Ce qui devait arriver arriva

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Ce matin, c'est avec une boule désagréable en travers de la gorge et une sorte d'étau me serrant la poitrine, que je me lève. J'ai un mauvais pressentiment, vraiment mauvais.
Lorsque j'en parle à Capucine, elle me dit qu'elle ne sent rien. C'est le printemps, la nature est en fleurs, le soleil brille, rien ne peut mal aller. Ou bien ?

C'est avec cette idée en tête que je me rends dans le verger. Et là, c'est le choc...

Des tas de branches jonchaient le sol. Les fleurs au sol étaient arrachées. La sève coulait au pied des arbres. Chaque arbre  avait au moins trois branches coupées.

Je reste quelques minutes pétrifiée par ce spectacle horrifiant. La boule dans ma gorge grandit à m'en étouffer et ma poitrine serrée me fait vraiment mal. Les larmes aux yeux, je suis obligée de papillonner des paupières pour les retenir.

Puis soudain je pense à mon pommier. Je cours vers lui comme si ma vie en dépendait et là, deuxième choc...

L'arbre est le seul du verger qui n'a pas été saccagé. Par contre...
Théo est comme à son habitude assis contre le tronc de l'arbre, le regard au loin, impassible. La seule différence est la hache posée à côté de lui. C'est donc lui...

Je reste une nouvelle fois pétrifiée. J'halète, tant j'étouffe, et je sens mon cœur se briser. Des larmes amères coulent le long de mes joues et je n'ai pas la force de les arrêter. Je m'approche de Théo et je lui demande d'une voix rauque et tremblottante, sans même un bonjour :

« Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- POURQUOI ?!

- Parce que l'histoire se répète. Ce qui devait arriver arriva. Je ne veux pas rester ici.

- Tu ne veux rester nulle part, de toutes façons... mais pourquoi n'as-tu pas simplement demandé à être envoyé dans un autre orphelinat ? Pourquoi as-tu dévasté le verger ?

- Parce que je suis méchant.

- Tu mens ! Tu n'es pas méchant, tu es triste !

- Qu'est-ce que tu en sais, hein ? Tu n'es pas dans ma tête, alors arrête d'essayer de jouer les psys !

- Je sais reconnaître une personne triste. Pourquoi ne t'ouvres-tu pas à moi ? Je voudrais tant t'aider !

- Personne ne peut m'aider. Je suis une âme perdue.

- Tu es une âme à retrouver.

- Laisse donc tomber ! Tu ne peux rien pour moi, alors passe ton chemin et va trouver quelqu'un d'autre à qui infliger ta bonne action du jour. »

Blessée au plus profond de mon cœur, je pars du verger, sanglotante, coupant ainsi à la dispute.
Ce qui devait arriver arriva... quelle excuse bidon !

Poussière de féesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant