Découragée, je finis par me rendre à mon endroit secret : le petit pommier dans le verger. Il est dans un coin, un peu à l'écart des autres arbres. J'aime bien m'asseoir contre son tronc et regarder les oiseaux, m'imaginer des histoires, ou tout simplement ne rien faire.
Je me dirige donc vers mon pommier, après avoir cherché vainement un fuyard insolent. Et devinez qui est assis au pied de mon arbre ? Gagné, LE fuyard insolent. Mais en m'approchant, je lui vois un tout autre visage. En fait, je ne vois pas son visage, car celui-ci est enfoui dans ses bras. Il a les genoux remontés contre son torse et il est tout courbé, comme s'il portait tous les malheurs du monde sur son dos. Je m'approche encore et lorsque je me laisse glisser à côté de lui, il relève la tête, semblant remarquer ma présence. Il fronce les sourcils et s'exclame :
« Qu'est-ce que tu fais là ?
- Figure-toi qu'après t'avoir cherché pendant une heure dans tout l'orphelinat, je me suis découragée et suis venue dans mon endroit tranquille, autrement dit, ici.
- Ah... c'est déjà ta cachette secrète ?
- Oui. »
Théo détache son regard du mien et le dirige au loin. Je le trouve bizarre, ce garçon. Je profite de sa méditation pour détailler un peu son visage que je n'ai pas encore eu l'occasion de vraiment voir. Deux beaux yeux verts ressortent sur sa peau pâle, tel deux émeraudes sur un tas de graviers. Le tout est encore accentué par des cheveux noir de jais. Son nez est aquilin, il a de beaux et longs cils et des lèvres... non, là je vais un peu loin. En tout cas, c'est un beau garçon !
Soudain, Théo soupire et se retourne vers moi. Il commence :« Bon, écoute. Cet endroit, je dois l'avouer, il est vraiment cool pour se reposer, se cacher, rêvasser, etc... Donc je te propose quelque-chose : on va devenir colocataires.
- Colocataires ?
- Oui. C'est deux personnes qui se partagent une maison sans avoir de relation particulière l'un avec l'autre.
- Merci, je sais, je ne suis pas idiote ! D'accord, ça me va. À partir de maintenant, nous sommes colocataires ! »
Comme contrat, nous nous tapons dans la main.
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Poussière de fées
Short Story« C'est de la poussière de fée, Louise. Utilise-la lorsque tu en ressentiras le besoin. Si tu es très triste, par exemple. - Comment l'utilise-t-on ? Il y a une formule magique ? - Non, ma chérie. Il suffit d'y croire. Et là, tu sauras tout. » Le de...