the heartbreakers club✓

[04] Smells Like Teen Spirit

MALORY ARMSTRONG

Je sursaute comme Ezra agrippe mon poignet et m'entraîne à la course à quelques mètres de notre endroit initial, où se trouve Wyatt, Evie, Matt et les autres. J'expire quand il me lâche, laissant quelques marques rougeâtres à peine visibles sur ma peau qui adopte un teint pâle. La basanée regarde frénétiquement autour d'elle comme son copain attire sa tête contre son torse, ce qui me provoque un petit pincement au cœur ; voir d'autres gens amoureux autour de moi me font sentir nostalgique. J'aimerais tant que Cameron soit à mes côtés, mais je suis prise je-ne-sais-où avec des adolescents irresponsables et grossiers au centre-ville, à environ dix minutes de chez Calum Ackard.

— Que... Que se passe-t'il ?, dis-je d'une petite voix à l'intention d'Ezra ; j'ai quand même pensé qu'il allait m'enlever et me violer, je dois bien avoir des explications de sa part. Pour-

La sonnerie du téléphone d'Evie, le refrain de « Final Song » de MØ s'entame, me coupant la parole. Mon amie s'excuse brièvement et consulte du bout des doigts son BlackBerry, comme la petite mélopée se continue. Elle fronce les sourcils, puis lève les yeux vers moi, me montrant l'écran du combiné. Il est marqué en grosses lettres « Maia List » et la réalité me frappe à coup de fouet. Ma mère appelle ma meilleure amie car mon téléphone est fermé, et elle doit sûrement se faire un sang d'encre...

— Répond, Malory ! Et veux-tu me dire comment ta mère a déniché mon numéro de portable ?, s'exclame Evie comme je lui arrache sèchement son précieux et m'éloigne de l'attroupement que nous formons pour ne pas que les amis de Wyatt remarque le rouge qui me monte aux joues et la sueur qui doit sûrement couler à flot sur mon front.

Je presse la touche verte qui apparaissait depuis quelques secondes sur l'écran et colle le portable contre mon oreille, serrant les dents à la pensée du discours que ma mère va probablement me livrer.

— Maman ?

— Malory, demande à Evie ou alors à Matt de te conduire au poste de police au plus vite. S'il vous plaît, ne traîne pas cette fois-ci, c'est important., ordonne ma génitrice, la voix qui se brise au fil de sa phrase, signe qu'elle est sur le point de craquer.

— As-tu un problème ? Est-ce qu'il ont trouvé qui a tué papa ?

La connexion se coupe ; ou ma mère m'a peut-être raccrocher au nez, tout simplement. Je me rue vers la bande qui s'éloigne de plus en plus du Area 51, comme si quelque chose de traumatisant venait de se dérouler. L'aiguille de ma montre représentant les secondes a le temps de faire un tour complet avant que je puisse finir de rassembler les bons mots pour expliquer aux autres que j'ai besoin de leur aide. Comme je termine enfin ma demande, marchant vers les autres, mon ami Matt s'avance vers moi, faisant tourner son trousseau de clés autour de son annulaire.

J'esquisse un petit sourire et me rue vers sa Chevrolet Cruze noire, sentant mon pouls accélérer à chaque microseconde. Ma mère n'a jamais eu de soucis avec les autorités — du moins, à ce que je sache. Je feins quelques frissons à l'idée de peut-être pouvoir me tenir devant le psychopathe ayant tué mon père, dix années auparavant, à mon arrivée au commissariat. Je déglutis encore une fois en dirigeant mes iris brun chocolat en direction de Matt, étant nullement à l'aise avec la situation.

— Où veux-tu que je te mène ? J'espère que tu n'as pas décidé de partir à cause d'Ezra ; disons que c'était sa manière de t'annoncer que les policiers allaient orchestrer à une descente., raconte le brun en regardant de gauche à droite, opérant de sortir du stationnement bondé du Area 51.

— Non, l'agissement d'Ezra n'a rien à voir. J'aimerais que tu me conduises au commissariat, s'il te plaît. Le plus vite possible.

— Es-tu sérieuse ? Mais pourquoi ?, s'étonne-t'il en devenant de plus en plus livide.