24.Mauvaise blague

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 -Tout le monde va bien ?

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-Tout le monde va bien ?

Dean détailla la scène du regard. Stiles était là, assis par terre, Castiel debout en face de lui. Parrish s'était appuyé contre sa voiture de patrouille, dont les deux pneus avant étaient crevés. Et tout autour d'eux, un amoncellement de cadavres encombrait la route. Un bâton de base-ball traînait parmi les dépouilles, autre vestige du combat qui venait tout juste d'avoir lieu.

-Vous en avez mis, du temps, gémit Jordan en se tenant les côtes.

Il souffrait, c'était évident. Son revolver n'était plus dans son étui, il avait dû le perdre durant l'affrontement. Stiles, quant à lui, ne semblait pas ressentir la douleur. Il était encore plus mal en point que lorsque les Winchester avaient quitté la ville quelques jours plus tôt, et pourtant il fixait les deux frères comme s'il ne venait pas tout juste de passer à deux doigts de mourir.

Les chasseurs s'approchèrent des trois survivants, et Dean alla immédiatement serrer l'épaule de Castiel dans une étreinte amicale.

-Beau travail, Cas.

L'ange allait répliquer, mais avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, Stiles le devança.

-Quoi, alors vous connaissez ce gars ? s'insurgea l'adolescent en se relevant. Ça fait deux jours que votre copain me suit comme un putain de psychopathe, merde !

-J'ai essayé de ne pas me faire voir comme tu me l'avais demandé, Dean, s'excusa Castiel. Mais il paraissait sentir ma présence même si j'étais invisible.

-Alors c'est vous qui l'avez envoyé ? s'exclama le jeune Stilinski en pointant les Winchester du doigt. J'ai pas pu fermer l'œil de la nuit à cause de vous, j'étais sûr que ce type attendait seulement que je m'endorme pour venir me tuer !

-Au moins tu pourras dormir cette nuit, maugréa Dean, qui leva le ton à son tour. Ça n'aurait pas été le cas si on n'avait pas envoyé Cas te protéger parce que tu serais déjà mort à l'heure qu'il est ! Mais ça va, pas la peine de nous remercier !

Stiles parut se calmer en écoutant l'aîné Winchester le remettre à sa place. Il baissa la tête, presque honteusement, et fixa nerveusement ses chaussures.

-Je me suis...Je me suis emporté, concéda-t-il finalement. Je suis un peu sur les nerfs, en ce moment. Faut croire que ça épuise de ne jamais savoir si on est en train de vivre nos derniers instants sur Terre.

Sam s'approcha lentement de son frère cadet, comme s'il craignait de l'effrayer, puis passa timidement un bras autour de ses épaules.

-On sait ce que sait, crois-moi. Le monde entier veut notre mort depuis des années. Même la mort veut nous tuer, pour tout te dire !

***

L'atmosphère était étonnement détendue dans l'habitacle de l'Impala. Sam et Dean avaient dû insister pour que Stiles et Parrish acceptent qu'on les conduise à l'hôpital. Ces derniers se serraient donc maintenant sur la banquette arrière de la voiture, tous deux assis entre Castiel.

-T'es quoi, toi, exactement ? demanda Stiles à l'intention de l'envoyé céleste.

Même si sa question pouvait paraître on ne peut plus directe, le ton qu'employa le garçon était calme et posé. Plus aucune once de colère ne faisait vibrer sa voix. Tout ce que l'on pouvait discerner était...une vive curiosité.

-Je suis un ange du Seigneur, répondit tout bonnement Castiel, comme si c'était évident.

Dean, curieux, jeta un coup d'œil dans le rétroviseur pour intercepter la réaction du jeune Stilinski. Étrangement, le garçon parut à peine surpris par cette découverte, pourtant particulièrement choquante. Il se contenta de hocher la tête, comme si ce que venait de lui annoncer Castiel n'avait rien eu de surprenant.

-Et ces mecs que t'as tué...

-Des démons, conclut simplement l'ange.

Cette fois, la réaction de l'adolescent fut tout autre. Il blêmit considérablement et ses mains commencèrent à trembler, mais pas un seul mot ne sortit de sa bouche. Il détourna le regard, le fixa sur le paysage qui défilait à toute allure à l'extérieur de la voiture, mais Dean eut juste le temps de percevoir cette lueur de douleur faire briller ses profondes prunelles. Pas une douleur physique, non, mais plutôt un mal causé par un traumatisme qui le hantait continuellement.

-Tout va bien, Stiles ?

Bien sûr qu'il n'allait pas bien. Le chasseur se trouva plus qu'idiot de poser la question. Des traumatismes, il en avait son lot, et chacun d'eux lui retournait l'estomac dès qu'il osait seulement y songer. Il était donc sûrement l'un des mieux placés pour savoir ce que le jeune Stilinski pouvait ressentir à cet instant.

-Pourquoi vous êtes revenus ? s'enquit Stiles en évitant soigneusement de répondre à la question.

L'aîné Winchester fut étonné de ne détecter ni rancune, ni soupçon, ni agressivité dans la voix de Stiles. Il la trouva un peu chancelante, comme si le garçon retenait ses larmes, mais tout de même relativement...amicale. Était-il enfin en train d'accepter l'existence de ses deux frères aînés ?

-On discutera de tout ça plus tard, répondit Sam, qui sourit à son cadet de cette manière empathique que Dean lui enviait, parfois. Quand on se sera occupé de vos blessures.

Parrish baissa les yeux sur ses côtes, qui paraissaient le faire atrocement souffrir, tandis que Stiles se contenta de grimacer.

-J'ai pas besoin d'aller à l'hôpital.

-Tu rigoles, j'espère ! s'étrangla Dean. T'as vu ton visage ? Tu ressembles à Rocky après un combat contre Apollo Creed ! Et après tu te demandes pourquoi on te menotte à ton lit ?

Sam lui jeta un coup d'œil moqueur, qui signifiait clairement un truc du genre: « Tu pourras enfin défouler tes instincts surprotecteurs sur quelqu'un d'autre que moi ! »Enfin, ce fut de cette façon que le chasseur l'interpréta.

Dean n'y pouvait rien. En fait, il ne souhaitait pas changer cette partie de lui non plus. S'il n'avait pas agi ainsi avec Sam, s'il avait laissé leur père l'élever comme lui avait été élevé, s'il n'était pas allé le chercher à Stanford il y avait de cela de nombreuses années, s'il n'avait pas vendu son âme pour pouvoir le revoir sourire avec cette empathie aussi écœurante que bienfaisante, rien n'aurait été pareil. Parce que si Sam n'avait pas été à ses côtés tout au long de sa vie, lui ne serait certainement plus de ce monde depuis très longtemps. Oui, il avait peut-être fait des tas de conneries au nom de son amour pour son frère, mais s'il avait un jour la chance de revenir en arrière, même si cela pouvait paraître incroyablement égoïste, il ne changerait absolument rien.

Pourquoi ? Parce que s'il n'avait pas autant souffert au cours de sa vie, s'il n'avait pas eu à passer à travers toutes ces épreuves qui l'avaient plus d'une fois fait tomber, il ne serait pas là, dans l'habitacle de l'Impala, à observer à travers le rétroviseur son meilleur ami, un ange du seigneur, discuter avec un chien de l'Enfer et son nouveau petit frère.

Sous cet angle, ça ressemblait presque au début d'une mauvaise blague.

***

Ave ! Comment avez-vous trouvé ce chapitre ? Que pensez-vous de la réaction de Stiles en revoyant les Winchester ? Pensez-vous qu'ils pourront nouer des liens, comme le stipule la prophétie ?

Ne vous étonnez pas si je ne poste pas beaucoup dans les prochaines semaines. La période d'examens débute bientôt, alors mon horaire sera assez chargé jusqu'à la mi-juin, environ !

Mille mercis à vous tous,

Joe.

Secret de familleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant