MALORY ARMSTRONG
— Sara, calmes-toi, tu vas trop loin-
— À L'AIDE !, crie une voix au loin, coupant Carter dans son élan.
Je regarde les autres d'un air paniqué. En rejouant les deux mots prononcés par la voix, je devine qu'Eileen a un problème. Sans consultation, nous courons à grandes enjambées en direction de l'entre des deux tourtereaux excentriques, même si nous sommes les dernières personnes de qui ils veulent recevoir de l'aide. Arrivées au seuil des grandes portes de verre du Macy's, nous scrutons les alentours à leur recherche, mais en vain. Courageuse, Sara s'avance en direction de l'endroit où nous avons eu notre dernière altercation avec Eileen et regarde en ne prononçant mot. Un mur nous cache l'endroit où son regard est fixé, alors c'est quand elle apporte une main à sa bouche en poussant un petit cri de terreur que nous accourons à la même hauteur qu'elle.
Eileen est étendue sur le sol dans une mare de sang et son visage de porcelaine est tâché de quelques goûtes rougeâtres. Ses paupières sont closes, à mon grand soulagement ; la culpabilité monterait en moi à l'idée de croiser ne serait-ce qu'une autre fois ses iris bleutés remplis de mystère et de colère. Aiden, quand à lui, a une main sur son bandage au milieu de sa poitrine et est couché sur le ventre aux côtés de sa douce. Son chandail est imbibé d'une matière rouge et sa tête est tournée en direction d'Eileen. Mais ce qui est le plus poignant dans cette image qui se dresse devant moi, c'est que les deux se tiennent la main. Ils sont les Roméo et Juliette modernes. Aiden et Eileen.
Un silence froid résonne entre les murs en état précaire du magasin de grande surface, mais est aussitôt cassé par nos respirations haletantes.
— Pensez-vous que..., commence Alison mais s'interrompt quand elle pose une seconde fois son regard sur les défunts.
— Ont-ils recouru au suicide ?, complète Carter.
Je me mord la lèvre en pensant sérieusement à la situation. Mes pensées sont un peu brouillées, et les évènements horribles qui s'enchaînent à une vitesse fulgurante n'aide en rien.
— Eileen n'aurait pas appeler à l'aide s'ils se seraient suicidés., apportais-je. Mais ce pourrait être Aiden qui aurait voulu passer à l'acte et qu'elle n'aurait pas voulu, alors il l'aurait tuée avec lui...
Sara soupire d'exaspération.
— Et puis ? En quoi toutes ces suppositions vont nous avancer à trouver un moyen de sortir d'ici ?
Personne n'a émit un commentaire — ou n'en trouvait pas la nécessité. Nous sortons du grand espace et nous retrouvons encore au milieu des immenses bâtiments décrépis de Fearville, bredouilles. Ali continue à s'entretenir avec Carter sur la raison de la mort d'Eileen et d'Aiden et Sara observe le ciel grisâtre d'un air pensif.
Des cernes ornent les yeux des trois filles, et sûrement des miens aussi. Le maquillage de Sara et d'Alison a quelque peu coulé sous leurs yeux et de même pour l'eye-liner de Carter. Je me demande ce que fait mon entourage en ce moment. Sont-ils à ma recherche ? J'ai toujours porté un faible intérêt quand le bulletin dédié aux enfants disparus récemment s'affichaient à la télévision ; non pas parce que je suis une sans-cœur, mais bien que ce sujet à tordre le cœur ne faisait qu'agrandir le désespoir qui m'assaillait au retour de l'école. Je m'étais jamais demandée : « Et si ce serait moi qui apparaîtrait à l'écran ? ». Car je savais au plus profond de moi-même que je ferais tout pour que cela n'arrive pas. Mais je me suis trompée sur toute la ligne. Das Leben ist verdreht.
— Qu'est-ce que vous faisiez, vous, avant d'arriver chez Calum Ackard ?, dis-je, avec un mini sourire. Peut-être que ces informations pourraient nous être utiles.
Les filles dirigent leur attention vers moi puis Sara déglutit avec achoppement.
CARTER SCOTT
— J'ai harcelé un professeur, je me suis presque fait écraser par ma belle-mère que je déteste, j'ai couché avec mon ami Toby, j'ai visité une maison abandonnée avec mes supposés " amis " puis je me suis rendue chez les Ackard., raconte rapidement Sara, franche.
Je fronce les sourcils.
— Supposés amis ?
— Paige Peterson, Olivia Price, Niklaus McConaughey, Louis Tomlinson... Vous voyez le genre., répond-t'elle en roulant les yeux.
Je crispe mes lèvres face à sa franchise. Je sens aussitôt le rouge me monter aux joues face aux deux derniers noms qu'elle a nommés ; j'ai toujours eu un faible pour Niklaus et pour Louis, alors le fait qu'elle les trouve banals me frustre.
— Pour ma part, je me suis préparée avec Daniela puis me suit promenée en ville avec Liam. Et j'ai gentiment reçu un coup de poing de ton Toby chéri, Sara., lance Alison.
La rousse a poussé sa crinière de feu derrière son épaule d'un air supérieur et a lancé un regard de braise à la joueuse de tennis.
— Ton épaule te fait pas trop mal, Alichou ?, lâche-t'elle d'un ton enfantin.
— Je n'ai aucunement mal, si cela peut te rassurer.
Je lance un rapide regard à Malory puis me prête au jeu à mon tour.
— J'ai découvert que mes deux meilleurs amis sont des connards et que ma belle-mère qui a au moins dix ans de moins que mon père est enceinte., commençais-je.
Le visage de Declan me revient en mémoire.
— Oh et en ce moment, je suis en fugue car ma belle-mère ne voulait pas me laisser aller au party de Calum.
J'ignore les rires des trois filles et regarde autour de moi. Pourquoi ai-je dit cela ? La honte. Un moment de silence s'installe, Alison, Sara et moi attendant que Malory raconte sa soirée.
— Hum... Et toi, Malory ?, la questionne Sara.
Les yeux de la jeune fille timide s'humidifient comme elle regarde droit devant elle.
— J'ai découvert qu'Evie et Matt m'utilisaient comme ils m'ont forcée à aller dans un verwünscht de bar., s'exclame-t'elle, la colère faisant briller ses prunelles brunes.
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Chapitre dédié à CrazyWildUnicorn 🌹
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the heartbreakers club✓
FanfictionAprès une soirée de festivités étudiantes bien arrosées, quatre adolescentes vont être plongées dans un univers complètement imperméable aux fins heureuses : l'univers de leurs cauchemars les plus obscurs. Bien qu'elles ne se connaissent toutes poin...