What's going on ?

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Pourquoi ne puis-je pas être comme la plupart des filles de mon âge, accro à l'alcool dans les soirées ? Bon sang, je n'ai même pas le privilège de pouvoir m'anesthésier le cerveau. Physiquement, c'est encore pire. Je ressens plus que de raison le moindre contact de ce gars. Il me tripote et me malaxe comme s'il allait faire de moi, je ne sais pas... une pâte à tarte ou de la guimauve !  Encore une chance, il embrasse plutôt bien. Bon, il me faut laisser de côté son haleine chargée en bière, et tout ce que je peux facilement interpréter dans la rigueur qu'il met à me rouler des patins. Mais il peut rêver. Je ne coucherai pas avec lui. D'ailleurs on y est. Il me soule.

Je repousse gentiment, mais avec force, le gars dont je ne sais même pas le prénom.

— Allez, c'est bon. Merci, mais tu me lâches, maintenant. J'me casse.

Chouette ! Il obtempère sans broncher. 

Wow ! Maintenant qu'on s'est décollés l'un de l'autre, je me rends compte qu'il est sérieusement éméché. Il a le regard aussi expressif qu'un bison qui vient de naitre. Mais il est mignon. C'est un mignon bébé bison.

— Salut, lui dis-je tout de même avec un gentil sourire, avant de tourner les talons en direction de la sortie.

Sauf que bébé bison n'est pas si imbibé que ça et me choppe avec poigne par un bras.

— Whoo ! Pourquoi tu pars ? Reste, on s'amusait bien ! On peut aller dans les chiottes si tu veux, articule-t-il avec la rapidité d'élocution d'un bon ivrogne.

— Ecoute, Tatonka, t'es mignon, mais on va en rester là. Ok ?

— C'est moi que t'appelles Tatonka ? T'as raison. Viens par là que je te charge.

Pétard ! Le voilà qui se recolle à moi et me tripote à nouveau. Grâce à lui, j'étais parvenue à calmer ma colère, mais là, je la sens revenir en moi comme la lave en fusion. Finalement, je vais l'avoir la baston que j'étais venue chercher ! Je ferme les yeux, détends mon corps - à la recherche de la concentration nécessaire au combat, laissant alors ce dernier accessible aux mains baladeuses de mon futur punching-ball. Quand je me sens fin prête, je serre les poings, les lève  et...

Sauf que, en une seconde à peine, mon déversoir à humeurs est arraché au poing que j'avais prévu d'abattre sur lui. Un autre gars s'est interposé et m'a volé mon jouet. Dos à moi, il lui assène la raclée qui devait être mienne.

— Hé ! Je ne t'ai rien demandé, mec ! Putain, c'était mon bébé bison, ma raclée ! Pour qui tu te...

Oh mon dieu ! Pas ça. Pas lui. Le gars se tourne vers moi, et je découvre avec horreur l'homme dont je n'avais « plus rien à craindre ». Tony Vasco, ce connard d'Italien, se tient devant moi, son habituel sourire sardonique sur le visage et son éternel cigarillo au bec. Plus il s'approche de moi, de son pas lent et assuré, plus je sens monter en moi la peur et le dégoût. 

 

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Goran ( Sous contrat d'édition chez Black Ink Editions)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant