmes du secteur 5. Rien d'anormal ne s'était produit. Nous rejoignîmes Minho qui arrivait à pleine vitesse vers nous.

- Courez ! 

Un Griffeur le talonnait, aussi effrayant que celui qui m'avait poursuivie la dernière fois. J'attrapai la main de Newt et le tirai à ma suite. 

- Et merde ! jurai-je. 

Notre cavalcade se poursuivit jusque dans le secteur 4. Nous tracions toujours, Newt et moi, Minho derrière nous, quand nous entendîmes un hurlement. Newt se retourna et me lâcha la main brusquement. Il repartit vers Minho, visiblement en difficulté. Au moment où le monstre levait son aiguille, Newt s'interposa et se prit le dard de plein fouet. Le moment sembla passer au ralenti dans ma tête. 

- Newt ! criai-je. 

Minho le tira par le bras.

- Cours Leena ! Ne t'arrête pas ! 

Je mis du temps à réagir, obnubilée par ce qui venait de se passer sous mes yeux. 

- Newt... murmurai-je.

- Tu fous quoi, Leena, bordel ? m'engueula Minho. Cours !

Mais je n'en eu pas besoin. La créature avait fait demi-tour, comme si elle avait jugé qu'elle avait fait son boulot. Minho me rejoignit et posa Newt à terre. 

- Newt, allez, debout ! l'encourageai-je. 

Il ne répondit pas. 

- J'ai fait ce que je devais faire, Leena. 

- Je sais. Mais il ne va pas se transformer comme Ben. Je le sais. Il ne va pas se laisser faire.

- Sois réaliste ! Il n'a aucune chance de guérir ! Il va terminer comme Ben, Sam, George, et tous les autres ! Il est déjà mort. 

Je le giflai. 

- Arrête ! Ne dis pas ça ! criai-je, au bord des larmes. Il n'est pas mort ! Il va s'en sortir ! 

- Ouais, ben on a plutôt intérêt à sortir d'ici avant que les portes ne se referment, sinon, on est morts tous les trois.

Nous le relevâmes et passâmes ses bras sur nos épaules. Difficilement, on se mit à avancer vers le Bloc, le soir tombant lentement. Il avait plu, ce qui rendait notre avancée encore plus difficile. Nos vêtements nous collaient à la peau, nos chaussures glissaient sur le sol trempé, nous avions froid. Soudain, alors que nous atteignions les portes, le vent glacial se leva. Tout le monde était regroupé devant, à nous attendre. Les portes s'ébranlaient, commençaient à se refermer. 

- Allez... murmurai-je entre mes dents pour me redonner du courage. 

- Regardez ! cria Thomas, à l'intérieur du Bloc.

Nous titubions, peinant à porter le corps de Newt.

- Non, attendez, il se passe un truc, dit Alby.

- S'il te plaît Minho, grouille-toi ! cria Chuck. 

- Leena ! Dépêche-toi ! cria Thomas.

Tous les Blocards nous encouragèrent à passer les portes, mais mes jambes me lâchèrent. 

- Leena ! Debout ! gueula Gally.

Minho me releva et tira Newt par le pied. Je l'aidai, mais les portes se refermaient inexorablement sur les visages paniqués de nos camarades.

- Laissez-le ! Vous y arriverez pas ! cria Gally, à bout de nerfs.

- Ils vont se faire prendre ! dit Alby à Thomas.

Tandis que nous tirions le corps inerte de Newt le plus fort possible, poussant des cris de rage pour nous donner un peu plus de forces, tandis que Chuck, Gally, Alby, Zart, Siggy, tous, nous encourageaient de toutes leurs forces, tandis qu'ils criaient à s'en casser la voix, tandis que leurs visages désespérés se gravaient dans notre mémoire, Thomas, le Nouveau, s'élança à travers les portes, sous les regards choqués des Blocards, sans prêter attention aux vaines tentatives d'Alby pour le retenir. Je le regardai, ahurie, tandis qu'il se glissait dans la mince ouverture, signant son arrêt de mort. Il passa de justesse et tomba au sol, essoufflé. Les portes se refermèrent, et tout espoir de revoir mes amis disparut de mon cœur. 

- Excellent, Thomas... souffla Minho, comme en écho à mes pensées. Tu viens de signer ton arrêt de mort.

- Quoi ? demanda-t-il, étonné.

Minho s'assit à côté de moi et passa son bras autour de mes épaules. Thomas se releva et s'accroupit à côté de Newt.

- Qu'est-ce qu'il a ?

- À ton avis ? Encore un Griffeur... dis-je, abattue.

- Il a quoi à la tête ?

- J'ai fait ce que j'avais à faire, soupira Minho.

Un hurlement de Griffeur se fit entendre et je frissonnai en me collant contre Minho, en quête de soutien. Il serra mon épaule en tremblant, avant de me mettre debout.

- Allez, aide-moi à le relever, dit Thomas.

- Il faut partir, le contredit Minho. Le Labyrinthe bouge déjà.

- Eh Minho ! On peut pas laisser Newt ! protestai-je. Minho, je t'en supplie...

Il se retourna, me dévisagea et revint vers nous.

- Merci, murmurai-je en le serrant contre moi. 

- Thomas, tu lui prends un bras, je prends l'autre. Leena, tu ouvres la marche.

J'acquiesçai et me mit à avancer avec peine. Les garçons me suivirent, et nous partîmes dans le Labyrinthe, avec comme seul objectif de survivre le plus longtemps possible, d'échapper aux Griffeurs, de revoir nos camarades. J'observai le visage sans vie de Newt et me convainquis qu'il allait survivre, et que nous aussi. Cette pensée m'aida à trouver le chemin pour échapper à la mort. Nous allions vivre. Nous allions sortir de cet enfer. J'en faisais la promesse.