[15] Finally Out Of Breath

12 3 7
                                    

ALISON BURGANOV

L'adrénaline est présente, mais pas pour les bonnes raisons. En fait, je ne sais pas quoi faire. Mes mains tremblotantes, mes cheveux gras et ternes, les poches violacées en-dessous de mes yeux bleutés fatigués. J'aimerais dire que je suis restée confiante jusqu'à la fin. Mais je n'aime pas mentir.

— Eurk !, crache Carter en enfournant son doigt sur le bout de ses lèvres. Ce n'est pas du sang, mais c'est infecte.

Comme Malory et moi soupirons de soulagement, Sara ricane dans son coin, fixant les vagues sombres qui rendent leur uniforme une fois en contact avec le sable doré, afin de se transformer en mousse blanche.

— C'est tout le temps le même putain de scénario. Nous pensons découvrir quelque chose d'intéressant alors que ce n'est que des foutaises. Comme si la même chose arrivait à répétions.

Je roule les yeux.

— Quoi ?, riposte celle à la crinière de feu avec une expression faciale froide ; comme si son « quoi » s'était dit en un soupir.

— Je ne sais pas..., j'essaie de replacer mes idées, mais mon cerveau semble être en ébullition. À la place de se quereller, nous pourrions... Faire connaissance ?

La réaction des trois filles est la même pour chacune : les sourcils élevés, la bouche ouverte en un rond, l'agacement lacé à la surprise.

— Faire connaissance ? Pas de problèmes, accepte Carter comme elle prend les devants en nous conduisant vers les escaliers. Alors, que faisiez-vous avant de vous rendre chez Calum et Daniela ?

Je fronce les sourcils mais essaie de cacher mon désespoir ; ce n'est pas les formules de rencontre de base, mais c'est un début. C'est mieux que les faibles soupirs de Malory, les insultes de Sara et les réponses à ces dernières de Carter. Le bois des escaliers craque sous notre poids, cassant le court silence qui s'est installé après les paroles de la brunette. Nous sortons dehors, et je claque la porte, soulagée de sortir de ce lieu que je connais aussi bien qui abrite probablement d'innombrables secrets.

— Nous en avions pas déjà parlé ?, demande Malory en replaçant ses cheveux fouettés par la légère brise.

Les yeux bruns de Carter semblent loger des flammèches comme elle nous regarde tour à tour, comme si elle essayait de nous faire flancher et révéler notre plus grande secret.

— Je ne pense pas, mais dans tout les cas, nous devons en reparler, dit-elle d'un ton sec. La vérité et seulement la vérité, cette fois.

Sara traverse la rue en pas de course puis se rend au seuil d'un dépanneur Seven Eleven ; plusieurs routes et ponts le juxtapose, ainsi que de nombreux commerces et complexes hôteliers et sportifs. Hallandale Beach peut bien être une petite ville, elle est pourtant très modernisée et très populaire auprès des touristes.

Nous suivons la joueuse de soccer puis poussons la lourde porte décorée d'affichettes de chiens disparus et de numéros déchirés pour les services d'un studio de yoga. Les rangées béantes de gens me font un petit hic, mais je commence à m'habituer ; à être seule, avec pour compagnie les mêmes trois filles à chaque jour. Mais je ne prend pas mes aises pour autant ; vivement le jour où je partirai de ce trou à rat.

Sara nous conduit au rayon alcool — une panoplie assez minime de boissons alcoolisées bon marché, qui sont très honorées lors des festivités étudiantes — et reste songeuse devant le fabuleux choix de trois marques de vodka. Elle agrippe la bouteille la plus volumineuse et se rend à la caisse, où le siège de Cassidy, l'habituelle caissière, est vide. Je n'imagine pas la réaction de la sexagénaire si elle apercevait du vol dans son commerce — depuis la mort de son mari et de son unique enfant, ce Seven Eleven est tristement devenu sa raison de vivre. À force de voir les développements concernant l'histoire, les élèves la caractérise autant comme un tyran que comme une très gentille et généreuse vieille femme. Ouais.

the heartbreakers club✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant