the heartbreakers club✓

[05] Stranger's Room

ALISON BURGANOV

C'est comme si des mois de colère et de douleur prennent soudainement possession de mon corps et je sens mon cœur accélérer comme les coureurs sur les derniers mètres de leur course aux Jeux Olympiques. C'est comme si des roches soutenaient mes paupières pour que celles-ci restent closes et le froid parvient à me frigorifier jusqu'aux os. J'ai l'impression que j'exagère, mais je reviens sur ce jugement alors que j'amène ma main droite à mon bras gauche, qui ressemble bien à la sensation que j'ai quand je frôle la surface d'un glaçon. Après plusieurs tentatives, je réussis finalement à voir ce qui se présente devant moi, c'est-à-dire l'obscurité semi-totale.

Je suis étalée sur le sol humide d'une pièce mesurant plus ou moins six par cinq mètres, étouffée par la chaleur et le calme qui règne. Je met une main dans mes cheveux mouillés en remarquant les silhouettes de trois autres filles, d'à peu près mon âge, aux prises à être dans la même position que moi il y a à peine quelques secondes, c'est-à-dire couchée sur le plancher. Je cligne à quelques reprises des yeux, voyant danser la scène devant moi ; rien de mieux que des illusions rajoutées à l'horreur qui s'accapare du lieu de plus en plus. Je scrute de plus près mes trois colocataires et découvre qu'une a les cheveux roux, une autre les cheveux brun foncé tandis que la dernière les a colorés de châtain.

Elles commencent à se réveiller du même processus que j'ai opté et je peux apercevoir chacun de leur visage. Je parviens à distinguer Sara Walsh comme celle à la crinière rousse, Malory Armstrong comme celle aux cheveux châtains et Carter Scott comme celle aux précieux couleur chocolat. Je tourne vivement la tête pour regarder la pièce de tout les angles possibles, mais je tire une seule question hante mon esprit : mais comment suis-je arrivée ici, putain ? J'essaie de me souvenir des récents événements avec toute l'énergie que je parviens à rassembler mais un ardent mal de tête s'acharne à me faire chier.

Je passe pour la centième fois ma main tremblante dans ma touffe blonde en haletant. Étant donné le temps chaud, je m'étais décidée à me dénuder un peu plus, il y a quelques heures ; mais maintenant, je commence vraiment à croire que l'hiver qui fait souffrir les pays du nord s'est transporté dans cette pièce momentanément. Une seconde, je meurs de chaud, l'autre, je grelotte comme jamais. C'est insensé. J'agrippe du mieux que je peux la surface de béton du mur pour me redresser, tout comme les autres filles.

Sara m'observe d'un air étrange ; peut-être est-ce à cause de l'altercation entre Liam et Toby. Malory semble vouloir se teindre en la couleur des murs, debout dans son coin, faisant de son mieux pour jeter aucun regard vers nous. Carter, quand à elle, replace sa crinière chocolat, et observe silencieusement la scène. Dans quoi suis-je encore prise ?

— Que faisons-nous dans cet endroit décrépit ? Je ne me rappelle pas d'être entrée ici hier., avoue Carter, en jouant avec les lacets noués de sa veste.

— Tu penses que si nous le saurions, nous resterions jonchées sur le sol comme des limaces ? Fais-en raison, putain., répond sèchement Sara.

Un malaise remplit la minuscule pièce et je mord la lèvre. Sara et Carter se font la conversation pour encore quelques secondes et je les regarde, essayant de replacer les morceaux du puzzle dans ma tête. La rousse s'éloigne de son interlocutrice et croise ses bras en scrutant de tous les sens possibles les quatre murs qui nous enveloppent.

— Comment sortons-nous d'ici ? Il n'y a pas de porte ; si nous avons de la chance, nous allons mourir dans cet endroit crasseux et les rats viendront manger nos carcasses, comme si de rien n'était...

— Ne soit pas trop drama queen, s'il y a un moyen pour entrer, il y en a un pour sortir., lui répondais-je, en levant les yeux au ciel.

— C'est effectif, nous allons creuser dans le sol afin d'atterrir dans un lieu où des zombies vont venir nous tuer ; ce n'est pas si différent des rats, alors je peux m'y faire.