the heartbreakers club✓

[07] Still Falling For You

ALISON BURGANOV

Bon. Faire demi-tour afin de retrouver les troubles-fêtes qui nous ont chopé notre nourriture n'est pas la solution que je cherchais, mais à voir l'air décidé qui accapare les visages des autres filles, je n'ai pas vraiment le choix. Nous faisons un détour par la cuisine afin de prendre les minces surplus d'aliments secs et nous séparons le tout en quatre. Quel festin ; un sachet de croustilles sel et vinaigre accompagné de noix à saveur barbecue. Je remarque que Sara est à l'autre bout complètement de la cuisine, de dos, et observe un point quelconque d'un air sidéré. Je questionne Carter et Malory du regard puis m'avance lentement en croquant bruyamment une noix.

Nous nous positionnons à ses côtés et regardons en sa direction. La rousse est inclinée puis ouvre la fermeture éclair du grand corps noir qui abrite une masse que nous découvrirons sous peu. Une odeur répugnante parvient à mes narines, et je pince mon nez en faisant une grimace de dégoût. J'essaie de respirer du bon air comme Sara remonte la fermeture éclair. Je me tourne vers Malory et Carter, qui restent stoïques, mais au fil des secondes, leur visage se décompose pour former une moue d'horreur.

— Ali, tournes-toi et restes calme., fait Malory, le visage devenant blême.

Je fais demi-tour sur la pointe des pieds et tombe nez-à-nez avec un corps inerte, avec Sara qui tient toujours la fermeture éclair, confuse. Je regarde dans la même direction que les filles et parvient à décrypter le visage du défunt. Ses cheveux châtains semblent humides et sont ébouriffés. Ses paupières sont closes, mais je peux m'imaginer la pointe de désespoir qui aurait hanté ses iris si elles avaient été ouvertes. Ses traits bien définis et ses joues quelques peu creuses encadrent un visage autrefois joyeux et plein de vie. Ses lèvres, ô ses magnifiques lèvres, sont blanches. J'observe son torse, qui ne se lève pas comme il devrait le faire ; il ne respire donc plus.

Liam est mort.

Je sens tout le poids du monde tomber sur mes épaules. Mon cœur rate quelques battements, et mes pensées s'affolent. De plus en plus, les environs se brouillent, mais je me somme de restée éveillée. Est-il réellement mort ? Ou alors c'est qu'un fucking rêve ? Tant de questions, mais aucune réponse. Ma confusion est si profonde que j'oublie les autres autour ; cela ne pouvait arriver. Dans les films et dans les rêves, oui. Mais dans l'univers apocalyptique et complètement irréel qu'est Fearville ? Non.

— Je..., je marque une pause, cherchant mes mots. Ce n'est pas réel. Quelqu'un fait cela pour nous pourrir la conscience.

J'ai haussé le ton malgré moi, car les filles me regardent d'un air apeuré. La vérité, c'est que je ne sais plus quoi penser. J'envoie balader tout les chaudrons présents sur le comptoir à ma droite qui se fracassent sur le sol de marbre en une mélopée terrifiante, en duo avec les cris des filles et les miens.

— LIAM N'EST PAS MORT ! Vous le savez, putain ! Jamais il aurait laissé des gens le tuer !, elles me optent pour un air désolé, ce qui me provoque un élan de colère. Je sens les larmes picoter mes yeux et de l'étourdissement qui me fait passer par toute une gamme d'émotions. Et puis, pourquoi devrais-je essayer avec toute mon énergie de vous le faire comprendre ?, j'essuie du revers de la main mon nez en reniflant. Après tout, je ne vous connais même pas. Vous vous foutez de moi. Je n'ai qu'à "supposément" mourir avec Liam, comme cela, la drama queen ne vous fera plus de tort !

J'empoigne un couteau et un frisson parcoure mes avant-bras. Je me fiche de ma phobie du sang, je me fiche de ses Barbie qui croit tout savoir, je me fiche de la nourriture volée, je me fiche des filles parfaites allant à Charleston, je me fiche des beaux gars de Dobson's Review, je me fiche de Daniela qui finira sûrement par me remplacer, je me fiche de ma famille qui m'accorde aucun temps, je me fiche de mourir. La seule chose dont je ne me fiche pas est Liam. Mais maintenant, il est mort. J'aime mieux me rentrer un couteau en pleine poitrine que de perdre la seule personne avec qui je peux respirer sans avoir peur que l'on me juge.